lundi 29 décembre 2008

Barbare blanc

J'ai 10 ans. Toutes les semaines, en français, les élèves choisissent un livre à lire dans la bibliothèque de la classe. Les auteurs classiques commencent déjà à m'emmerder, alors j'opte pour un livre-jeu. Le regard noir de la prof me confirme que ce n'est pas parce que j'ai le droit de le prendre que j'ai le droit de le prendre. Je le prends quand même.

J'ai 12 ans. La psychose anti-jeux de rôle s'installe en France. Il est attendu que nous passions nos week-ends de façon constructive, à effectuer des activités saines et adaptées à notre développement de pré-adolescents, pas à vivre comme des autistes dans un monde fantasmé. Avec des copains, je débute une campagne de Stormbringer.

J'ai 14 ans. Je tapote sur les synthés en démonstration à l'hypermarché du coin pendant la folie de Noël. Un collègue de mon père passe par là et tient à m'expliquer que tout ça ne vaut rien, que ce genre d'instrument est méprisable et que la seule vraie musique n'a pas besoin d'amplification. Je me découvre un intérêt pour la musique électronique.

J'ai 15 ans. La prof de français souhaite nous faire écrire des fiches de lecture. Tous les sujets, tout les genres sont autorisés, à l'interdiction spécifique et formelle de la science-fiction. Par chance, j'ai justement Fondation sous le coude.

J'ai 16 ans. Le prof de physique met un point d'honneur à ne pas préparer ses élèves à utiliser une calculatrice, dans un grand argumentaire qui mélange décadence du calcul mental, jeunesse qui ne sait plus compter et science physique qui ne doit pas reposer sur les nombres. Il se révèle incapable d'imposer la règle à calcul et nous regarde, dépité, taper les résultats exacts à la machine. Je m'en fous et programme un artilleur sur ma Casio.

J'ai 17 ans. Nous papotons entre camarades de classe et la prof nous lâche avec le rictus de mépris de celle qui sait la distinction entre le Bien et le Mal : "alors, encore en train de parler de jeux vidéo ?"

J'ai 20 ans et commet l'erreur de faire des études sans lien évident avec mes envies. Dans ma Grande Ecole, le club étudiant le plus important est le club musique. Il est squatté par des émules de Nirvana qui tentent de jouer Smells Like Teen Spirit à la gratte. Agacé par tant de sérieux, j'écoute des tas de trucs qui ne le sont pas. Le mépris agressif que je reçois me fait prendre conscience que même chez les sous-cultureux, on sait faire la distinction entre le Bien et le Mal.

J'ai 22 ans. Les Japonais sont des fourmis qui tentent d'abrutir le monde occidental avec du sexe et de la violence. Je squatte les lecteurs LD des potes et participe activement à la ruine de mon pays en m'abrutissant d'animation japonaise.

J'ai 23 ans. L'un de ces potes regarde mon cd d'Autechre et cache difficilement son ironie pour ces rythmes décérébrants qui méritent à peine le nom de musique. Je passe sous silence son amour des jeunes voix féminines japonaises histoire de ne pas compromettre notre amitié.

J'ai 28 ans. Je découvre sur Wikipédia des tonnes de gens partageant mes connaissances alternatives. On tente de me faire admettre que la méthode n'est pas la bonne et qu'il ne faut pas mettre tous les sujets sur le même plan. Insensible à ce genre d'argument par la force des choses, je n'écoute pas les fâcheux. Personne ne le fait, d'ailleurs. Ils en ont agacé et en tirent la conclusion étrange qu'ils ont raison et tous les autres tort. J'ai du mal à suivre la logique.

Je suis un barbare. Un barbare très éduqué, qui a lu, vu et entendu ce qu'il faut, mais un barbare néanmoins.  Livré à moi-même, mes centres d'intérêt ne sont furieusement pas classiques. J'ai eu le temps de constater que, quoi qu'il arrive, on exige que je reconnaisse l'infériorité intrinsèque de ce qui m'intéresse. Grâce à Wikipédia, j'ai compris que des types comme moi, le monde en est rempli. Je ne dis rien en dehors de ce projet, mais dessus, voilà ma réponse aux nombreux qui voudraient qu'une fois encore je courbe l'échine : allez voir sur une autre encyclopédie si j'y suis.

Sur Wikipédia, les barbares n'ont pas envahi Rome : ils ont construit eux-mêmes la ville. Parfois, je me promène sur le forum et j'entends un orateur tenter de rallier les foules car les babares seraient amassés aux portes. J'en ris encore.

EDIT : on m'a signalé que mon insulte finale était bien peu classe et, après une nuit de sommeil, je me rends compte qu'elle était bien trop agressive. J'ai donc légèrement changé sa formulation.

vendredi 19 décembre 2008

The Internet is for porn

En Allemagne, le gouvernement met plus de 100 000 images sur Commons. Aux States, on va jusqu'à intégrer Wikipedia dans la publication scientifique.

En en France ?

En France, voilà ce que Frédéric Lefebvre , député des Hauts-de-Seine, disait d'Internet à l'Assemblée Nationale pas plus tard que le 15 décembre
L’absence de régulation financière a provoqué des faillites. L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l’absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d’adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ?
C'est beau. On dirait du poulpe.

jeudi 18 décembre 2008

v(^_^)__V

Ce post est une spéciale dédicace pour Alithia :


Wikipédia, c'est bien.


Voilà. Le seul problème, c'est que je ne saurai jamais ce que ça donnera, vu que je ne lis pas Alithia. v(^_^)__V

Les titres, c'est pas neutre

Comme beaucoup de points sans importance dans la wikisphère, celui-ci a débuté au saloon : TiboF s'y demandait benoîtement pourquoi la ville que tout le monde connaît comme Annay-sous-Lens se faisait appeler Annay (Pas-de-Calais) sur Wikipédia. La réponse : c'est parce que l'administration française fait comme ça. C'est pas con, mais j'avais envie de répondre que Wikipédia n'est pas un organisme de l'État français et que ce n'est pas parce qu'il dit quelque chose qu'on est obligé de le suivre. D'un autre côté, il faut bien donner un titre aux articles, et partir sur un standard commun n'est pas une idée idiote. Je trouve juste que l'explication fournie à ce cher TiboF est légèrement réductrice.

De façon plus large, ce passage met en évidence un problème important de Wikipédia : le titre. Comme tout le monde le sait, Wikipédia repose sur la neutralité eud'point eud'vue. La Népève, ça consiste à citer tous les points de vue pertinent (en gros). Le hic, c'est que ça s'arrête au titre. Et là, c'est boulet : le titre, c'est ce que les gens voient en premier. Et tout le monde sait que nommer une chose, c'est outrageusement important. Donc, arghation.

Je ne veux pas jeter la pierre aux types qui ont pondu le logiciel qui fait tourner la machine : quand ils ont commencé leur machin, ils ne pouvaient pas savoir que les gens se déchireraient pour savoir si Tokyo doit être diacrité ou si le prix Nobel le reste en économie. Bref, si un jour une nouvelle version sort, faudra étendre la n²p²v aux titres.

mardi 16 décembre 2008

Critère mal tourné

Je suis toujours surpris qu'on dise des trucs du genre : « ce machin, on ne s'en souviendra plus dans six mois, ça sert à rien d'en parler sur Wikipédia ».

Dans l'absolu, si quelque chose risque l'oubli, n'est-ce pas le but de Wikipédia d'en garder une trace ?

lundi 15 décembre 2008

Petite réflexion sans prétention sur les experts

Si je résume les commentaires que j'ai reçu à propos ce post, si les articles scientifiques francophones sont aussi nuls, c'est parce que l'anglais est la langue de communication dans ce domaine. Soit. Ça me semble en partie logique, mais en partie seulement : écrire un article encyclopédique, contrairement à ce qu'on entend souvent, ça n'a pas grand chose à voir avec la production d'un papier de recherche. Autrement dit, ce n'est pas parce que les chercheurs du monde entier doivent écrire en anglais pour leur boulot que les articles sur les sujets correspondants seront forcément mieux traités en anglais. En tout cas, pas directement. Certes, il y a un lien, ok. Certes, avoir un expert, c'est mieux pour rédiger un article. Mais supposer que les articles sur des sujets pointus sont rédigés par des chercheurs, des universitaires, bref des diplômés, des types qui savent de quoi ils parlent, d'expérience ça me semble douteux. Mais au final, y'a des chances que ça se vérifient quand même.

Si vous souhaitez faire rédiger un article d'encyclopédie sur un sujet, vous avez plusieurs options :
  • aller chercher un spécialiste pour ça ;
  • donner la possibilité à un spécialiste d'écrire l'article ;
  • autoriser tout le monde à écrire sur le sujet, en espérant que ça donnera quelque chose au final.
Le première méthode, c'est celle d'une encyclopédie classique et elle est évidente. La deuxième, l'approche Citizendium, en est l'adaptation avec les moyens actuels. La troisième, celle de Wikipédia, est la moins intuitive et nécessite d'avoir un gros parc de contributeurs pour produire quelque chose.

Conséquences :
  • Ce qui se développera le mieux, ce sera les articles non académiques. Wikipédia n'est pas l'encyclopédie des Pokémons pour rien.
  • Sur les sujets pointus, des tas de gens qui n'y connaissent rien vont écrire n'importe quoi avec applomb et ça découragera les types qui savent vraiment de quoi ils parlent (qui n'ont pas la possibilité de le prouver, vu la structure de Wikipédia).
  • Si vous voulez quand même rédiger des articles sur des sujets académiques qui ne soient pas ridicules aux yeux corps tout aussi académique, va falloir faire un effort pour attirer la main d'œuvre spécialisée. Et sur les sujets scientifiques, elle va aller écrire en anglais, visiblement.
Donc, sur fr:, le plus efficace serait probablement de lancer de vastes programmes de traduction d'en:. Plutôt que de râler perpétuellement, faudrait s'en donner les moyens (oui, c'est valable aussi pour moi).

Bon, la prochaine fois, j'évite de faire un post de comptoir à deux balles, promis.

samedi 13 décembre 2008

Je pourrais bien sûr hausser les épaules et faire autre chose, mais j'avais envie d'écrire un post

Il est parfois difficile de comprendre pourquoi certaines personnes s'accrochent à certaines croyances envers et contre tout (les créationnistes face à l'évolution, les communistes devant l'économie de marché1, ce genre de trucs). Dans le cas qui concerne ce blog, c'est Citizendium qui m'interpelle vachement au niveau du vécu.

Pour mes lecteurs qui l'ignoreraient, Citizendium est un site créé par Larry Sanger afin de faire mieux que Wikipédia. Pour ce que j'en ai compris, l'idée était d'obliger les gens à contribuer sous leur propre véritable état civil et à mettre en place une sorte de comité éditorial. Comme de juste, le système n'a essentiellement rien produit (sauf si vous arrivez à percevoir 8 600 articles en deux ans, dont seulement 80 d'approuvés, comme une réussite flagrante). Bon, ok, ça fait juste un concurrent wikencyclopédique de plus qui se transforme en pétard mouillé. Rien de bien grave au final. Mais en fait, moi, ce qui m'agace, c'est cette supériorité morale dont se pare Sanger.

Il y a quelques jours, Sanger indiquait sur son blog que, oui, Wikipédia contenait des images pédophiles de pré-adolescentes dans des poses suggestives. C'était l'occasion pour lui d'expliquer que sur Citizendium, cette image ne serait jamais présente (car voulons-nous vraiment que les yeux innocents de nos enfants par hasard sur de la pédopornographie ?) et d'ailleurs que Citizendium ne connait aucun vandalisme, que les gens y sont bien élevés et que le projet croît régulièrement. Hmm... Et mon cul, c'est du calamar ?

Son post est un modèle d'hypocrisie, où les défenseurs de Wikipédia sont des réactionnaires autoritaires défenseurs de la pédophilie et où Citizendium construit patiemment le futur glorieux de la Nation grâce à son esprit de pionnier et sa rigueur morale. Il faut le lire pour le croire.

Dans son dernier post, Sanger mentionne un essai qu'il a écrit à propos de l'économie et qui débute par ces mots :
I am not an economist, but I was trained in philosophy and I have spent a lot of time managing arguments between ideological foes in open community projects online. So I think I know a few things about ideology, and I just wanted to say a few things about the nature of ideology and science, and the puzzling suggestion of an ideology-free science of economics.
Si, si. Larry Sanger, le type qui pense que Wikipédia est dirigée par des types qui ont des avis sur tout et abusent de l'argument d'autorité pour faire passer leurs biais idéologiques arrive à débuter son texte en disant : « je n'y connais rien à l'économie, mais je vais quand même vous asséner mon point de vue parce que j'ai plus d'expérience que vous dans des domaines annexes que je cite en bloc en espérant que vous n'aurez pas le temps de reprendre votre souffle ». C'est beau, non ?

Si Wikipédia est irresponsable et Citizendium le modèle à suivre, je crois que je préfère avoir tort avec Wales que raison avec Sanger.

1. Normalement, cet exemple devrait faire rappliquer les trolls, ou alors c'est à se flinguer.

vendredi 12 décembre 2008

Les Français sont nuls (en science)

Un truc qui m'étonne, sur fr:, c'est la nullité abyssale de tout ce qui concerne les sciences dures. Les articles sont indigents, les sujets fondamentaux à peine abordés. Si les geeks forment le gros des troupes de Wikipédia, il faut admettre que la geekitude et la formation aux disciplines scientifiques sont deux choses totalement distinctes.

C'était prévisible. La physique quantique, par exemple, est une discipline complexe qu'il est préférable d'avoir étudié sérieusement ne serait-ce que pour commencer à ne plus raconter de conneries à son sujet. Forcément, vu le mode de fonctionnement de Wikipédia, ça limite son développement.

Bref, les articles scientifiques de fr: sont nazes. Et à côté d'en:, ils font clairement pitié. À croire qu'ici, on n'est pas capable d'inciter les gens compétents à écrire sur la-dessus. C'est étonnant parce qu'il y a d'autres domaines tout aussi complexes où ça ne me semble pas aussi vrai (l'Histoire, je crois bien). Alors quoi ?

PS : pas totalement une science dure, mais le traitement de la théorie des graphes est catastrophique, sur fr:. Un article de base comme le lexique n'a été édité qu'une quarantaine de fois en deux ans et est intégralement mis en forme en HTML, pas en wiki. Si vous vous en sentez le courage, il y a une tripotée d'articles à traduire d'en:.

jeudi 11 décembre 2008

Les deux théorèmes du poulpe

Tiens, histoire de se détendre, deux statistiques wikipédiennes basées sur des recherches très sérieuses (entre le doigt mouillé et le pipotage intégral, en gros) :
  • Il faut 1 000 visites sur un article pour avoir une seule contribution (la correction d'une virgule, par exemple).
  • Sur un sujet encyclopédique non standard, la PàS se partage en deux camps : deux tiers sont pour la conservation, un tiers pour la suppression (mais personne ne songe à argumenter).

mercredi 10 décembre 2008

Lost in encyclopedia

Le traitement des sujets non-traditionnels est délicat, sur Wikipédia. La Révolte des Boxers, l'économie du Pakistan, la Flûte enchantée ou le théorème de Pythagore, on sait faire sans problème. Pas parce que se seraient des sujets « encyclopédiques », pas vraiment non plus parce qu'il existe de la littérature dessus ; plutôt parce qu'ils ont été traités dans plein d'autres encyclopédies et que le processus de rédaction est éprouvé. Maintenant, le reste : on en fait quoi ?

Il existe un site web humoristique francophone nommé perdu.com. Site antédiluvien (la première mouture date de 1996), il était très pertinent à cette époque où les moteurs de recherche n'existaient pas vraiment et où naviguer sur Internet nécessitait d'avoir une liste de bookmarks longue comme le bras (c'était l'époque des listes de liens sur les premières pages perso). Tout Internet (du texte, essentiellement) tenait sur quelques téraoctets : une quantité d'information dérisoire aujourd'hui mais dont l'accès était malcommode. Bref, perdu.com représentait quelque chose de concret. De par sa taille (quelques centaines d'octets) et sa mise en page purement textuel, il délivre son message de façon compacte, adaptée aux capacités de l'époque.

Je n'irai pas jusqu'à dire que perdu.com est un site important. C'est juste qu'il existe et qu'il est particulier, à sa manière tordue et bizarre.

Jusqu'à hier, perdu.com ne possédait pas d'article. Seulement voilà, je me suis lamenté sur le Bistro comme quoi ce site ne serait jamais présent sur Wikipédia parce que ce n'est pas le genre de la maison. Forcément, l'article a été créé (j'imaginais que quelqu'un allait le faire). Forcément, il est passé en PàS (aucune surprise non plus). Par contre, et c'est là que je suis étonné, le consensus est clairement en faveur de la conservation (et par 4 voix sur 5, un plébiscite).

Le problème dans tout ça, c'est que les arguments des uns et des autres ne sont pas très probants. Pour être honnête, les arguments en faveur de la suppression sont les plus pertinents, dans un sens : pas de sources sérieuses, impossible de montrer que le sujet est significatif, aucune estimation fiable de la fréquentation. Avouez quand même que ce n'est pas rien ! Le problème : qu'on le veuille ou non, il sera difficile (peut-être impossible) de trouver des éléments de réponse (des sources secondaires sur perdu.com ? Pire encore : des sources secondaires traditionnelles sur perdu.com ? Vous rêvez les yeux ouverts). Dans le même temps, qu'on le veuille ou non, on peut considérer qu'il est dommage de ne pas mentionner le sujet : il signifie quelque chose.

Wikipédia se base sur une approche classique de l'encyclopédisme. Ça marche bien pour les sujets bateaux, ceux qu'on associe aux encyclopédies. Tant que ces ouvrages étaient contraints physiquement (le papier n'est pas extensible) et moralement (une encyclo papier doit faire sérieux pour être vendue), il n'y avaient pas lieu de se poser de questions. Wikipédia a fait exploser ce modèle. Mais si la place n'est plus un problème, le contenu reste problématique. Une critique récurrente (à part le fait que n'importe qui peut éditer n'importe quoi) met l'accent sur la diversité excessive (forcément excessive) de ce qu'on y trouve. Wikipédia, c'est l'encyclopédie des Pokémons, des lignes de chemin de fer et des trucs pas sérieux. Bref, Wikipédia n'est pas digne d'une encyclopédie.

C'est un raisonnement très embêtant. Certes, il est méprisant et néglige l'intérêt de cette accumulation disparate pour les personnes concernées. Mais il a surtout conduit à ne pas s'interroger sur le traitement de ces sujets autrement que sur le mode de l'affrontement entre inclusionnistes et suppressionnistes (je ne considère pas les critères comme une réponse cohérente). Le résultat, c'est qu'après bientôt dix ans, personne n'est capable de répondre simplement à cette question : perdu.com mérite-t-il de figurer sur Wikipédia ? L'article a été créé parce que j'en ai parlé sur le Bistro (ce qui m'inciterait à faire gaffe à ce que je raconte) et il ne sera conservé qu'après un vote non argumenté. En résumé : création parce qu'une personne relativement influente en parle et conservation au doigt mouillé. Dans l'intervalle, la menace de la suppression a été brandie, les forces de l'encyclopédie ont été dispersée, rien n'a été tiré de concret. Je ne sais pas, peut-être qu'il n'est pas possible de traiter de genre d'articles autrement qu'en posant clairement la question : « voulez-vous oui ou non le conserver ? N'expliquez pas pourquoi, dite juste comment vous le sentez. »

Pour la petite histoire, la taille de l'article sur perdu.com dépasse désormais largement celle du site qu'il décrit. Il a déjà connu une vingtaine d'éditions, y compris demandes de références et reverts. La première version de l'article contenait le texte intégral, un bel exemple de copyvio : elle a été purgée. Mais l'auteur, contacté, a accepté de le placer en GFDL. Toute l'histoire de Wikipédia en moins de 24h. Étonnant, non ?

EDIT : j'imagine que je vais en voir passer ici qui vont me dire en gros : « pas de sources, pas de chocolat ». Ce n'est pas le problème. Dans le cas de perdu.com, par exemple, on peut décrire le site et dire depuis quand il existe ; ça produit un article court, mais viable. D'autres vont leur répondre le contraire. Je le répète, ce n'est pas le propos de ce post. D'ailleurs, je préviens direct : tout commentaire qui confondra mon blog avec la page de PàS (dans quelque sens que ce soit) sera impitoyablement passé à la broyeuse.

vendredi 5 décembre 2008

Cartes à jouer


C'est bientôt le week-end et la froideur hivernale semble engourdir les blogs wikipédiens francophones (Pierrot, Popo et Poulpy, les pseudos en P). Ce qui suit donc est un post léger, histoire de boucher un trou.

Ça partait d'une discussion tardive sur IRC. Comme je suis connu comme le type qui fait des articles totalement superfétatoires (frontières, méridiens terrestres, astéroïdes, ce genre de choses), on m'a dit en gros : « Poulpy, mon petit, ça te dirait de créer des articles sur les cartes à jouer ? » Attention, hein, pas les jeux de cartes : les cartes.

Et bien, il se trouve qu'il en existe déjà deux : le 9 de pique et le roi de carreau. Leur contenu minimal est à mon avis destiné à le rester, car j'ai beau me creuser la tête et être un exhaustiviste notoire, j'ai du mal à savoir quoi raconter de plus sur le 9 de pique. C'est bête, j'étais prêt à créer les 50 articles restants.

Bon, le roi de cœur, éventuellement, on pourrait dire qu'il est différent du roi de carreau... Mais le 8 de pique... Ou le 9 de trêfle...

(En passant, jetez un coup d'œil sur l'infobox carte à jouer, qui contient les infos suivantes : le nom de la carte et son successeur et prédécesseur dans le jeu de 52 cartes. Et, euh, c'est tout.)

Remarquez, peut-être qu'il y a à dire des choses particulières à dire pour chacune des cartes. Une valeur spéciale dans un jeu, par exemple. C'est probablement un test de foi. Une mise à l'épreuve wikipédienne. Sûrement. Ces articles peuvent être créés. L'inverse est impossible.

mercredi 3 décembre 2008

Google fournit des réponses

Ça a été évoqué sur le Bistro et je ne sais pas depuis quand c'est implémenté. Sur certaines demandes simples, Google fait plus que retourner des sites appropriés : il tente de fournir une réponse.

Et comme tout  le monde, il utilise Wikipédia pour ça.

Par exemple, en tapant « France population », le premier résultat retourné n'est pas exactement la page d'un site, mais ceci : « France — Population: 64 102 000 Hab. (2007) » ; et juste en-dessous, la source : « Selon http://fr.wikipedia.org/wiki/France ».

À première vue, on dirait que Google analyse l'infobox. C'est assez visible quand on cherche « France Premier ministre ».

Ce qui est intéressant, c'est que Google ne se limite pas à Wikipédia pour fournir le résultat. Par exemple, pour « France superficie », il utilise le site de TV5 (et sur ce site, la page présentant l'équipe de France de rugby).

Ça n'a l'air de rien comme ça, mais c'est absolument génial. Il y a matière à passer à la vitesse supérieure et à transformer tout Internet en une gigantesque base de données réutilisable et combinable à l'infini. Ok, je m'emballe, mais c'est bien quand même.

lundi 1 décembre 2008

La Honte

Viens boire un p'tit coup à la maison (version française)

Comparez. :D

Les petites éditions font les grands articles (en gros)

Je suis par intermitence le blog EVS-Islands (c'est à dire que j'ai son flux RSS en suivi, au cas où quelque chose s'y présenterait) depuis que l'auteur, un cartographe amateur si j'ai bien compris, a cartographié l'un des lacs de méthane de Titan, la Ligeia Mare. Ce qui est sympathique, c'est qu'il a placé certaines cartes sur Flickr avec les droits qui vont bien et qu'elles se sont retrouvées sur Commons (c'est la cas du lac en question). Et il n'y a rien de mieux qu'une carte pour donner un meilleur aspect à un article géographique de Wikipédia.

L'auteur du blog est parfaitement conscient de l'existence de Wikipédia. En fait, vu son dernier post, il y contribue. Il y relate avoir édité l'article sur Aratika, un atoll de Polynésie française, en y rajoutant une carte et en modifiant un peu la structure du texte afin de fluidifier l'accès à l'information. Certes, ce n'est pas beaucoup, mais l'article a clairement une meilleure tronche maintenant qu'avant. Ça tient à peu de choses.

J'aime bien cette attitude : l'édition de Wikipédia par la marge, en ajoutant des petits points par ci par là, sans drame, sans prétention. C'est tout aussi fondamental que le reste.

mardi 25 novembre 2008

Un article n'est pas un article

Un article, ce n'est pas seulement un article, c'est bien plus que ça.

Il y a d'abord le contenu purement encyclopédique :
  • une introduction ;
  • un ensemble de paragraphes ;
  • des images, des vidéos, des extraits sonores.
Mais il y a aussi la structure :
  • l'organisation des paragraphes ;
  • la table des matières.
Les données factuelles et leur mise en page :
  • des données types, généralement visualisées par l'intermédiaire d'une infobox ;
  • des tableaux ;
  • des listes.
La navigation :
  • les liens vers d'autres articles ;
  • les catégories ;
  • l'inclusion dans un ensemble d'articles, accessibles par des palettes de navigation, par exemple ;
  • les articles dans d'autres langues ;
  • les liens vers des projets connexes.
Les sources documentaires :
  • des liens externes à Wikipédia ;
  • des références ;
  • une biblio.
On peut y rajouter les concepts liés au wiki :
  • les éditions successives de l'article ;
  • les contributeurs ;
  • les discussions.
Les données statistiques :
  • le nombre de consultations ;
  • le nombre d'éditions ;
  • le nombre de vandalisme ;
  • l'évolution de la taille de l'article.
Les indicateurs de travail, souvent matérialisés par des bandeaux :
  • avancement de l'article (ébauche, etc.) ;
  • problèmes éventuels (neutralité, etc.).
La présentation :
  • macros diverses (mise en forme de texte, ) sous la forme de modèles.
Le contenu encyclopédique est évidemment l'aspect important de la chose, mais n'en est qu'un aspect. Ce qui fait la force de Wikipédia, c'est précisemment tout le reste. On me dit souvent qu'« on est là pour écrire une encyclopédie », et je sais que ça signifie « il faut se concentrer sur le texte ». C'est négliger la spécificité de Wikipédia : écrire un article encyclopédique est à la portée de n'importe qui muni d'une feuille de papier. Wikipédia apporte des solutions bien plus intéressantes.

Souvent, je regrette que tous ces aspects ne soient pas facilement accessibles, par exemple pour des traitements externes. S'il faut modifier le logiciel de Wikipédia, il serait bien d'opter pour une architecture autorisant la collecte facile de toutes ces informations, de façon à accroitre les capacités de représentation d'un sujet.

vendredi 21 novembre 2008

Complots

Allez, après le post sérieux de la dernière fois, le post détente (enfin, détente, c'est vous qui voyez) qui me permet de placer un maximum de liens.

Via le blog de Phil Plait (une bonne source pour ma nerditude assumée), je suis tombé sur une liste du Telegraph sur les « 30 meilleures théorie du complot ». Une théorie du complot, ça consiste à prendre des faits ordinaires (par exemple qu'on verbalise les voitures mal garées la nuit) et à supposer qu'une organisation en tire les ficelles pour atteindre un but occulte (si on verbalise les voitures mal garées la nuit, c'est pour contraindre les automobilistes à utiliser les parkings privés et augmenter les recettes des entreprises qui les gèrent, avec la complicité du gouvernement). Une théorie du complot, c'est l'art du court-circuit logique appliqué aux événements, la recherche d'un lien entre ce qui ne peut pas être relié, la justification que ce qu'on déteste est réellement la cause de tout ce qui ne va pas. Généralement, ça décoiffe.

Alors, je ne sais pas pour vous, mais moi, j'adore les théories du complot (surtout depuis que j'ai joué à Illuminati quand j'étais gosse). Wikipédia également, d'ailleurs : la catégorie dédiée sur fr: contient 72 articles et 6 catégories. Sur en:, elle atteint 221 articles et 10 sous-catégories.

Donc, je suis allé vérifier si on retrouvait sur Wikipédia les 30 conspirations mentionnées dans le Telegraph. Certaines sont bien connues, d'autres à usage plus restreint. La quasi-totalité possède au moins un paragraphe dans un article wikipédien ; un nombre conséquent possède même son article dédié.

Avant toute chose, il faut préciser un point important : si en France (oui, je sais, fr: ce n'est pas seulement la France) le thème de la conspiration trouve actuellement le plus d'écho vers la gauche et vise le Grand Capital Apatride, aux États-Unis (oui, je sais, en: ce n'est pas seulement les USA), le complot est l'apanage des dingues de droite et vise surtout le gouvernement fédéral. Je simplifie évidemment, mais l'idée est là.

Évacuons les plus connues. Comme il se doit, les Protocoles des Sages de Sion sont présents ; certes, il ne s'agit pas d'une théorie du complot à proprement parler, plutôt d'un faux visant réellement à attiser la haine antisémite, mais les Protocoles jetèrent les bases de ce genre de truc. La conspiration la plus hype du moment, le camouflage de tout ou partie des attentats du 11 septembre à des fins inavouables (mais définitivement pétrolières), possède son article dédié. Le crash de Roswell est ici (il sert de base à une tripotée de théories complotistes dérivées, c'est donc bien normal). Il y a aussi le Nouvel ordre mondial et son lien avec les Illuminés de Bavière ainsi que ma préférée, le pipotage du programme Apollo.

L'assassinat de Kennedy est un sujet intéressant. Là où en: ne possède qu'un article « Kennedy assassination conspiracy theories », fr: s'est fendue d'une liste de « théories dans l'assassinat de Kennedy » et d'une « liste d'allégations démenties sur l'assassinat de Kennedy ». À priori, fr: pourrait être vue comme creusant le sujet plus profondément. Pour ma part, j'ai plus l'impression que là où en: reconnait explicitement l'aspect « théorie complotiste », fr: a plus de mal à faire la distinction.

Sinon, en: possède des articles spécifiques pour des tas d'événements, comme l'explosion du vol 103 de Pan Am, les attentats de 2005 à Londres, l'existence de Shakespeare, Harold Wilson ou la mort de Diana. Bien sûr, Paul est mort, y compris sur fr: ; en revanche, Elvis est peut être vivant mais même en: n'estime pas devoir faire un article complet sur le sujet. Par contre, j'ai appris à quoi Frank Zappa faisait référence en disant qu'« Elvis has just left the building » (et du coup, je lie vers la chanson, y'a pas de raison).

Dans d'autres cas, le complot n'est mentionné que dans le corps des articles, comme la fluorisation de l'eau potable ou les attentats de 1999 en Russie. Dans d'autres cas, il est difficile de savoir s'il s'agit juste de controverses sérieuses ou de délires complotistes, comme pour l'HAARP, l'origine du SIDA ou le réchauffement climatique.

Il y a aussi les complots qui existent par eux-même, comme l'experience Philadelphia, les chemtrails ou les hélicoptères noirs.

Globalement, fr: ne s'en sort pas mal. Je trouve qu'elle possède pas mal d'infos sur ces sujets conspirationnistes culturellement anglo-saxons. Je n'ai pas vérifié si on y trouvait beaucoup de complots culturellement français (comme par exemple les lâchers de vipères au-dessus des forêts). Le Telegraph ne mentionnait qu'une seule théorie du complot provenant réellement d'ailleurs : il y aurait eu dans le monde musulman une théorie comme quoi le tsunami du 26 décembre 2004 aurait été provoqué par un essai nucléaire israélo-indien afin d'éliminer des populations majoritairement musulmanes. Cette théorie est absente d'en: et de fr:. Par ailleurs, le Telegraph ne mentionne pas la seule théorie qui viendrait à l'esprit de tout contributeur français normalement constitué : le négationnisme de la Shoah (et les allégations de complot pour couvrir sa supposée inexistence).

Pour finir, il semble qu'une théorie est en gestation. L'Agence fédérale américaine des situations d'urgence a récemment stocké 500 000 cercueils en plastique près d'Atlanta. Dans la gnose conspirationiste, ils seraient la preuve de la création de camps de concentration en prévision de l'instauration prochaine de la loi martiale par le gouvernement fédéral. Je n'ai pas trouvé mention de cette théorie dans Wikipédia, c'est à surveiller.

Et puis tout le monde sait que Wikipédia n'est qu'un projet du gouvernement américain pour réduire la culture générale de la population et promouvoir le point de vue anglo-saxon, avec la bénédiction des actionnaires de Google et la complicité active des chiites du Vatican.

mercredi 19 novembre 2008

Vrac

Alors, puisque certains se scandalisent que ce blog ne soit pas plus alimenté, voici quelques pensées jetées en vrac sur l'infoblogosphère wikipédienne telle l'écume sur un rocher côtier un jour de grand vent.

Wikipédia a besoin de thunes. Comme la Foundation refuse de se donner les moyens de capter ne serait-ce qu'un pouillème du potentiel des visites sur le site (l'un des plus visité au monde, ne l'oublions pas), il faut bien faire la manche pour rester propre et conserver de la bande passante. Je reste quand même perplexe : puisque le projet est viscéralement hostile à la pub, pourquoi avoir choisi une bannière aussi intrusive (et aussi lénifiante dans son message) ? Bon, ok, je n'y connais pas grand chose à la levée de fonds, mais tout de même, je ne peux pas m'empêcher parfois de penser qu'il y a quelque chose de pourri dans le royaume de l'encyclopédie libre.

J'ai souvent l'impression qu'on s'imagine qu'il existe quelque part une liste des sujets admissibles. Une liste créée par des gens compétents, permettant de séparer ce qui peut figurer sur Wikipédia de ce qui ne doit pas être mentionné. C'est bien sûr un fantasme complet. Ce qui figure sur Wikipédia, personne n'en décide, ça ne se fait que parce que des contributeurs concernés (qui ne peuvent être assimilés à une quelconque « communauté ») ont décidé de s'y mettre. Il n'y a aucun pilote dans l'avion de Wikipédia. Je conçois que ça peut être perturbant (si j'en crois certaines réflexions, ça semble même scandaleux à certains). Moi, c'est ce que je préfère. Et je ne suis pas convaincu pour un sou que mettre un pilote aux commandes fasse mieux avancer la chose.

Étant présent sur le Bistro et IRC, j'ai souvent l'impression d'exister en décalage complet par rapport à mes camarades communautaires. Dans mon univers, il n'y a jamais de guerre d'édition, jamais d'engueulade, jamais de prise de tête bien méchante. Les psychodrames perpétuels ne sont que des rumeurs lointaines provenant de la capitale, et je me dis que le monde des puissants est décidémment bien différent du mien.

Ma liste de suivi approche désormais le millier d'articles. Pourtant, elle bien peu souvent activée. Je suis un contributeur de niche.

Au bout du compte, j'aime bien ce projet, moi.

jeudi 6 novembre 2008

Navigation à vue

Parfois, j'aimerais bien que Wikipédia puisse fournir les données de façon plus flexible. Ça permettrait à la fois de mieux répondre à diverses recherches et d'alléger certains articles.

L'autre jour, j'étais en train de jeter un œil l'article anglais sur James Buchanan (président des USA au début de la guerre de sécession). J'ai voulu ensuite passer au président suivant. Commençant à connaître WP, je me dis qu'il doit bien y avoir une palette de navigation en fin d'article, ou un truc du genre ; je vais donc tout en bas.

Et là, c'est le drame. Je suis accueilli par plusieurs trucs. Tout d'abord un empilement de palettes de navigation (fort heureusement enroulées : toutes déroulées, elles tiennent à peine dans la hauteur de mon écran) : les présidents des USA, les candidats démocrates à la présidentielle des USA, les secrétaires d'État des USA, les sénateurs de Pennsylvanie, les membres du cabinet du président James K. Polk (1845-1849), les membres du cabinet du président James Buchanan (1857-1861). Ouch. Ça, c'est le premier effet Kiss Cool.

Le second impact est délivré par un ensemble de boîtes dynastiques. Vous savez, c'est ces boîtes avec à gauche un truc précédent et à droite un truc suivant. À la base, ça permettait de passer d'une tête couronnée à l'autre, mais l'usage en a été considérablement élargi (sur en: en tout cas). Dans le cas de ce bon vieux Buchanan, l'effet « sapin de Noël » n'est pas loin parce qu'elle sont classées par catégories, avec un en-tête de couleur à chaque fois. Dans l'ordre, de haut en bas, on trouve :
* les membres de la Chambre des représentants (deux boites l'une sur l'autre, la première pour le représentant du troisième district congressionnel de Pennsylvanie, la deuxième pour le quatrième) ;
* les postes diplomatiques (ambassadeur de Russie et ambassadeur au Royaume-Uni) ;
* les sénateurs (juste la case « sénateur de Pennsylvanie, classe 3 ») ;
* les postes politiques (président de la commision judiciaire de de la Chambre des représentants, secrétaire d'État et enfin président des USA, le dernier point me permettant enfin de trouver Lincoln) ;
* les charges de parti politique (juste candidat du parti démocrate pour la présidentielle) ;
* et pour finir, la catégorie des titres honoraires, qui contient cette information : plus vieux président américain encore vivant.

Là, forcément, je me dis qu'on va peut-être assez loin dans le détail chronologique. Histoire de vérifier, je clique sur le lien vers l'article « Oldest living United States president ». Un coup d'œil sur l'historique m'apprend qu'il a plus de deux ans et a été édité plus de 150 fois, par plus de 90 contributeurs différents. Au niveau de la consultation, il est regardé plus d'une centaine de fois par jour. Conclusion : cette information qui me semblait totalement superfétatoire semble bien intéresser pas mal de monde. Il ne faut jamais juger de rien.

Quand on en arrive là, on peut avoir plusieurs réactions. La première, c'est de se dire que les contributeurs sont des cons et qu'il est idiot d'ajouter de telles infos. La deuxième, c'est de se dire que si des types se cassent à créer cet article et à ajouter les infos chronologiques sur tous les présidents concernés, c'est que ça les regarde et que, de façon évidente, ils trouvent ça intéressant, eux.

Bon, ok, je suis prêt à admettre qu'ils trouvent ça intéressant (et même à éviter de trouver ça débile). Maitenant, le problème, c'est que ça rend la consultation de l'article passablement lourde, quand même. Mon Lincoln, je ne l'ai trouvé quand me tapant l'intégralité de l'empilement : j'aurais mieux fait de lire l'introduction de bout en bout, ça aurait été plus rapide. Bref, c'est peut-être pertinent (supposons que ça le soit, ça sera plus simple), mais pas du tout pratique.

La possibilité de naviguer d'un article à l'autre suivant des règles spécifiques est une possibilité importante de Wikipédia, au-delà de l'édition libre et du suivi historique. Malheureusement, il ne s'agit pas d'une possibilité intrinsèque mais d'une conséquence indirecte. Globalement, un article est toujours perçu comme une bulle : les infos présentes sur l'un ne peuvent pas être prises en compte sur l'autre. Je ne sais pas s'il serait facile de pondre un système wiki permettant de mettre en commun des infos de ce type, mais j'avoue que ça serait chouette si on pouvait générer des palettes de navigation à la demande. En tout cas, ça serait un peu moins moche que les solutions actuelles.

mardi 4 novembre 2008

Election Day

Allez, histoire de faire hurler un peu plus ceux qui pensent que Wikipédia se prostitue en autorisant la publication de ce genre d'articles (et je sais qu'ils sont nombreux à me lire), regardons un peu comment en: gère la présidentielle américaine. C'est d'actualité, en plus. :o)

Donc, on a bien sûr un article sur l'événement en lui-même. Cependant, comme ce n'est pas suffisant, on a une catégorie dédiée (59 articles, 9 sous-catégories). On trouve forcément tout ce qu'on veut sur les candidats (64 articles, 10 sous-catégories), leurs positions politiques (18 articles), leur campagne (32 articles).

Au niveau des partis, on dispose des primaires démocrates (61 articles, chaque État étant détaillé) et républicaines (59 articles seulement). Les conventions démocrates (6 articles) et républicaines (7 articles) ne sont pas oubliées.

Une élection sans sondage n'est pas intéressante. Heureusement, la catégorie dédiée est là (28 articles). Et pour les résultats, on peut compter sur le détail de l'élection par État (22 articles, mais c'est destiné à augmenter).

Ah ces Ricains. Faudrait qu'ils comprennent que Wikipédia n'a rien à gagner à une telle profusion, que c'est néfaste et tout, d'ailleurs c'est probablement TI, HC ou pas sourçable. Si tout le monde faisait pareil pour toutes les élections du monde, ça serait la fin. Ou alors on aurait des résumés exhaustifs et précis, ce qui serait à n'en pas douter la fin de la Civilisation occidentale.

lundi 3 novembre 2008

Wikipédia n'a pas pour but de répondre aux questions des gens

Je ne sais pas pour vous, mais moi, j'utilise régulièrement Wikipédia pour trouver des infos, pas seulement pour ajouter des trucs dedans. Bref, je suis au moins un utilisateur qu'un éditeur (par contre, j'utilise plus en: que fr:, y'a pas photo, je suis désolé sur ce point).

Voici une petite liste de sujets que j'ai consultés sur Wikipédia :
  • des commandes Unix ;
  • des albums de musique électronique (surtout la date de publication et la liste des plages) ;
  • des vieux jeux vidéo ;
  • des résumés d'épisodes de séries télé ;
  • l'univers de plusieurs jeux de rôle ;
  • les lieux intéressants autour d'un endroit précis, pour préparer mes vacances ;
  • des plans de métro ;
  • les moyens les plus simples pour se rendre à un aéroport ;
  • la méthode pour calculer la date de Pâques pour une année donnée ;
  • des actualités d'il y a plusieurs années ;
  • et j'en passe.
Bien sûr, je vous ai fait une sélection. J'ai également cherché tout un tas d'infos sur des sujets très honnêtes, comme la littérature classique ou l'histoire de France. Seulement, j'ai surtout utilisé Wikipédia pour trouver des réponses à des questions pas forcément « encyclopédiques » (dans le sens wikipédien du terme, grossièrement synonyme de « conforme à la morale dominante »). D'aucuns me répondront que ce n'est pas le boulot de WP de répondre à ces questions ; c'est quoi, alors ?

mercredi 29 octobre 2008

lundi 20 octobre 2008

Quelques choses que je sais de Wikipédia

Donc vous voulez contribuer à Wikipédia, hmmm ? Voici quelques trucs que vous devez savoir avant de vous lancer.

Tous les contributeurs ne sont pas égaux. Les IP ont à peu près les mêmes droits qu'un esclave noir dans le sud des États-Unis au XIXe siècle. Un nouveau contributeur, ceux d'un immigré clandestin dans un centre de rétention.

Tous les articles ne sont pas égaux. L'idéal wikipédien est un article de 50 000 caractères sur un sujet historique abondamment traité par l'intégralité des autres ouvrages du même genre. Les autres sujets sont bizarres, douteux, voire franchement louches.

Wikipédia n'est pas faite pour le monde extérieur. Son contenu est à usage interne exclusivement. Ce qui intéresse les gens n'est pas important et même nocif.

Wikipédia est une encyclopédie. Une encyclopédie n'a pas pour but de rassembler la totalité de la connaissance. Ni même une partie. Les sujets admissibles ont été décidés par une tripotée d'experts auto-proclamés en encyclopédisme.

Wikipédia est assiégée par les barbares : les fans de télé, les adolescents boutonneux (forcément boutonneux), les imbéciles et toute la masse indifférenciée des gens qui n'ont aucune idée de rien.

99% des articles n'auraient jamais du être créés.

Wikipédia n'est pas une démocratie. À la base, ça voulait juste dire qu'on privilégiait le consensus comme méthode de fonctionnement. Au bout du compte, c'est surtout l'aspect dictatorial de la chose qui a été mis en avant.

Les principes fondateurs ne sont pas des principes fondateurs. Ils ont été rédigés après la fondation. Dans la vie courante du site, certains principes en apparence moins importants et consensuels (comme les critères) sont plus fondateurs que les principes fondateurs.

Vous êtes censé avoir lu l'intégralité des aides, recommandations, règles, et en avoir compris l'esprit et la lettre.

Les votes en PàS sont vraiment des votes.

Quand on vous dit : « n'hésitez pas », il faut comprendre : « tu fais ça, je te descends ». D'ailleurs, on te tient à l'œil, racaille.

jeudi 16 octobre 2008

Wikipédia comme source de données

Comment faire un mash-up :
  1. Prendre une liste de Wikipédia. Par exemple les plus grandes agglomération du Royaume-Uni.
  2. Aller sur Google Docs. Créer une feuille de tableur. Importer la liste wikipédienne. L'exporter en CSV.
  3. Aller sur Yahoo Pipes. Importer le CSV. Le triturer dans tous les sens. L'exporter en KML.
  4. Aller sur Google Maps. Importer le KML.
  5. Afficher le résultat sur son blog.

View Larger Map

(Si vous lisez ce post ailleurs que sur mon blog, il est possible que vous ne voyiez pas ce que je suis en train de raconter. Venez plutôt sur l'original.)

J'ai trouvé cet exemple sur un blog (anglophone) où l'auteur partait de la capacité qu'a le tableur en ligne de Google d'extraire les tableaux d'une page web et détaillait ses actions jusqu'à produire la carte ci-dessus. Je trouve le résultat assez intéressant. Le mash-up en question est finalement assez simple, et laisse envisager que tout un tas d'applications sont possibles à partir des données contenues dans les inombrables listes de Wikipédia. C'est à creuser.

lundi 13 octobre 2008

Wikipédia n'est pas

Wikipédia est avant tout une encyclopédie.
Wikipedia n'est pas un groupe de discussion.
Wikipedia n'est pas un ensemble d'articles organisé à la manière d'everything2.com ou d'H2G2.
Wikipedia n'est pas un forum de discussion.
Wikipedia n'est pas un site de tchat.
Wikipédia n'est pas un dictionnaire.
Wikipédia n'explique pas comment utiliser les mots, les expressions, etc.
Wikipedia n'est pas un guide d'usage des termes informatiques.
Wikipedia n'est pas pas là pour vous apprendre comment parler comme les hackers. Nous sommes là pour écrire une encyclopédie.
Wikipédia n'est pas un champ de bataille.
Wikipedia n'est pas un endroit pour entamer, importer, entretenir ou prolonger des conflits personnels.
Wikipedia n'est pas une tribune de propagande ou de promotion. Si vous voulez convaincre le monde entier que le Bon Dieu dort en pyjama, allez plutôt sur Usenet.
Wikipédia n'a pas vocation à faire connaître un projet, un savoir, une personne, une association ou tous sujets généralement ignorés, notamment par les médias et l'opinion publique.
Wikipedia n'est pas un moyen commode de faire de la publicité gratuitement.
Wikipedia n'est pas un recueil d'essais personnels qui expriment votre avis sur tel ou tel sujet. Nous rapportons tout le savoir humain courant ; alors, à moins que vous ne soyez exceptionnel, vos opinions ne font pas partie de ce savoir courant.
Wikipedia n'est pas une liste de citations ou d'aphorismes.
Wikipedia n'est pas une encyclopédie nationale.
Wikipédia n'est pas une encyclopédie du monde francophone.
Wikipedia n'est pas une collection de liens externes.
Wikipédia n'a pas pour but de référencer toutes les pages Internet se rapportant à un sujet.
Wikipedia n'est pas un journal ou un site d'actualité.
Wikipedia n'est pas une boule de cristal.
Wikipedia n'est pas un annuaire ou une banque de données.
Wikipedia n'est pas une compilation exhaustive, faite sans discernement, d'informations, de noms ou de curriculum vitae.
Wikipedia n'est pas un guide pratique.
Wikipedia n'est pas un guide de recettes de cuisine.
Wikipedia n'est pas un guide de voyage.
Wikipedia n'est pas un guide d'élevage, bricolage, santé, etc.
Wikipedia n'est pas une liste d'informations.
Wikipedia n'est pas une liste de FAQ.
Wikipedia n'est pas un mémorial ou une commémoration.
Wikipedia n'est pas un recueil de documents, annotés ou non.
Wikipedia n'est pas un simple résumé d'une œuvre.
Wikipedia n'est pas le simple texte d'une chanson.
Wikipédia n'est pas destiné à faire de la communication institutionnelle.
Wikipedia n'est pas une expérience politique.
Wikipedia n'est pas une démocratie.
Wikipedia n'est pas une dictature.
Wikipedia n'est pas une tentative de réalisation d'un projet politique quelconque.
Wikipedia n'est pas un journal intime.
Wikipedia n'est pas censurée.
Wikipedia n'est pas une encyclopédie sur papier.
Cette liste n'est pas figée.

(Liste tirée de « Ce que Wikipédia n'est pas », en enlevant les passages paternalistes, insultants, méprisants, violents, et où plus généralement le lecteur est considéré comme un délinquant en puissance à mâter. Le texte vaut le détour.)

jeudi 9 octobre 2008

L'encyclopédie profondément conservatrice et traditionnelle

Wikipedia, the deeply conservative and traditional encyclopedia

Wikipédia, l'encyclopédie profondément conservatrice et traditionnelle, tout du moins est-ce l'avis de Brianna, dans le post liée ci-dessus où elle essaye de synthétiser les raisons de la chose. Je suis de l'avis que Wikipédia est effectivement une encyclopédie réac dans son traitement (même si outrageusement révolutionnaire dans son concept) et qui refuse par tous les moyens de faire quelque chose de vraiment différent des supports papiers classiques, mais pas forcément pour les raisons de Brianna : pour moi, ça a toujours été le cas, depuis le début.

« What's interesting now is that when I see people say “I love Wikipedia”, it's almost always for all the ways it is not a traditional encyclopedia. » Je sais que ça en ulcère beaucoup, mais c'est poutant ça.

mardi 7 octobre 2008

L'idée un peu bêbête du jour

Truc pour avoir plein d'articles :
  • Prendre une carte de l'IGN, la série bleue. À défaut, aller sur le Géoportail.
  • Faire un article sur tous les lieux, villages, rivières, lacs, monts, forêt, etc. nommés sur la carte
(Ah ben oui, j'avais bien dit que c'était un peu bêbête.)

mardi 30 septembre 2008

Un autre univers

(Attention, ce post n'a pas grand chose à voir avec Wikipédia.)

Villes ou agglomérations de plus d'un million d'habitants situées sur le cours du Yangzi Jiang :
Panzhihua, Luzhou, Chongqing, Yichang, Jingzhou, Yueyang, Wuhan, Ezhou, Huangshi, Huanggang, Chaohu, Chizhou, Anqing, Wuhu, Hefei, Chuzhou, Ma'anshan, Taizhou, Yangzhou, Zhenjiang, Nankin, Nantong, Shanghai. Plusieurs dépassent les cinq millions d'habitants.

Vous en connaissiez combien, vous ?

lundi 29 septembre 2008

La demoscene, ou comment la sourcer

Au début de mon adolescence, vers la fin des années 1980, alors que je commençais à me servir des bestioles qui servaient d'ordinateur personnel à l'époque (oui, je sais, vous avez tous appris l'informatique à l'époque de l'ENIAC, je suis arrivé là dedans sur le tard), je suis tombé sur le phénomène des démos. Si vous ne savez pas ce que c'est, c'est un peu coton à expliquer. En gros, c'est un programme qui n'a pour pour but que de montrer de façon esthétique les capacités programmatrices d'un ou plusieurs individus, en mettant en scène des séquences graphiques et musicales, sans interaction de la part du spectateur. Ça serait un peu comme de l'art vidéo, mais conduit par et pour le code (et réalisé par des adolescents, essentiellement). Bon, allez plutôt voir l'article de WP sur la scène démo, ça sera aussi simple.

Alors, pourquoi je parle de ça, moi ? Béh, c'est un sujet que je connais relativement bien (en tout cas pour la décennie 1988-1998), mais où le sourçage d'info est assez rock'n'roll. M'étonnerait qu'on trouve beaucoup de sources secondaires sérieuses sur le sujet. Bon, y'a bien eu quelques sujets dans Tilt et Joystick, si on veut se limiter au support papier, mais sinon, les infos se pêchent surtout dans le monde électronique et incertain des forums en ligne, des BBS ou, pire, des disk magazines créés spécialement pour l'occasion. Typiquement, on est constamment à la limite de ce qui est acceptable sur Wikipédia (les Pokémons, à côté, c'est du sujet traité par Britannica). Sur fr:, il n'y a guère d'article que sur Second Reality, et il est bien exécrable.  Sur en:, State of the Art et Crystal Dream 2 sur présentes, et c'est à peu près tout. Rien sur Voyage, Odyssey, HumantargetSquare ou Paper, par exemple.

C'est assez étonnant, puisqu'il s'agit d'un sujet monstrueusement, entièrement, intégralement geek, dont on attendrait le traitement sur Wikipédia, le refuge de tout ce que la terre comporte comme boutonneux aux lunettes et aux doigts carrés. Et pourtant non. Il faut avouer que le traitement de la chose est un véritable challenge, ne serait-ce qu'en terme d'admissibilité.

Il y a pire si on commence à s'intéresser aux MOD, ces modules musicaux utilisés (pas exclusivement ceci dit) dans les démos de l'époque... Je me souviens d'un titre, intitulé Klisje På Klisje, et je pense qu'il doit rappeler des trucs à d'autres personnes de mon âge (enfin, j'espère). Je sais qu'il fut assez connu dans le milieu, mais à part qu'il fut composé en 1991 par un certain Walkman des Cryptoburners, nada. Ça fait peu, pour ce morceau, certes musicalement mauvais, mais qui me rappelle toute une partie de ma vie... Hors critères, forcément hors critères...

Lorsque je disparaitrai, cette étrange expertise partira avec moi. Je sais bien que Wikipédia n'a pas pour vocation d'accueillir toute la misère du monde, mais, quand même, c'est un peu bête, non ?

Les infoboxes, ou le fléau des temps modernes

À la base, le wiki, c'est un peu fait pour simplifier l'édition ; le truc, c'est que c'est parfois un peu cru. Du coup, on a rajouté deux machins histoire de rendre le bouzin un peu plus puissant : les catégories et les modèles. Les catégories, parce qu'il manquait un moyen simple de regrouper des articles par thèmes. Les modèles, parce qu'il est parfois intéressant d'automatiser certaines tâches.

Si les catégories ne posent pas trop de problème, malgré leur statut de pièce rapportée à l'arrache, il n'en va pas de même pour les modèles. Certes, écrire « {{e}} » au lieu de « <sup class="exposant">e</sup> » est plus simple, mais parfois, ça en devient complètement illisible. Pire, presque inéditable. Je ne vais pas détailler, cette personne l'a fait mieux que moi (mais en anglais, désolé).

Concrètement, un article possède bien souvent, de base, les modèles suivants :
  • En haut, un bandeau d'ébauche.
  • Tout de suite, sur la droite, une infobox.
  • En bas, une palette de navigation.
  • Juste dessous, un bandeau de portail.
Bon, je sais qu'il y en a pas mal qui sont totalement opposés à ces modèles (ou seulement à certains, les autres étant jugés utiles pour des raisons qui me dépassent un peu). Généralement, c'est l'infobox qui provoque le plus de haine. Pour ma part, je la trouve très utile et je l'utilise souvent car elle me permet d'avoir un aperçu synthétique du sujet sous un autre angle que le paragraphe d'introduction. Enfin, pas sur tous les sujets, quand même. Pour un sujet dont les informations sont quantifiables et systématiques, c'est intéressant. Si on se retrouve à paraphraser la phrase d'intro, je suis sceptique. En gros, je trouve l'infobox très utile sur les objets du système solaire, mais assez peu sur les personnalités.

Je serai cependant honnête : je trouve que le concept d'infobox est pertinent. Parce que son implémentation actuelle, euh, moins. C'est pas forcément évident, faut remplir des paramètres, comprendre que certains affichent des trucs et pas d'autres, y'a rien de standardisé et ça pourrit les vingt premières lignes d'un article. Et puis, bon, parfois, c'est moche. Et ça, c'est juste pour utiliser une infobox. En créer une, c'est la panique assurée.

Il se trouve que je sais créer des infoboxes (pas tous les types, cependant). C'est une forme d'expertise assez curieuse et j'ai de temps à autre des commandes (je ne sais pas comment nommer ça autrement). Qu'on juge de ce qu'il me faut faire :
  •  Je crée l'infobox de test dans une sous-page utilisateur. À l'aveugle, puisqu'il s'agit d'un modèle qui ne prend sa véritable envergure qu'appelé avec les paramètres adéquats. Pour prévisualiser, je suis obligé de sauver cette page, de l'appeler depuis une autre sous-page de test, et de recommencer l'opération pour chaque modification.
  • Je dois utiliser une syntaxe bizarre à base de parser functions, de {{!}} ou de {{!-}} et mélanger tout ça à la gestion des tableaux sous wiki (alors que, conceptuellement, il ne s'agit pas d'un tableau).
  • Une fois à peu près sûr de mon coup, je peux créer la page du modèle, puis la page de documentation qu'il me faudra transclure dans la première. Au passage, quand on éditera l'infobox, on n'éditera pas ce qu'on voit à l'écran, mais on ne verra pas à l'écran ce qu'on éditera.
Au final, je me retrouve avec un truc super complexe que je serai certainement le seul à savoir éditer, dans la mesure où je me souviendrai de ce que j'ai fait six mois après.

En résumé, c'est un peu la louze.

Le pire, c'est que ce système est réellement plus simple que les palliatifs originaux. Le besoin d'infoboxes (et de palettes, et de catégories, etc.) s'est fait très tôt sentir : un article, ce n'est pas seulement du texte, c'est aussi de la navigation et de la classification. Sauf qu'à l'époque, les infoboxes étaient codées en dur dans le texte (vous pouvez regarder l'infobox originelle de l'article « France », en 2003 ; on en trouve toujours parfois de ce genre, par exemple sur ce satellite naturel de Saturne). Comme il n'est pas très raisonnable de prôner la suppression totale de ce genre de modèles (même si l'idée est en l'air et possède ses zélateurs), il faudra bien, un jour, se demander comment on pourrait faire pour simplifier tout ça. Parfois, on frôle l'asphyxie textuelle.

mercredi 24 septembre 2008

Wikipédia ou l'éternel recensement de tout

C'était une question que je me posais depuis un moment. Combien de subdivisions administratives existe-t-il dans le monde ? Vous savez, les régions, les départements, les provinces, ce genre de choses.

Grâce à ce magnifique tableau des subdivisions administratives par pays, j'ai la réponse : environ 550 000.

On a encore du boulot.

Wikipédia comme porte-voix à travers les siècles

Tiens, hier, mû par un besoin irrépressible, j'ai tenté d'améliorer l'article sur le calendrier julien (qui n'était quand même pas top avant).

(En apparté, je sais qu'il est d'usage parmi les vieux de la vieille de prétendre ne plus jamais contribuer à Wikipédia, mais il se trouve que j'aime toujours autant ça, comme au premier jour il y a bientôt cinq ans.)

Alors, mon problème, c'est que si je comprends assez bien les problèmes calendaires, je suis moins calé sur la méthode historique et je ne connais pas convenablement la civilisation romaine. Bon, j'espère ne pas avoir trop rédigé ça avec les pieds (même si je suis bien conscient que, si, un peu, quand même).

Il se trouve que ce calendrier a introduit un jour bissextile qui, à terme, à donné naissance à notre 29 février à nous. Malheureusement, c'est un peu le bordel à l'origine et personne ne semble très bien savoir où il était précisément, au début, ce jour bissextile. Il semble que César a négligé de rédiger le manuel d'utilisation de son calendrier, se contentant d'un pot avec les autres pontifes pour leur parler du bouzin, ou alors que l'annexe explicative relative au jour intercalaire se soit autant perdu que l'erratum d'un magazine Ikea d'il y a deux ans (celui où on vous apprend que la housse bayadère de l'Ektorp n'est disponible qu'en taille trois places). Bref, ce point, c'est un peu la zone.

Il m'apparait donc indispensable qu'on case le maximum de choses dans Wikipédia, même des trucs cons, même des trucs évidents, et qu'on les explicite de façon claire et précise. C'est la meilleure façon pour que les types qui viendront dans quelques siècles puissent comprendre facilement ce qu'on avait à dire.

jeudi 18 septembre 2008

J'apostrophe !...

Sur Wikipédia, on passe beaucoup de temps à discuter de ce qu'il faudrait faire (dans la mesure où il faudrait le faire, bien sûr, ce qui donne lieu à d'autres discussions tout aussi fondamentales). On appelle ça le processus de prise de décision. Ça consiste en gros à parler pendant des mois pour finalement ne rien décider. C'est l'équivalent des commissions gouvernementales dans l'encyclopédie en ligne.

Actuellement, il y a une discussion en cours sur l'usage de l'apostrophe typographique (si vous ignoriez jusque là ce qu'est une apostrophe typographique, ou simplement qu'il puisse y avoir lieu de se poser la question de son emploi dans une encyclopédie en ligne grand public, vous êtes un contributeur heureux). La page de discussion atteint 298 073 caractères, soit la longueur d'un petit livre de poche. Depuis sa création à la fin mai 2008 (oui, la discussion sur ce sujet fondamental court depuis près de quatre mois sans arriver quelque part), elle a été éditée 711 fois, soit en moyenne toutes les 3 heures 30, par 41 contributeurs différents. Grosso modo, elle est vue 40 fois par jour. Des chiffres dignes d'un article significatif dans l'espace encyclopédique.

Messieurs, toutes mes félicitations. Bravo.

Wikiborg

Wikipédia est une entreprise à visées hégémoniques, tendant à absorber l'intégralité de ce que la terre compte comme sites persos. Vous êtes fan de chemins de fer, de breakbeat hardcore, de jansénisme ou des jeux vidéos publiés sur la Vectrex en 1983 ? Avant, vous auriez monté votre site dans votre coin, galéré pour trouver une présentation potable et abandonné devant le nombre de pages à rédiger ; en plus, vous auriez fait ça tout seul. Désormais, Wikipédia vous offre une excellente plate-forme de publication. Grâce à elle, vous n'avez aucun problème à expliciter votre hobby à la face du monde. Moyennant quelques petites restrictions contractuelles (neutralité, travail inédit, ce genre de choses), vous bénéficiez d'un hébergement gratuit, d'une interface robuste et d'un système hypertextuel simplifiant l'architecture de votre projet. En plus, vous ne serez plus jamais seul et vos connaissances seront liées aux sujets connexes d'une façon dont vous n'auriez jamais rêvé si vous étiez resté dans votre coin.

Bon, maintenant, comment est-ce qu'on pourrait bien assimiler un truc comme ça ?

mardi 16 septembre 2008

Infodisiac

Infodisiac est un nouveau blog anglophone, tenu par Erik Zachte, la personne chargée des stats pour la Foundation. Cool.

mardi 9 septembre 2008

Geotag everything!

J'imagine que tout le monde ici connait le petit modèle {{coord}}. Il se place en haut à droite des articles et permet d'en donner la localisation géographique. Bien sûr décrié, parce qu'intrusif, conduisant à des liens externes, pas encyclopédiques, etc.

Si ça se trouve, ce petit machin tout bête est l'une des plus grandes réussites de Wikipédia, parce qu'il est facilement réutilisé par des applications tierces. Par exemple, Google Maps donne la possibilité d'afficher directement sur sa carte des liens vers les articles correspondants, offrant une dimension supplémentaire à cet atlas en ligne. Pour Google Maps, ça permet d'offrir des informations sur ce qui est affiché à l'écran, sans avoir à se retaper le boulot de Wikipédia. Pour Wikipédia, ça permet de visualiser les articles différemment, sans réinventer la roue.

Récemment, je me suis offert un iPhone. Il possède un GPS, pas toujours très précis mais globalement suffisant. Forcément, quelqu'un a programmé GeoPedia, un utilitaire qui regarde où je suis et me retourne la liste des articles de Wikipédia correspondant à des lieux proches de moi. Encore une autre façon d'organiser les articles dont l'existence est possible parce qu'on s'est cassé à les géolocaliser. Bien sûr, les esprits chagrins me diront que ce n'est qu'un gadget et que la qualité et la quantité et tout ça : et alors ?

jeudi 4 septembre 2008

Défense de la veuve et de l'orphelin

Je suis tombé ce matin sur un article de Télérama concernant les orphan works. Les « œuvres orphelines », ce sont en gros ces œuvres dont le détenteur des droits est introuvable, ou très difficile à contacter. Il existe tout un mouvement visant à accroitre les possibilités d'utilisation de ces œuvres par des tiers — ce qui est, pour l'instant, plutôt illégal, même si par nature très difficile faire respecter (le Congrès américain, par exemple, a tenté il y a peu de faire passer une loi visant entre autre à les placer directement dans le domaine public).

Donc, je lisais cet article et me disais en mon for intérieur : « purée, qu'est-ce que ça simplifierait notre vie de wikipédiens, un truc pareil ».

Évidemment, l'article avait un avis assez différent du mien, qui mélait anti-américanisme de base (« ce machin, c'est encore un truc des impérialistes gougeuliens pour se faire du fric sur notre dos et ces grands enfants d'Amerloques ne font rien contre ») et défense de la pureté du territoire (« nous, on ne vole pas les auteurs, monsieur »). Bref, c'est pas gagné.

(Ah, et faut que j'arrête de lire Télérama, je ne suis pas — plus ? — assez bobo parisien pour ça. En plus, le journal était carrément mieux quand il était encore tenu par des cathos.)

mercredi 3 septembre 2008

Facho de base

On va continuer longtemps à tolérer les sociopathes qui naviguent en permanence entre l'insulte et le mépris ? Ceux pour qui Wikipédia n'est qu'un vaste terrain de jeu pour leur égo ? Ceux qui n'hésitent pas à tout désorganiser, par petits bouts ? Ceux qui provoquent des volumes de discussion où tout le monde s'engueule à la fin ?

(C'est purement rhétorique : je sais bien qu'on va continuer à tolérer les sociopathes de ce genre. En plus, dans ces cas là, on les laisse vivre et on tombe sur le premier mec normal qui est légèrement exaspéré. Faites moi marrer et prétendez le contraire, pour voir.)

Donc, qu'est-ce qu'on attend pour non seulement bloquer les types qui foutent la merde, mais également tous ceux qui les soutiennent ? En bloc. Et pas après trois cent mille tergiversations sur les pages communautaires.

mardi 2 septembre 2008

Esprit de ruche, sagesse collective et vice-présidents

Intéressant article du Washington Post sur un phénomène amusant : dans la semaine précédent la nomination officielle des candidats à la vice-présidence des deux principaux partis américains, les articles anglais de Palin et de Biden ont été considérablement édités. Et les éditeurs en question ont été bien plus à même d'éditer également les articles de McCain et d'Obama que les autres.

Que ces articles furent fortement édités après l'investiture, soit. Mais qu'ils le furent avant, c'est autre chose. Surtout que les articles des autres vices-présidents potentiels le furent nettement moins. Il se trouve que les éditions furent intéressantes (sources, précisions, etc.), ce qui limite leur provenance d'un service de RP. Autrement dit, collectivement, les éditeurs ont édité les bons articles.

Y'a du boulot à creuser pour les chasseurs de hype : analyser les éditions sur Wikipédia.

(Via WpB, lui même via TfD.)

lundi 1 septembre 2008

Crédo

J'ai souvent l'impression qu'on a une image de moi assez déformée, sur Wikipédia. D'après ce que j'ai compris, je ne suis qu'un affreux inclusionniste qui encourage tout le monde à écrire sur n'importe quel sujet, on s'en fout de si c'est justifié et on n'a pas besoin de s'expliquer, tout est encyclopédique. Bon, c'est pas bien grave en général (sauf que personne ne semble me prendre au sérieux), mais j'ai lu récemment sur un blog de très bonne tenue que je suis un complice des vandales et que mes idées sont une incitation à la débauche (je caricature si je veux). Je pense donc qu'il est temps que je clarifie un peu ma position idéologique. Tout le monde s'en fout complètement, mais ça me fera au moins un post.

Mes critères d'inclusion sont extrêmement larges, c'est vrai. Je pense que Wikipédia a tout à gagner à accueillir tout ce qui bouge. Ou, plus exactement, qu'elle n'a rien à y perdre, qu'un article d'une ligne sur un sujet pas connu est toujours mieux que pas d'article du tout et qu'on n'a de toute façon pas de raison à décider de ce qui intéresse les lecteurs à leur place (d'ailleurs, on ignore ce qui les intéresse, alors c'est vite plié). Avoir des millions d'articles n'est pas un problème, c'est une force. Même un article qui ne contient que des données brutes ne me semble pas inutile.

Bon, j'espère qu'avec ça, j'ai déjà tué la majorité des trois lecteurs de ce blog (et que le dernier a l'impression que je me fous du monde). Ah ben, j'avais dit que je voulais clarifier ma position, hein, je tiens mes promesses.

Évidemment, tout cet inclusionnisme enragé s'accompagne de grosses conditions : vérifiabilité, pertinence, rien d'inédit. Plus que dans les débats sans fin sur les critères d'admissibilité, c'est là-dessus qu'on doit mettre l'accent, à mon avis. Ça veut dire par exemple qu'on ne fait pas d'article sur le groupe de rock du garage parce que personne n'en a jamais parlé ailleurs, que les travaux généalogiques n'ont rien à faire ici, qu'on n'analyse pas tout seul les données brutes suscitées (même pour dire des trucs aussi basiques que ça augmente ou que ça diminue), et tout ça tout ça. En gros, mon idée, c'est qu'il vaut mieux se baser sur les principes de base, c'est plus efficace parce qu'on ne sait pas à priori ce qui peut être créé. Par contre, il faut être très strict avec ces principes.

Voilà, vous pouvez désormais dire autour de vous que je ne suis qu'un doux rêveur, que mes idées sont inapplicables, que je ne sais même pas faire la différence entre une source primaire et une source secondaire et que j'approuve moralement le vandalisme.

jeudi 14 août 2008

Interrogation bassement inclusionniste

Si un article ne gêne personne, quelle raison y a-t-il de le supprimer ?


Non, sérieusement ?

mercredi 13 août 2008

Se tromper de but en pensant être sur le bon chemin

Parfois, je me dis qu'il faudrait vraiment que je remplisse ce blog, que j'ai une audience, pas grand chose mais quand même pas rien. Parfois, je le remplis réellement ; c'est plus rare, mais ça m'arrive.

Bref, il y a quelques jours, m'zelle Serein a publié un post sur son blog à propos du traitement de l'Histoire sur Wikipédia, et de son évolution récente. Comme d'habitude, c'est bien pensé, bien écrit et intelligent (Serein, je te jette des fleurs si je veux). Je ne vais pas paraphraser ce qu'elle a dit, mais ça m'a inspiré quelques pensées.

En tout premier lieu, elle a parfaitement raison de dire que « l'amélioration des articles d'histoire contribue à la crédibilisation de Wikipédia ». En fait, je pense que, dans l'imaginaire collectif, l'Histoire est le sujet central d'une encyclopédie (l'Histoire au sens très large, cependant, et pas forcément de la façon dont un authentique historien la comprend). Tiens, d'ailleurs, plusieurs fois, alors que j'évoquais un sujet possible d'article, j'ai déjà lu des commentaires du genre : « on peut faire un article là-dessus, mais à condition qu'il y ait des trucs à dire dessus, comme son histoire » ; c'est revenu régulièrement, assez pour me faire dire que l'Histoire, c'est un peu perçu comme la moelle épinière de Wikipédia. Bon, maintenant, c'est vrai ou pas, mais c'est un autre problème.

N'étant pas historien, j'ai souvent du mal à savoir si un article historique est potable ou pas. En revanche, il y a quand même des sujets dont le traitement m'agace prodigieusement. Dans mon cas, il s'agit des articles de physique (et si c'est de la physique quantique, je désespère — si quelqu'un est capable de piger ou veut en venir l'article sur le spin, il recevra toute ma considération). Y'a cette manie de faire apparaitre des équations en Latex dès que possible (ok, les maths apparaissent très très vite en physique, mais ça me semble être un autre problème ; comme repoussoir, les équations, y'a pas mieux). Y'a surtout cette volonté de traiter des aspects « magiques » de la physique : raconter directos l'historique du sujet, mettre l'accent sur des conséquences pseudo-philosophiques plus ou moins fantasmées, bref évacuer le plus possible toute physique réelle de l'article.

Bon, j'imagine que c'est pareil dans tous les domaines : sur un sujet quelconque, ceux qui ne s'y connaissent pas professionnellement vont mettre en avant des détails qui sembleront hors propos aux autres. C'est un thème récurrent des critiques de Wikipédia, après tout. Et puis il y a quand même des articles pas trop mal.

Si on me demande mon avis, un problème majeur de Wikipédia, c'est la littérature. Raconter les choses. Partir sur une approche romancée. Faire des phrases, même, à la limite. Masquer par du texte qu'on ne maitrise pas vraiment le sujet. Ou, pire, qu'on pense le maitriser, mais qu'on se plante complètement sur ce qu'il faut raconter. Je trouve que trop d'articles labélisés sont surtout de jolies rédactions, avec des titres de paragraphes bien chantournés mais une contextualisation et un enchaînement du contenu assez secondaires, voire douteux. Quand on me dit que les AdQ sont le but de beaucoup de contributeurs, parfois, ça m'angoisse.

lundi 28 juillet 2008

L'angoisse du wikipédien au moment de la publication

Mais qu'est-ce que je pourrais bien raconter sur la Haute-Loire ? O____o

vendredi 25 juillet 2008

Knol

Donc, Knol est sorti. J'ai joué un peu avec et j'ai quelques maigres trucs à dire dessus.


Pour ce que j'en ai compris, le but de Google est de pouvoir retourner des knols sur un sujet quand on le recherche. J'imagine que l'intérêt pour Google est d'accroitre la visibilité de leurs publicités, voire même d'en placer lorsque la recherche est initiée chez un concurrent. Je ne me prononcerait pas sur le sujet, mais ça ne me parait pas idiot. J'ai entendu des critiques protester que ça permettrait à Google de se faire plus de fric ; outre l'absurdité du commentaire (évidemment que Google cherche à se faire plus de fric, mais ce n'est pas intrinsèquement une mauvaise chose et probablement sans importance pour nous, à moins de considérer bien sûr que tout argent corrompt), il me semble qu'on oublie que le service peut apporter quelque chose à ses utilisateurs. Bref.


Techniquement, Knol enfonce Wikipedia. Wikipedia, c'est l'esprit du web de 1991 avec les moyens de 1995. Knol, à côté, donne l'impression d'avoir été conçu au XXIe siècle, et pas au début de celui-ci. Rien à redire, donc. Après tout, de la part de Google, c'était la moindre de choses.


Je crois qu'il y a une incompréhension de ce qu'est Knol. Ce n'est pas à proprement parler une encyclopédie, et jamais présenté comme tel. C'est plutôt une plate-forme dédiée au savoir individuel, un peu comme il y a des plate-formes de blogs. Ici, qui veut écrire une page sur un sujet quelconque se voit fournir les outils adéquats.


Knol est nettement plus libéral que Wikipedia, et ça ne concerne pas que les sujets. S'il est possible d'écrire des knols sur (pratiquement) ce qu'on veut, sans souci de critères, d'admissibilité, de travail inédit ou de neutralité de point de vue, on peut également sélectionner trois niveaux d'édition collaborative : totalement ouverte (n'importe quel utilisateur enregistré peut alors modifier le knol), modérée (les modifications ne sont publiées qu'après accord) ou fermée (le plus restrictif). Trois types de licence : Creative Commons, Creative Commons non-commercial, et tous droits réservés. Il est également possible d'autoriser la pub, ou pas.


Knol permet de vérifier l'historique d'un article, un point que je craignais de ne pas retrouver. C'est à mon avis l'un des points forts de Wikipédia, et je suis content de voir que Google l'a intégré. Il semble toutefois qu'il y ait des différences subtiles qu'il faudrait creuser.


Dans Wikipédia, la sélection du contenu se fait par consensus. Knol ignore ce principe. Google a choisi de sélectionner les sujets à la manière web 2.0 : ce sont les lecteurs qui notent le contenu. Plusieurs knols distincts sont possible pour un même sujet, autorisant autant de point de vue à s'exprimer (ainsi que différentes formulations et mises en perspective). C'est un choix à la fois facile et ambitieux, et je suis satisfait que Google s'y colle : ça permettra de voir si c'est viable, et dans quelle proportion. À priori, il n'y a aucune raison qu'on ne puisse pas avoir, sur un sujet complexe, un moins bon traitement que sur Wikipédia, la multiplication des knols (notés, je le rappelle) pouvant remplir cet office.


Par contre, Knol sacrifie au mythe de l'auteur. Ce n'est pas parce que son auteur est identifié qu'un sujet est mieux traité. Les gens peuvent mal s'exprimer, se tromper, mentir, être de mauvaise foi, et toutes autres choses encore. Avoir un expert sous le coude ne change pas grand chose (ça déplace juste le problème sur la compétence de l'expert). Et Knol ne met pas en place un système de peer review suffisamment solide pour répondre à ce point. Les lecteurs auront probablement plus l'impression que les knols sont plus fiables que les articles de Wikipédia, mais ça restera une impression. Il ne le seront pas moins, certes, mais vraisemblablement pas plus. Et certainement pas tout le temps.


Tout knol est une île. Les liens internes de Wikipédia sont une vraie force. Knol ne possède pas de système équivalent. J'ignore si ça sera un problème.


Pour conclure, je pense que Knol est la première alternative crédible à Wikipedia à avoir jamais vu le jour. Comme on dit, l'avenir dira si le choix était bon. En tout cas, même sans concurrencer directement Wikipedia, Knol ne pourra s'étendre qu'en empiétant sur elle (le temps des contributeurs n'est pas extensible). Ou alors, Knol permettra de flanquer un coup de pied au derrière virtuel de Wikipedia, qui a bien besoin, je pense, d'un peu d'adrénaline. Knol me semble posséder un côté anti-paternaliste qui n'est pas pour me déplaire (chacun choisit ce qu'il estime le mieux comme sujet et comme façon de le rédiger, et tout le monde finit par donner l'opinion qu'il désire). Par contre, rédiger un knol tout seul, c'est dur. Oh, bon, on peut toujours commencer quelque part.