lundi 29 décembre 2008

Barbare blanc

J'ai 10 ans. Toutes les semaines, en français, les élèves choisissent un livre à lire dans la bibliothèque de la classe. Les auteurs classiques commencent déjà à m'emmerder, alors j'opte pour un livre-jeu. Le regard noir de la prof me confirme que ce n'est pas parce que j'ai le droit de le prendre que j'ai le droit de le prendre. Je le prends quand même.

J'ai 12 ans. La psychose anti-jeux de rôle s'installe en France. Il est attendu que nous passions nos week-ends de façon constructive, à effectuer des activités saines et adaptées à notre développement de pré-adolescents, pas à vivre comme des autistes dans un monde fantasmé. Avec des copains, je débute une campagne de Stormbringer.

J'ai 14 ans. Je tapote sur les synthés en démonstration à l'hypermarché du coin pendant la folie de Noël. Un collègue de mon père passe par là et tient à m'expliquer que tout ça ne vaut rien, que ce genre d'instrument est méprisable et que la seule vraie musique n'a pas besoin d'amplification. Je me découvre un intérêt pour la musique électronique.

J'ai 15 ans. La prof de français souhaite nous faire écrire des fiches de lecture. Tous les sujets, tout les genres sont autorisés, à l'interdiction spécifique et formelle de la science-fiction. Par chance, j'ai justement Fondation sous le coude.

J'ai 16 ans. Le prof de physique met un point d'honneur à ne pas préparer ses élèves à utiliser une calculatrice, dans un grand argumentaire qui mélange décadence du calcul mental, jeunesse qui ne sait plus compter et science physique qui ne doit pas reposer sur les nombres. Il se révèle incapable d'imposer la règle à calcul et nous regarde, dépité, taper les résultats exacts à la machine. Je m'en fous et programme un artilleur sur ma Casio.

J'ai 17 ans. Nous papotons entre camarades de classe et la prof nous lâche avec le rictus de mépris de celle qui sait la distinction entre le Bien et le Mal : "alors, encore en train de parler de jeux vidéo ?"

J'ai 20 ans et commet l'erreur de faire des études sans lien évident avec mes envies. Dans ma Grande Ecole, le club étudiant le plus important est le club musique. Il est squatté par des émules de Nirvana qui tentent de jouer Smells Like Teen Spirit à la gratte. Agacé par tant de sérieux, j'écoute des tas de trucs qui ne le sont pas. Le mépris agressif que je reçois me fait prendre conscience que même chez les sous-cultureux, on sait faire la distinction entre le Bien et le Mal.

J'ai 22 ans. Les Japonais sont des fourmis qui tentent d'abrutir le monde occidental avec du sexe et de la violence. Je squatte les lecteurs LD des potes et participe activement à la ruine de mon pays en m'abrutissant d'animation japonaise.

J'ai 23 ans. L'un de ces potes regarde mon cd d'Autechre et cache difficilement son ironie pour ces rythmes décérébrants qui méritent à peine le nom de musique. Je passe sous silence son amour des jeunes voix féminines japonaises histoire de ne pas compromettre notre amitié.

J'ai 28 ans. Je découvre sur Wikipédia des tonnes de gens partageant mes connaissances alternatives. On tente de me faire admettre que la méthode n'est pas la bonne et qu'il ne faut pas mettre tous les sujets sur le même plan. Insensible à ce genre d'argument par la force des choses, je n'écoute pas les fâcheux. Personne ne le fait, d'ailleurs. Ils en ont agacé et en tirent la conclusion étrange qu'ils ont raison et tous les autres tort. J'ai du mal à suivre la logique.

Je suis un barbare. Un barbare très éduqué, qui a lu, vu et entendu ce qu'il faut, mais un barbare néanmoins.  Livré à moi-même, mes centres d'intérêt ne sont furieusement pas classiques. J'ai eu le temps de constater que, quoi qu'il arrive, on exige que je reconnaisse l'infériorité intrinsèque de ce qui m'intéresse. Grâce à Wikipédia, j'ai compris que des types comme moi, le monde en est rempli. Je ne dis rien en dehors de ce projet, mais dessus, voilà ma réponse aux nombreux qui voudraient qu'une fois encore je courbe l'échine : allez voir sur une autre encyclopédie si j'y suis.

Sur Wikipédia, les barbares n'ont pas envahi Rome : ils ont construit eux-mêmes la ville. Parfois, je me promène sur le forum et j'entends un orateur tenter de rallier les foules car les babares seraient amassés aux portes. J'en ris encore.

EDIT : on m'a signalé que mon insulte finale était bien peu classe et, après une nuit de sommeil, je me rends compte qu'elle était bien trop agressive. J'ai donc légèrement changé sa formulation.

vendredi 19 décembre 2008

The Internet is for porn

En Allemagne, le gouvernement met plus de 100 000 images sur Commons. Aux States, on va jusqu'à intégrer Wikipedia dans la publication scientifique.

En en France ?

En France, voilà ce que Frédéric Lefebvre , député des Hauts-de-Seine, disait d'Internet à l'Assemblée Nationale pas plus tard que le 15 décembre
L’absence de régulation financière a provoqué des faillites. L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l’absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d’adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ?
C'est beau. On dirait du poulpe.

jeudi 18 décembre 2008

v(^_^)__V

Ce post est une spéciale dédicace pour Alithia :


Wikipédia, c'est bien.


Voilà. Le seul problème, c'est que je ne saurai jamais ce que ça donnera, vu que je ne lis pas Alithia. v(^_^)__V

Les titres, c'est pas neutre

Comme beaucoup de points sans importance dans la wikisphère, celui-ci a débuté au saloon : TiboF s'y demandait benoîtement pourquoi la ville que tout le monde connaît comme Annay-sous-Lens se faisait appeler Annay (Pas-de-Calais) sur Wikipédia. La réponse : c'est parce que l'administration française fait comme ça. C'est pas con, mais j'avais envie de répondre que Wikipédia n'est pas un organisme de l'État français et que ce n'est pas parce qu'il dit quelque chose qu'on est obligé de le suivre. D'un autre côté, il faut bien donner un titre aux articles, et partir sur un standard commun n'est pas une idée idiote. Je trouve juste que l'explication fournie à ce cher TiboF est légèrement réductrice.

De façon plus large, ce passage met en évidence un problème important de Wikipédia : le titre. Comme tout le monde le sait, Wikipédia repose sur la neutralité eud'point eud'vue. La Népève, ça consiste à citer tous les points de vue pertinent (en gros). Le hic, c'est que ça s'arrête au titre. Et là, c'est boulet : le titre, c'est ce que les gens voient en premier. Et tout le monde sait que nommer une chose, c'est outrageusement important. Donc, arghation.

Je ne veux pas jeter la pierre aux types qui ont pondu le logiciel qui fait tourner la machine : quand ils ont commencé leur machin, ils ne pouvaient pas savoir que les gens se déchireraient pour savoir si Tokyo doit être diacrité ou si le prix Nobel le reste en économie. Bref, si un jour une nouvelle version sort, faudra étendre la n²p²v aux titres.

mardi 16 décembre 2008

Critère mal tourné

Je suis toujours surpris qu'on dise des trucs du genre : « ce machin, on ne s'en souviendra plus dans six mois, ça sert à rien d'en parler sur Wikipédia ».

Dans l'absolu, si quelque chose risque l'oubli, n'est-ce pas le but de Wikipédia d'en garder une trace ?

lundi 15 décembre 2008

Petite réflexion sans prétention sur les experts

Si je résume les commentaires que j'ai reçu à propos ce post, si les articles scientifiques francophones sont aussi nuls, c'est parce que l'anglais est la langue de communication dans ce domaine. Soit. Ça me semble en partie logique, mais en partie seulement : écrire un article encyclopédique, contrairement à ce qu'on entend souvent, ça n'a pas grand chose à voir avec la production d'un papier de recherche. Autrement dit, ce n'est pas parce que les chercheurs du monde entier doivent écrire en anglais pour leur boulot que les articles sur les sujets correspondants seront forcément mieux traités en anglais. En tout cas, pas directement. Certes, il y a un lien, ok. Certes, avoir un expert, c'est mieux pour rédiger un article. Mais supposer que les articles sur des sujets pointus sont rédigés par des chercheurs, des universitaires, bref des diplômés, des types qui savent de quoi ils parlent, d'expérience ça me semble douteux. Mais au final, y'a des chances que ça se vérifient quand même.

Si vous souhaitez faire rédiger un article d'encyclopédie sur un sujet, vous avez plusieurs options :
  • aller chercher un spécialiste pour ça ;
  • donner la possibilité à un spécialiste d'écrire l'article ;
  • autoriser tout le monde à écrire sur le sujet, en espérant que ça donnera quelque chose au final.
Le première méthode, c'est celle d'une encyclopédie classique et elle est évidente. La deuxième, l'approche Citizendium, en est l'adaptation avec les moyens actuels. La troisième, celle de Wikipédia, est la moins intuitive et nécessite d'avoir un gros parc de contributeurs pour produire quelque chose.

Conséquences :
  • Ce qui se développera le mieux, ce sera les articles non académiques. Wikipédia n'est pas l'encyclopédie des Pokémons pour rien.
  • Sur les sujets pointus, des tas de gens qui n'y connaissent rien vont écrire n'importe quoi avec applomb et ça découragera les types qui savent vraiment de quoi ils parlent (qui n'ont pas la possibilité de le prouver, vu la structure de Wikipédia).
  • Si vous voulez quand même rédiger des articles sur des sujets académiques qui ne soient pas ridicules aux yeux corps tout aussi académique, va falloir faire un effort pour attirer la main d'œuvre spécialisée. Et sur les sujets scientifiques, elle va aller écrire en anglais, visiblement.
Donc, sur fr:, le plus efficace serait probablement de lancer de vastes programmes de traduction d'en:. Plutôt que de râler perpétuellement, faudrait s'en donner les moyens (oui, c'est valable aussi pour moi).

Bon, la prochaine fois, j'évite de faire un post de comptoir à deux balles, promis.

samedi 13 décembre 2008

Je pourrais bien sûr hausser les épaules et faire autre chose, mais j'avais envie d'écrire un post

Il est parfois difficile de comprendre pourquoi certaines personnes s'accrochent à certaines croyances envers et contre tout (les créationnistes face à l'évolution, les communistes devant l'économie de marché1, ce genre de trucs). Dans le cas qui concerne ce blog, c'est Citizendium qui m'interpelle vachement au niveau du vécu.

Pour mes lecteurs qui l'ignoreraient, Citizendium est un site créé par Larry Sanger afin de faire mieux que Wikipédia. Pour ce que j'en ai compris, l'idée était d'obliger les gens à contribuer sous leur propre véritable état civil et à mettre en place une sorte de comité éditorial. Comme de juste, le système n'a essentiellement rien produit (sauf si vous arrivez à percevoir 8 600 articles en deux ans, dont seulement 80 d'approuvés, comme une réussite flagrante). Bon, ok, ça fait juste un concurrent wikencyclopédique de plus qui se transforme en pétard mouillé. Rien de bien grave au final. Mais en fait, moi, ce qui m'agace, c'est cette supériorité morale dont se pare Sanger.

Il y a quelques jours, Sanger indiquait sur son blog que, oui, Wikipédia contenait des images pédophiles de pré-adolescentes dans des poses suggestives. C'était l'occasion pour lui d'expliquer que sur Citizendium, cette image ne serait jamais présente (car voulons-nous vraiment que les yeux innocents de nos enfants par hasard sur de la pédopornographie ?) et d'ailleurs que Citizendium ne connait aucun vandalisme, que les gens y sont bien élevés et que le projet croît régulièrement. Hmm... Et mon cul, c'est du calamar ?

Son post est un modèle d'hypocrisie, où les défenseurs de Wikipédia sont des réactionnaires autoritaires défenseurs de la pédophilie et où Citizendium construit patiemment le futur glorieux de la Nation grâce à son esprit de pionnier et sa rigueur morale. Il faut le lire pour le croire.

Dans son dernier post, Sanger mentionne un essai qu'il a écrit à propos de l'économie et qui débute par ces mots :
I am not an economist, but I was trained in philosophy and I have spent a lot of time managing arguments between ideological foes in open community projects online. So I think I know a few things about ideology, and I just wanted to say a few things about the nature of ideology and science, and the puzzling suggestion of an ideology-free science of economics.
Si, si. Larry Sanger, le type qui pense que Wikipédia est dirigée par des types qui ont des avis sur tout et abusent de l'argument d'autorité pour faire passer leurs biais idéologiques arrive à débuter son texte en disant : « je n'y connais rien à l'économie, mais je vais quand même vous asséner mon point de vue parce que j'ai plus d'expérience que vous dans des domaines annexes que je cite en bloc en espérant que vous n'aurez pas le temps de reprendre votre souffle ». C'est beau, non ?

Si Wikipédia est irresponsable et Citizendium le modèle à suivre, je crois que je préfère avoir tort avec Wales que raison avec Sanger.

1. Normalement, cet exemple devrait faire rappliquer les trolls, ou alors c'est à se flinguer.

vendredi 12 décembre 2008

Les Français sont nuls (en science)

Un truc qui m'étonne, sur fr:, c'est la nullité abyssale de tout ce qui concerne les sciences dures. Les articles sont indigents, les sujets fondamentaux à peine abordés. Si les geeks forment le gros des troupes de Wikipédia, il faut admettre que la geekitude et la formation aux disciplines scientifiques sont deux choses totalement distinctes.

C'était prévisible. La physique quantique, par exemple, est une discipline complexe qu'il est préférable d'avoir étudié sérieusement ne serait-ce que pour commencer à ne plus raconter de conneries à son sujet. Forcément, vu le mode de fonctionnement de Wikipédia, ça limite son développement.

Bref, les articles scientifiques de fr: sont nazes. Et à côté d'en:, ils font clairement pitié. À croire qu'ici, on n'est pas capable d'inciter les gens compétents à écrire sur la-dessus. C'est étonnant parce qu'il y a d'autres domaines tout aussi complexes où ça ne me semble pas aussi vrai (l'Histoire, je crois bien). Alors quoi ?

PS : pas totalement une science dure, mais le traitement de la théorie des graphes est catastrophique, sur fr:. Un article de base comme le lexique n'a été édité qu'une quarantaine de fois en deux ans et est intégralement mis en forme en HTML, pas en wiki. Si vous vous en sentez le courage, il y a une tripotée d'articles à traduire d'en:.

jeudi 11 décembre 2008

Les deux théorèmes du poulpe

Tiens, histoire de se détendre, deux statistiques wikipédiennes basées sur des recherches très sérieuses (entre le doigt mouillé et le pipotage intégral, en gros) :
  • Il faut 1 000 visites sur un article pour avoir une seule contribution (la correction d'une virgule, par exemple).
  • Sur un sujet encyclopédique non standard, la PàS se partage en deux camps : deux tiers sont pour la conservation, un tiers pour la suppression (mais personne ne songe à argumenter).

mercredi 10 décembre 2008

Lost in encyclopedia

Le traitement des sujets non-traditionnels est délicat, sur Wikipédia. La Révolte des Boxers, l'économie du Pakistan, la Flûte enchantée ou le théorème de Pythagore, on sait faire sans problème. Pas parce que se seraient des sujets « encyclopédiques », pas vraiment non plus parce qu'il existe de la littérature dessus ; plutôt parce qu'ils ont été traités dans plein d'autres encyclopédies et que le processus de rédaction est éprouvé. Maintenant, le reste : on en fait quoi ?

Il existe un site web humoristique francophone nommé perdu.com. Site antédiluvien (la première mouture date de 1996), il était très pertinent à cette époque où les moteurs de recherche n'existaient pas vraiment et où naviguer sur Internet nécessitait d'avoir une liste de bookmarks longue comme le bras (c'était l'époque des listes de liens sur les premières pages perso). Tout Internet (du texte, essentiellement) tenait sur quelques téraoctets : une quantité d'information dérisoire aujourd'hui mais dont l'accès était malcommode. Bref, perdu.com représentait quelque chose de concret. De par sa taille (quelques centaines d'octets) et sa mise en page purement textuel, il délivre son message de façon compacte, adaptée aux capacités de l'époque.

Je n'irai pas jusqu'à dire que perdu.com est un site important. C'est juste qu'il existe et qu'il est particulier, à sa manière tordue et bizarre.

Jusqu'à hier, perdu.com ne possédait pas d'article. Seulement voilà, je me suis lamenté sur le Bistro comme quoi ce site ne serait jamais présent sur Wikipédia parce que ce n'est pas le genre de la maison. Forcément, l'article a été créé (j'imaginais que quelqu'un allait le faire). Forcément, il est passé en PàS (aucune surprise non plus). Par contre, et c'est là que je suis étonné, le consensus est clairement en faveur de la conservation (et par 4 voix sur 5, un plébiscite).

Le problème dans tout ça, c'est que les arguments des uns et des autres ne sont pas très probants. Pour être honnête, les arguments en faveur de la suppression sont les plus pertinents, dans un sens : pas de sources sérieuses, impossible de montrer que le sujet est significatif, aucune estimation fiable de la fréquentation. Avouez quand même que ce n'est pas rien ! Le problème : qu'on le veuille ou non, il sera difficile (peut-être impossible) de trouver des éléments de réponse (des sources secondaires sur perdu.com ? Pire encore : des sources secondaires traditionnelles sur perdu.com ? Vous rêvez les yeux ouverts). Dans le même temps, qu'on le veuille ou non, on peut considérer qu'il est dommage de ne pas mentionner le sujet : il signifie quelque chose.

Wikipédia se base sur une approche classique de l'encyclopédisme. Ça marche bien pour les sujets bateaux, ceux qu'on associe aux encyclopédies. Tant que ces ouvrages étaient contraints physiquement (le papier n'est pas extensible) et moralement (une encyclo papier doit faire sérieux pour être vendue), il n'y avaient pas lieu de se poser de questions. Wikipédia a fait exploser ce modèle. Mais si la place n'est plus un problème, le contenu reste problématique. Une critique récurrente (à part le fait que n'importe qui peut éditer n'importe quoi) met l'accent sur la diversité excessive (forcément excessive) de ce qu'on y trouve. Wikipédia, c'est l'encyclopédie des Pokémons, des lignes de chemin de fer et des trucs pas sérieux. Bref, Wikipédia n'est pas digne d'une encyclopédie.

C'est un raisonnement très embêtant. Certes, il est méprisant et néglige l'intérêt de cette accumulation disparate pour les personnes concernées. Mais il a surtout conduit à ne pas s'interroger sur le traitement de ces sujets autrement que sur le mode de l'affrontement entre inclusionnistes et suppressionnistes (je ne considère pas les critères comme une réponse cohérente). Le résultat, c'est qu'après bientôt dix ans, personne n'est capable de répondre simplement à cette question : perdu.com mérite-t-il de figurer sur Wikipédia ? L'article a été créé parce que j'en ai parlé sur le Bistro (ce qui m'inciterait à faire gaffe à ce que je raconte) et il ne sera conservé qu'après un vote non argumenté. En résumé : création parce qu'une personne relativement influente en parle et conservation au doigt mouillé. Dans l'intervalle, la menace de la suppression a été brandie, les forces de l'encyclopédie ont été dispersée, rien n'a été tiré de concret. Je ne sais pas, peut-être qu'il n'est pas possible de traiter de genre d'articles autrement qu'en posant clairement la question : « voulez-vous oui ou non le conserver ? N'expliquez pas pourquoi, dite juste comment vous le sentez. »

Pour la petite histoire, la taille de l'article sur perdu.com dépasse désormais largement celle du site qu'il décrit. Il a déjà connu une vingtaine d'éditions, y compris demandes de références et reverts. La première version de l'article contenait le texte intégral, un bel exemple de copyvio : elle a été purgée. Mais l'auteur, contacté, a accepté de le placer en GFDL. Toute l'histoire de Wikipédia en moins de 24h. Étonnant, non ?

EDIT : j'imagine que je vais en voir passer ici qui vont me dire en gros : « pas de sources, pas de chocolat ». Ce n'est pas le problème. Dans le cas de perdu.com, par exemple, on peut décrire le site et dire depuis quand il existe ; ça produit un article court, mais viable. D'autres vont leur répondre le contraire. Je le répète, ce n'est pas le propos de ce post. D'ailleurs, je préviens direct : tout commentaire qui confondra mon blog avec la page de PàS (dans quelque sens que ce soit) sera impitoyablement passé à la broyeuse.

vendredi 5 décembre 2008

Cartes à jouer


C'est bientôt le week-end et la froideur hivernale semble engourdir les blogs wikipédiens francophones (Pierrot, Popo et Poulpy, les pseudos en P). Ce qui suit donc est un post léger, histoire de boucher un trou.

Ça partait d'une discussion tardive sur IRC. Comme je suis connu comme le type qui fait des articles totalement superfétatoires (frontières, méridiens terrestres, astéroïdes, ce genre de choses), on m'a dit en gros : « Poulpy, mon petit, ça te dirait de créer des articles sur les cartes à jouer ? » Attention, hein, pas les jeux de cartes : les cartes.

Et bien, il se trouve qu'il en existe déjà deux : le 9 de pique et le roi de carreau. Leur contenu minimal est à mon avis destiné à le rester, car j'ai beau me creuser la tête et être un exhaustiviste notoire, j'ai du mal à savoir quoi raconter de plus sur le 9 de pique. C'est bête, j'étais prêt à créer les 50 articles restants.

Bon, le roi de cœur, éventuellement, on pourrait dire qu'il est différent du roi de carreau... Mais le 8 de pique... Ou le 9 de trêfle...

(En passant, jetez un coup d'œil sur l'infobox carte à jouer, qui contient les infos suivantes : le nom de la carte et son successeur et prédécesseur dans le jeu de 52 cartes. Et, euh, c'est tout.)

Remarquez, peut-être qu'il y a à dire des choses particulières à dire pour chacune des cartes. Une valeur spéciale dans un jeu, par exemple. C'est probablement un test de foi. Une mise à l'épreuve wikipédienne. Sûrement. Ces articles peuvent être créés. L'inverse est impossible.

mercredi 3 décembre 2008

Google fournit des réponses

Ça a été évoqué sur le Bistro et je ne sais pas depuis quand c'est implémenté. Sur certaines demandes simples, Google fait plus que retourner des sites appropriés : il tente de fournir une réponse.

Et comme tout  le monde, il utilise Wikipédia pour ça.

Par exemple, en tapant « France population », le premier résultat retourné n'est pas exactement la page d'un site, mais ceci : « France — Population: 64 102 000 Hab. (2007) » ; et juste en-dessous, la source : « Selon http://fr.wikipedia.org/wiki/France ».

À première vue, on dirait que Google analyse l'infobox. C'est assez visible quand on cherche « France Premier ministre ».

Ce qui est intéressant, c'est que Google ne se limite pas à Wikipédia pour fournir le résultat. Par exemple, pour « France superficie », il utilise le site de TV5 (et sur ce site, la page présentant l'équipe de France de rugby).

Ça n'a l'air de rien comme ça, mais c'est absolument génial. Il y a matière à passer à la vitesse supérieure et à transformer tout Internet en une gigantesque base de données réutilisable et combinable à l'infini. Ok, je m'emballe, mais c'est bien quand même.

lundi 1 décembre 2008

La Honte

Viens boire un p'tit coup à la maison (version française)

Comparez. :D

Les petites éditions font les grands articles (en gros)

Je suis par intermitence le blog EVS-Islands (c'est à dire que j'ai son flux RSS en suivi, au cas où quelque chose s'y présenterait) depuis que l'auteur, un cartographe amateur si j'ai bien compris, a cartographié l'un des lacs de méthane de Titan, la Ligeia Mare. Ce qui est sympathique, c'est qu'il a placé certaines cartes sur Flickr avec les droits qui vont bien et qu'elles se sont retrouvées sur Commons (c'est la cas du lac en question). Et il n'y a rien de mieux qu'une carte pour donner un meilleur aspect à un article géographique de Wikipédia.

L'auteur du blog est parfaitement conscient de l'existence de Wikipédia. En fait, vu son dernier post, il y contribue. Il y relate avoir édité l'article sur Aratika, un atoll de Polynésie française, en y rajoutant une carte et en modifiant un peu la structure du texte afin de fluidifier l'accès à l'information. Certes, ce n'est pas beaucoup, mais l'article a clairement une meilleure tronche maintenant qu'avant. Ça tient à peu de choses.

J'aime bien cette attitude : l'édition de Wikipédia par la marge, en ajoutant des petits points par ci par là, sans drame, sans prétention. C'est tout aussi fondamental que le reste.