jeudi 29 mai 2008

Retour sur Larousse

Vu dans le Figaro, à propos de l'encyclopédie participative de Larousse : « tous les internautes pourront donc écrire sur la Shoah, avec pour seules limites celles qu'impose la loi française. »

Tiens, j'ai une surprise pour vous, les gars. Tous les Français peuvent écrire ce qu'ils veulent sur la Shoah, quand il le veulent et où il le veulent, dans les limites de la loi française. Je sais que ce concept est parfaitement novateur et jamais vu avant, mais, vous savez quoi ? Il ne découle même pas d'un prétendu vide juridique d'Internet (la bonne blague), ou d'une politique sérieuse chez Larousse qui garantirait la bonne application de la chose de façon paternaliste. C'est juste une question de liberté d'expression.

Dans la presse française, je suis toujours époustouflé par la capacité à mentionner la Shoah à n'importe quel propos. Je me souviens que, lorsque Wikipédia a commencé à faire son chemin dans les médias, on est très vite arrivé à ce commentaire indigné : « mais tout le monde peut donc y nier la Shoah ! » (J'imagine que pour un francophone pas français, la logique du raisonnement ne doit pas être évidente ; il faut bien comprendre qu'ici, le monde intellectuel est plus ou moins obnubilé par la négation de la Shoah.) Par conséquent, Wikipédia, qui ne posséde pas de garde-fou pour empêcher à priori des dingues négationistes de vomir leur haine, est forcément du côté du Mal.

Le problème, quand on donne des droits à des gens, c'est qu'ils ont tendance à en faire usage. Dans mon beau pays, cette particularité de la nature humaine est proprement scandaleuse : ce n'est pas parce qu'on dispose de la liberté d'expression qu'on a le droit de s'exprimer. D'abord, il y a des catégories de gens qui en ont spécifiquement le droit (journalistes, intellectuels, etc.) ; quand on ne l'est pas, s'exprimer en son nom propre est mal vu (et pas forcément par ces journalistes, intellectuels, etc., mais bien par des types comme vous ou moi). Ensuite, la liberté d'expression doit être encadrée par une institution définie (en général, l'État, mais une grande entreprise peut remplir cet office) qui seule sait, paternellement, ce qui peut être dit ou pas. Ailleurs, on mettrait l'accent sur la responsabilité individuelle, sur la discussion collective (voire la réprobation), bref des mécanismes décentralisés qui mettent en avant l'humain dans ce qui lui est propre. Ici, on préfère infantiliser les gens, c'est comme ça.

Oh, bien sûr, vous pourriez objecter que je ne vis pas dans une dictature et vous auriez raison. Bien sûr, ici, l'armée n'intervient pas la nuit avec des armes automatiques pour enlever les dissidents. Ici, la liberté d'expression n'est pas un mot creux. C'est juste que tout le monde semble déstabilisé quand on passe de la théorie à la pratique.

Plus haut dans l'article, on trouve cette phrase splendide : « Là où les thématiques les plus polémiques (la Shoah, le conflit israélo-palestinien, le réchauffement climatique) dégénèrent parfois sur Wikipédia en véritables guerres où les modifications s'empilent, Larousse compte organiser une multiplicité des points de vue et de rebonds autour d'un article de référence. » C'est tellement énorme qu'il faudrait plusieurs posts pour en tirer toutes les analyses qui s'imposent. Ce que dit le Figaro, en vrac, c'est ceci :
  • Un point de vue, c'est une opinion.
  • La multiplicité des points de vue est une mauvaise chose.
  • Les désaccords de points de vue ne sont pas constructifs.
  • Une référence doit être imposée ; les opinions y seront comparées, mais pas mises sur le même pied.
  • L'acteur institutionnel (ici, Larousse) est garant que cette référence.
  • La pertinence de cette référence ne peut pas être remise en cause. Elle est intrinsèquement pertinente, car fournie par l'acteur institutionnel.
À ce moment, il est de bon ton de secouer la tête et de passer à autre chose. En une phrase, le Figaro montre qu'il faudra encore expliquer certaines choses pendant des années et des années. Je vis dans un pays pour qui « l'objectivité, c'est cinq minutes pour les Juifs et cinq minutes pour Hitler » (merci Godard, je poursuis dans la veine godwinesque lancée par le Figaro, mais cette phrase m'a toujours ulcéré), c'était donc pas bien parti à la base.

Wikipédia, c'est simple : c'est juste des gens qui contribuent devant leur ordinateur. En cas de désaccord, on trouve une solution qui arrange tout le monde (un processus qui met les fous, les bornés et les fâcheux à l'écart). La pertinence du texte final ne dépend pas d'un organisme externe qui nous dirait « voilà la Vérité, faites quelque chose autour », ce sont ceux qui se sentent concernés qui définissent le truc qui leur semble le plus approprié. Alors, oui, parfois, ça dérape, ça part dans tous les sens, ça crie, ça pleurniche, ça boude, ça hurle au scandale. Non, on n'échappe pas à la mauvaise foi, à l'esprit partisan, aux personnes mal intentionnées et même à la connerie la plus crasse. Oui, au final, ce n'est qu'un compromis, un texte qui ne tient pas sa légitimité d'autre chose que ceux le rédigent (la légitimité ne nous est pas imposée : elle se construit). Oui, c'est crevant, chaotique, parfois désespérant et il n'y a que lorsqu'on regarde la totalité de la chose qu'on trouve à être optimiste. Mais, à tout prendre, vous préférez quoi ?

mercredi 28 mai 2008

Unification des comptes complétée !

Les comptes utilisateur nommés « Poulpy » ont été rattachés pour les projets suivants :

jeudi 22 mai 2008

Un boulevard pour les articles

Tiens, ce matin, je n'avais rien à faire (c'est absolument faux, mais ce n'est pas grave), alors je me suis demandé quelle était la fréquentation globale des articles sur les voies parisiennes.

Pour info, il existe une liste des voies de Paris (attention, c'est un article hardcore de plus de 150 ko). Grosso-modo, à Paris, il existe 5 500 voies de circulation qui portent un nom. Environ 900 possèdent un article sur fr:. Cette existence a fait grincer des dents par le passé (arguments standards : pas encyclopédique, aucun intérêt) et doit probablement continuer à en ulcérer certains.

La liste en elle-même est consultée dans les 4 000 fois par mois (en tenant compte des redirections) : c'est conséquent. Un petit script à l'arrache plus tard, j'estime que les articles sur les voies parisiennes attirent environ 200 000 visites par mois. Là, c'est plus que conséquent.

Comme toujours dans ces cas-là, tous les articles ne sont pas égaux. Les Champs-Élysées drainent le dizième du trafic ; 4% des articles en attirent la moitié. Un bon paquet de voies ne sont consultées qu'une poignée de fois tous les mois. Typiquement, un article sur une voie parisienne est consulté une soixantaine de fois tous les mois.

Voilà pour les chiffres. Je vous passe le détail, mais on constate une fois encore que, si très peu d'articles sont consultés de façon soutenue, l'ensemble de ceux qui sont peu regardés génèrent un trafic important.

Je pense que toutes les voies de circulation importantes de Paris possèdent désormais leur article. S'il faut créer des articles, ce sera plutôt sur les nombreuses petites rues pas connues. Du coup, on a le choix . On peut se dire que ces rues ne serviront à rien, car elles ne seront jamais assez consultées. C'est à mon sens s'avancer un peu vite, oublier que ces articles sont juste peu consultés, bref prendre ses désirs pour des réalités. On peut au contraire se dire qu'il y a une demande à satisfaire et qu'il est préférale d'avoir un ensemble construit, homogène et complet sur la question. Si j'avais un avis à donner, je pencherais de ce côté.

Kaifeng

Récemment, sur irc (je fais partie de la cabale wikipédio-ircéenne), on me parlait de l'abondance d'articles sur des villes et villages créés par des bots, avec l'affirmation : « mais ça sert à rien, ça intéresse personne ! »

Ben, en avril 2008, l'article polonais sur Kaifeng (qui a servi d'exemple dans l'échange), charmante bourgade chinoise de 4,8 millions d'habitants, outrageusement constitué d'une ligne et dont l'historique est une fête du bot, a été consulté 228 fois. Quasiment autant qu'en français, où l'article est pourtant sacrément plus fourni.


Bien sûr, on peut s'en tirer en affirmant que c'est pas des Vraies Visites, c'est à dire des robots, ou des types qui s'en foutent ou sont tombés là par hasard, ou — pour les cas extrêmes — que ça sert à rien parce que l'article est pas développé et que 228 fois zéro, ça fait toujours zéro. Pour ma part, je me dis que ça remplit son office encyclopédique. C'est limité et pas très demandé, mais c'est pas rien ; précisément, c'est mieux que rien. Vive les bots.

lundi 19 mai 2008

Il y a quelques jours, j'ai demandé sur le Bistro et le ton de l'humour qu'on me donne des idées d'articles qu'on pourrait créer en masse, histoire de franchir plus vite la barre des 700 000. J'ai eu diverses réponses, toutes intéressantes et qui témoignent bien que les contributeurs axent leur boulot sur des domaines très divers. Je n'ai pas trop eu d'attaques sur le thème « la qualité contre la quantité », en tout cas moins que je m'y attendais.

Quelques ordres de grandeur, pour bien situer le problème :
* À ce jour, on recense environ 180 000 astéroïdes numérotés. Tous n'ont pas leur article, et tous ne l'auront d'ailleurs pas. En fait, on en compte un bon millier sur fr:, seulement.
* Il y a un peu plus de 36 000 communes en France. Toutes sans exception possèdent leur article. Il y a donc 35 fois plus d'articles sur les communes françaises que d'articles sur les astéroïdes.
* La ville de Paris compte environ 6 000 voies de circulation. Très peu ont un article.
* Les Philippines comptent de l'ordre de 1 500 villes officielles, pour un pays d'une taille comparable à celle de l'Allemagne. Suivant les pays, le nombre de villes (ou communes, ou municipalités, ou autre chose encore) est très variable, mais j'imagine qu'il doit y en avoir dans les 2 000 000 dans le monde (à la louche, à plusieurs millions près).

Maintenant, en: compte 2 380 000 articles. fr:, environ 650 000. Pour rattraper en:, il faudrait créer 1 730 000 articles. C'est à dire écrire deux fois et demi plus d'articles que tout ce qui s'est fait sur fr: depuis le début du projet. Souvent, j'ai l'impression qu'on ne se rend pas bien compte, sur la Wikipédia francophone, du volume que représente la Wikipédia anglophone. Les 650 000 articles de fr:, c'est monstrueux : sans tenir compte de leur qualité, on a des articles sur tous les sujets de base, tous les sujets moins immédiats et il faut commencer à se creuser la tête pour trouver des sujets qui n'ont pas été couverts au moins en partie. Les 2 380 000 articles d'en:, c'est proprement hallucinant. Ca veut dire que là-bas, ils ont écrit des articles sur tout ce qu'on peut imaginer et plus encore, et qu'il n'est plus possible d'avoir une vision simple ce que l'encyclopédie contient.

Comme j'aime les chiffres, j'ai fait d'autres calculs absurdes. Si on décide de faire un article décrivant tout ce qui se trouve dans chaque quadrilatères de la surface terrestre d'un degré de côté (111 km à l'équateur), on ne va pas plus loin que 64 800 articles. Pour obtenir 1 730 000 articles, il faut que les quadrilatères fassent 0,38° de côté (43 km à l'équateur). Pas évident, déjà. Maintenant, si je crée 1 730 000 articles et que je m'applique un tout petit peu et prenne cinq minutes pour chacun, j'en ai pour 4 siècles. Si on a 1 000 contributeurs qui font ça à plein temps (un truc qui n'arrivera jamais), ils mettront cinq mois. Si on a un bot qui crée un article par seconde, il lui faudra 20 jours et il sera impossible de vérifier ce qu'il a fait.

Tout ça, c'était juste pour montrer à quel point Wikipédia (l'anglaise) est énorme. Et le pire, c'est que leurs articles ridiculisent souvent ce qui se fait sur fr: (citer un AdQ au hasard n'est pas un contre exemple pertinent). Je ne sais pas trop quelle est la morale de l'histoire. Peut-être que ça montre que le français est définitivement foutu, ou qu'il faudrait développer des méthodes de traduction automatique, ou qu'il est nécessaire de former des gens à Wikipédia, ou que l'anglais est plus attractif au niveau mondial que le français et qu'on n'y peut rien et qu'on sera toujours à la traîne, c'est vous qui voyez. Mais si vous voulez rajouter des paquets d'articles, va falloir vous lever tôt. Même avec tous les astéroïdes dont on peut décemment parler, on n'atteint pas le million.

Chiptunes

J'imagine que tout les contributeurs réguliers à Wikipédia ont des articles un peu particuliers en liste de suivi. Moi, je suis celui sur les chiptunes, ce type de musique électronique dont l'origine remonte aux processeurs sonores des vieux ordinateurs. Sur fr:, c'est un article assez peu consulté (environ 700 visites par mois, à comparer aux 12 000 visites que l'article reçoit sur en:), mais pourtant souvent mis à jour, compte tenu de cette faible consultation.

On trouve toujours des artistes qui continuent à créer des musiques de ce style avec les moyens actuels. Du coup, le paragraphe « artistes récents » reçoit régulièrement de nouveaux ajouts. Bien sûr, ça n'est totalement pas notable au sens des critères, mais je m'interroge souvent : pour un style de musique de ce genre, où presque aucun disque n'est jamais publié, où l'essentiel de la production est dématérialisée et où les artistes sont essentiellement connus par le côté underground d'Internet (forums, blogs spécialisés, MySpace, etc.), est-ce que ces critères ne sont pas totalement absurdes ?

mercredi 14 mai 2008

Mash-up Google Maps/Wikipédia

Je ne sais pas si la fonctionnalité est là depuis longtemps, mais lorsque j'utilise Google Maps, il y a désormais un petit bouton « Plus » qui déroule un menu avec une case à cocher intitulée « Wikipédia » ; et lorsqu'elle est activée, on dirait que le logiciel va chercher les articles géolocalisés de fr: et affiche un petit symbole « W » à l'endroit correspondant sur la carte. On peut cliquer dessus et on obtient les premières lignes des articles en question, ainsi qu'un lien vers Wikipédia.

Sur la France, vu que tous les articles sur les communes sont géolocalisées, ça rend pas mal...

mardi 13 mai 2008

Mais où est la concurrence ?

Or donc, Larousse lance son encyclopédie en ligne. Ce n'est un secret pour personne, vu que l'intégralité des médias français, dans un bel élan collectif, ont jugé l'information suffisamment importante pour être mentionnée (pourtant, avec des tremblements de terre en Chine, des types qui crèvent en Birmanie et le Liban qui explose, y'avait de quoi mettre en perspective). Y'aurait probablement matière à faire du cynisme, mais ce n'est pas vraiment le genre de ce blog. En plus, si ça se trouve, c'est vraiment important après tout.

Donc, Larousse. Après tout, il est intéressant de voir comment un ancien pilier de l'encyclopédie française met à jour son offre de service à l'ère de Wikipédia. Laissons de côté les problèmes techniques habituels (serveurs visiblement sous-dimensionnés, accès direct aux articles impossible, ce genre de choses) qui me font penser que les concepteurs du site ne sont pas vraiment au courant de ce qui se fait ailleurs, en 2008 (je précise que ce ne sont que des impressions que j'ai eues sur un test très superficiel du site ; disons que, de premier abord, je ne suis pas trop emballé par l'aspect pratique du bouzin).

Pour ce que j'en ai compris, Larousse place d'emblée 150 000 articles en ligne : ils disposent après tout d'un capital déjà disponible, ils auraient tort de s'en priver. Maintenant, pour la modification de ce matériau, à la différence d'une certaine encyclopédie en ligne gratuitement réutilisable, ça ne se fait pas comme ça. Il faut s'enregistrer et proposer ses modifications, lesquelles sont acceptées après validation, ou pas. À première vue, c'est loin d'être idiot et ça permet d'éviter le vandalisme, cette plaie de Wikipédia ; j'imagine que pour un site commercial comme Larousse, c'est plutôt indispensable. Ok, d'accord.

Bon, tout ça, c'est très bien, mais c'est pas trop le premier site du genre à prôner sanctuarisation des articles et refus de l'anonymat. Même si ces idées reviennent constamment, y compris chez les fidèles de Wikipédia, je n'ai pas l'impression que leur application a produit quoi que ce soit d'utilisable jusqu'à présent (svp, arrêtez de citer Citizendium : 6 000 articles en plus d'un an, c'est un échec).

J'avoue ne pas avoir trop consulté l'encyclopédie en ligne de Larousse (pas trop ma faute : ça rame trop), mais je n'ai pas eu un sentiment d'extase mystique en lisant les articles. Pour être honnête, le web m'a surtout fait prendre conscience que ce qui parait long sur du papier semble terriblement court sur un écran, et j'ai à nouveau cette impression ici. Ok, d'accord, je me dis, c'est le premier jour, c'est modifiable, ça ne peut que s'étendre, faut se souvenir que WP, lors des premiers temps, c'était pas non plus terrible. C'est bien possible, mais le problème, c'est que Wikipédia existe déjà et que Larousse se lance dans l'aventure avec un concurrent mastodonte, plus connu, plus complet et dont l'édition me semble plus simple.

En résumé, Larousse veut défaire Wikipédia en opposant fiabilité, rigueur et expertise au chaos constructif. C'est pas très nouveau comme approche, mais j'espère qu'ils sont capables de trouver une armée d'experts sur tous les sujets afin d'ajouter du contenu et de mettre en forme les propositions des contributeurs, parce que, sur Internet, il suffit d'un clic et quelques secondes pour comparer les contenus... Bref, j'ose espérer que ce n'est pas qu'un effet d'annonce et qu'ils ont bien estimé la charge de travail qu'il va y avoir derrière.

Des articles écrits par des experts, une possibilité de pointer du doigt leurs inévitables erreurs : à première vue, c'est pas une mauvaise approche. Forcément, quand on fait ça, on se limite aux sujets qui disposent d'une expertise institutionnelle (pas le métro de Budapest, pas la saison cyclonique de 1995 et bien sûr pas les Pokémons), mais après tout, pourquoi pas. Il y a toute une gamme de sujets qui sont à la fois trop pointus pour être édités par n'importe qui et trop important pour ne pas être traités : pour ceux là, ça peut être rationnel de payer des experts pour faire le boulot. Pour tout le reste... Eh bien, pour tout le reste, Wikipédia semble avoir une approche plus efficace, même si elle n'est pas conventionnelle. Au final, j'ai bien peur que Larousse ne réponde pas plus à cette question que ses prédécesseurs : comment concurrencer efficacement Wikipédia ?

samedi 10 mai 2008

Ceci est une encyclopédie. À quoi sert cette encyclopédie ?

« Bienvenue sur Wikipédia, projet d’encyclopédie librement réutilisable que chacun peut améliorer », qu'y disent.

C'est cool, mais vu que tout le monde a oublié de définir au début ce que pouvait bien être une encyclopédie librement améliorable sur le net, chacun est arrivé avec son idée et maintenant, c'est le bazar.

lundi 5 mai 2008

Parcs

Quand je vois la différence de traitement entre l'article francophone sur le bois de Vincennes et l'article anglophone sur Hampstead Heath, je me dis qu'on pourrait faire des efforts, quand même. Pas grand chose, en plus : l'article anglais n'est même pas extra.

(Évidemment, faut pas comparer avec Central Park...)

dimanche 4 mai 2008

Les critères ! Les critères ! Les critères !

Tiens, j'étais en train de regarder les critères de notoriété pour la musique (c'est le dimanche, je suis en vacances, je glande pas mal). Bon, les critères sur Wikipédia, c'est un peu comme les lois sur l'immigration dans les pays occidentaux riches : ça vise à restreindre le plus possible toute arrivée, par tous les moyens, tout en soutenant qu'on a une politique d'ouverture basée sur le respect mutuel et des méthodes rationnelles. Généralement, pour bien faire, on jette aussi dans le lot « si tu ne partages pas ces critères, tu es pour qu'il y est des articles sur tout », histoire de bien pourir l'ambiance avec un faux dilemme (en plus, on se doute assez peu que, oui, je suis vraiment pour qu'il y ait des articles sur tout, mais c'est accessoire). Les critères, c'est un peu « moi ou le chaos » version Wikipédia.

De façon générale, les critères ne sont qu'une collection de poncifs, lieux communs, décisions arbitraires, limites sans fondements basées sur l'argent, la vente ou la réputation (trois notions qui, dans d'autres endroits de Wikipédia, feraient frémir d'horreur les contributeurs), empilés sans discernement et hypocritement camouflés derrière le terme « recommandation » (j'en ris encore). Le but, bien sûr, n'est pas d'augmenter la qualité générale de Wikipédia (quelle que soit la signification de cette notion, au demeurant tellement floue qu'elle n'a pas la moindre utilité). Le but, c'est de pouvoir virer tout ce qui n'est pas eud'chez nous. À la base, les critères, ils ont été créés par des types totalement dépassés par la progression de Wikipédia et qui se sont dit l'équivalent de « mais, euh, on va quand même pas avoir des articles sur des Pokémons ! » et qui ont décidé d'agir en tentant de déterminer la limite entre ce qui est et ce qui n'est pas (le complexe de Dieu appliqué à l'encyclopédisme, quoi). Allons, vous aussi, vous avez bien une vision super tranchée de ce qui doit figurer sur Wikipédia et ce qui ne doit pas, vision qui n'est basée sur rien de solide mais juste des à priori, alors vous pouvez bien les comprendre, ces pionniers du dérisoire. Forcément, comme tout ce qui permet aux gens de râler à peu de frais et de déployer leur faible pouvoir en tapant sur les autres, c'est probablement devenu la partie la plus mise à jour du namespace Wikipédia et très certainement le centre de gravité de tout le site. Désormais, pour la plus grande Gloire de l'Encyclopédie, on a des critères sur tout, pour tout, en toute circonstance. Pourquoi ceux-là et pas d'autres ? Ben parce qu'il faut bien faire le tri, gros malin. Déjà que les barbares sont à nos portes, on va quand même pas faire confiance aux gens et les autoriser à créer des sujets exogènes, faut pas déconner non plus.

Enfin, donc, j'étais en train de regarder les critères de notoriété pour la musique. Sans surprise, je constate que les critères de base des albums ne doivent permettre d'inclure qu'un petite centaine d'articles à tout casser, sauf bien sûr pour les vainqueurs du Top 50 qu'on peut faire rentrer sans aucun problème. La routine, quoi. Un jour, faudra que je passe en PàS tous les articles qui n'y répondent pas, mais je me ferai dénoncer pour POINT alors que je ne ferai que mon devoir de citoyen. Faut dire que la Justice et la Démocratie, dans le cadre de Wikipédia, c'est des notions qui n'ont jamais été bien comprises (bah oui, comme Wikipédia n'est pas une démocratie, on a mis un point d'honneur à la faire reposer sur l'arbitraire ; parfois je me demande ce qui ne va pas bien dans la tête des contributeurs, mais je sais que c'est juste l'espèce humaine qui est complètement dingue, donc ça va, ça roule). En plus, faudrait un bot pour ça, donc c'est mal barré.

Et puis là, je vois cette phrase prodigieuse :

« Le nombre d'occurrences obtenues avec un moteur de recherche sur Internet, par exemple Google, ne doit en aucun cas constituer la seule source de vérification d'une notoriété. Une recherche sur le net doit être qualifiée (c'est-à-dire qualitative et non quantitative), notamment en éliminant dans la mesure du possible, tout ce qui concerne l'autopromotion et l'autopublicité. »

Alors ça, ça passe tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent ! La quintessence des critères ! Comme ça s'est passé très vite, revoyons l'action au ralenti. On y trouve :
* la haine de Google ;
* le mépris de l'argent ;
* l'usage des termes « autopromotion » et « autopublicité » ;
* le primat de la qualité sur la quantité ;
* le fait que la recherche de notoriété, c'est une affaire de spécialistes (c'est à dire l'auteur de ces lignes, pas vous, hein).

Et le mieux dans tout ça, c'est que c'est complètement stérile ! Cette phrase ne sert strictement à rien d'autre qu'à nous dire, en termes chantournés, qu'une recherche Google brute, il arrive que ça ne soit pas complètement pertinent, ce qu'on savait déjà. Alors, bien sûr, inutile d'espérer qu'on vous explique comment faire les recherches, ce qu'il faut mettre, sur quels critères se baser pour savoir si une recherche est pertinente, dans quelle mesure est-ce que ça peut être valable : rien, nada, nothing, nichts, que dalle. C'est juste que si vous vous défendez en disant « oui mais Google y dit que », on pourra vous tomber sur le râble en répliquant « jeune padawane, rien compris tu n'as, la qualité à la quantité substituer tu dois » et je doute que l'illumination zen vous soit accessible alors.

En plus, vu que la phrase est indiquée en gras, c'est considéré comme un truc vachement important. Quelque part, qu'on considère comme fondamental une phrase aussi creuse et qu'elle doit passer pour une preuve de sagesse auprès de ses adeptes, ça m'angoisse un peu. D'un autre côté, j'ai bien rit, mon taux de cynisme à encore monté et j'ai fait un post pour la première fois depuis des semaines, donc je suis content.