Hier soir, j'ai retrouvé quelques collègues wikipédiens autour d'une bière, comme ça m'arrive quelques fois (on parle de la cabale admin, de la cabale IRC, mais personne n'a encore songé à mentionner la cabale bibine). Et hier soir, donc, entre deux cassages de sucre sur le dos des absents, mon voisin de gauche a prononcé une phrase. Et il a résumé un point que j'ai toujours eu sur le bout de la langue, mais que je n'avais pas vraiment conceptualisé.
Sur Wikipédia, tout le monde se fout sur la gueule pour savoir ce qu'on place sur le site. Tout le monde a sa propre opinion, éventuellement teintée de mauvaise foi, mais plutôt basés sur des critères logiques (vous pensez certainement que la logique de votre adversaire est illogique, mais vous voyez ce que je veux dire). Et puis il y a ce courant qui n'est lié à aucune logique, à aucun critère, à aucune raison, qui n'est même pas lié à un sujet à proprement parler : la peur du chiffre.
La peur du chiffre, on l'a tous rencontré un jour ou l'autre. Très probablement, on l'a même déjà éprouvée (surtout quand on est frais arrivé sur WP). C'est celle qui fait dire : « mais il y a déjà XXX articles sur le sujet : on ne va quand même pas en rajouter d'autres ! » Ici, il n'est pas question de se demander si les autres articles sont admissibles ou pertinents (quand on en arrive là, c'est en général qu'ils le sont) ou même si ça va poser des problèmes de maintenance (c'est pertinent, mais assez peu critique) : c'est une vraie angoisse totalement déconnectée de toute réalité, complètement irrationnelle, une angoisse qui n'a rien à voir avec un quelconque contenu. C'est l'angoisse d'ajouter du contenu à ce qui existe déjà. L'angoisse d'avoir plus d'articles. Ce n'est pas la peur que la quantité prenne le pas sur la qualité : c'est la peur de la quantité pour elle-même. C'est, en quelque sorte, la peur des grands espaces version wiki. La tétanisation devant l'infini.
Je trouve cette peur étrange. S'il y a bien quelque chose qui n'a aucune espèce d'importance sur Wikipédia, c'est précisément la quantité. Qu'on rajoute dix, mille, un million d'articles, ça ne changera rien au reste, ça ne le pourrira pas, il n'en sera pas lésé. Alors pourquoi cette peur ?
2 commentaires:
On revient de loin !
?? J'ai pas compris de quoi il s'agissait là, je dois être un sans-peur.
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