Il est courant, dans le monde professionnel (enfin, disons, le monde professionnel français, il est possible que ce soit différent ailleurs ; et puis c'est un blog perso, pas un papier rigoureux destiné à une revue de socio ; en plus, je fais des parenthèses trop longues ; eh béh) de dénigrer le programmeur. En très gros, le programmeur, c'est l'extension de l'adolescent boutonneux introverti pré-pubère (peut-on seulement être à la fois adolescent et pré-pubère ?) dans le monde du travail : le louzeur, celui qu'on rigole dessus quand on le voit parce qu'il n'a pas su évoluer en chef de projet ou en manager ou en entrepreneur ou en consultant senior ou en n'importe quoi qui nécessite de passer son temps à faire des putains de réunion toute la journée pour pouvoir organiser le taf des programmeurs (qui sont incapables de rien comprendre vu que boutonneux introvertis pré-pubères ; dans le monde de l'entreprise, un vrai homme (car il n'y a pas de femmes programmeuses, c'est comme ça), c'est un homme qui baise, donc pas un ado, donc pas un programmeur ; je crois que c'est vraiment aussi con que ça). Essayez de dire à votre DRH lors de votre entretien annuel que vous, les réunions, vous vous en foutez complètement et que ce qui vous fait tripper le matin, c'est de coder toute la journée à l'écran et que je vous aimeriez bien persister dans cette voie : vous venez de vous inscrire pour la prochaine charrette ANPE avec autant de succès que si vous avouiez un penchant naturel à violer des jeunes femmes dans les caves du 93 (j'exagère : il vaut mieux avouer être un violeur en série dans le 93).
Cette après-midi, tandis que je tentais de camoufler mon manque total d'ambition professionnelle (je ne suis pas programmeur, mais c'est tout comme du point de vue de la hiérarchie sociale) en procrastinant comme un ouf-malade, j'étais en train de lire ce texte qui semble faire le tour de la twittosphère et qui décrit précisément ce léger problème d'appréciation de la société française qui se lève tôt. Et c'est là que mon subconscient me titille et me susurre : « Poulpe, est-ce que ça ne te rappelle rien ? » ce à quoi je réponds : « Non. » (mon subconscient et moi, on a des conversations passionnantes). Il insiste : « tu es sûr sûr sûr ? » Je contre : « monsieur, je ne vois pas de quoi vous voulez parler » tout en tentant d'ignorer à la fois IRC, Twitter et le site de Wikipédia afin de faire vraiment genre je vois pas. Là, il abandonne et se casse à la plage draguer mon ça, me laissant seul devant mon boulot, snif. 'foiré de subconscient.
Sur Wikipédia, le contributeur de base, c'est le louzeur. Tout être un peu impliqué va d'abord s'investir dans les tâches annexes : buter du vandale, truffer de l'IP, répondre sur sa pdd, probablement monter du projet. Et puis ça va dériver : balai d'admin, implication dans la communauté. Bientôt, le contributeur va se retrouver à discourir exclusivement dans les pages de parlotte et, forcément, à laisser complètement tomber la contribution réelle. Bon, soyons honnête : si ça plait, c'est tant mieux. Le truc, c'est qu'on sent que c'est une sorte d'obligation naturelle. Il n'est pas vraiment sérieux de vouloir continuer à contribuer comme dans sa jeunesse alors qu'on approche du stade de vieux croulant (combien de fois me suis-je fais reprocher à demi-mot mon absence totale d'ambition adminesque, comme quoi c'était clairement immature de ma part de me consacrer exclusivement à ces, euh, ces broutilles ?). Bref : si à 50 000 édits tu es toujours à 60% dans Main, tu as raté ta vie.
Avouons-le nous : à la base, Wikipédia est un projet d'informaticiens. Il est donc normal qu'il évolue comme toute société d'informaticiens, non ?
10 commentaires:
Ben, le gars qui monte un blog pour raconter sa vie de contributeur, il est déjà passé du côté meta, et c'est déjà plus un brave contributeur à plein temps...
Noooooooooooooooooooooooooooooon !!!
Avouons-le nous : à la base, Wikipédia est un projet d'informaticiens
à l'origine oui, mais c'est de moins en moins vrai.
On verra comment ça va tourner pour moi. Je m'étais juré de continuer comme c'était auparavant, mais il est vrai que, aller, on va dire au bout 4 jours que j'ai mes outils d'admin, il est vrai que j'ai pour l'instant plus fait "mumuse" avec eux (oui moi je m'amuse à faire des fusions d'historique, chacun sa merde) que des réelles contributions. La preuve je suis descendu en dessous de mes 80% dans le main, je suis plus qu'à 79,95%...
Mais bon je pense que c'est un peu comme les gamins qui ont un nouveau jouet trop top méga fun flashy. On y joue intensément 3-4, et puis on se lasse, et on retourne à ses anciens jouets. Ou alors on arrive au bout
Bon c'est pas tous ça, j'ai une cinquantaine de flavonoïdes à créer, plus tous les articles liés. Et puis la traduction d'hydrogénation à finir. Et puis celle de l'acétate de plomb(II). Et celle de l'acétate de plomb(IV) à faire.
Bon finalement je vais faire encore une ou deux fusions d'historique avant.
C'est vrai que sur Wikipedia en français, il y a une sorte de mépris pour les contributeurs qui se concentrent sur les tâches « annexes » et pas sur la rédaction d'articles, qui reste l'activité la plus « noble ». Cependant, il faut se rendre compte que c'est une situation très francophone (ou très française, en tout cas propre à Wikipedia en Français).
Par exemple, sur Wikipedia en anglais, les mentalités ne sont pas du tout les mêmes ; il est parfaitement naturel de ne pas être un « rédacteur » et de se concentrer sur la facilitation de discussions ou le fonctionnement de la communauté.
Voir à ce sujet la synthèse intéressante des « personae wiki » faite par le projet Bookshelf.
Et aussi Wikimedia Volunteer Roles.
Je confirme que vu de l'extérieur le monde du travail français est hyper-polarisé: il y a les chefs, qui tiennent à le faire savoir, et les pingouins, qui ne feront rien pour aider le connard au-dessus.
A ce niveau je trouve que fr:WP ne s'en tire encore pas trop mal, meme si certains éléments de la défiance admin-peons m'y font penser.
En tout cas personnellement je me sens coupable à chaque fois que j'écris dans méta - ce qui explique en partie mon absence du bistro.
« le programmeur, c'est l'extension de l'adolescent [...] pré-pubère »
Faux ! Le programmeur, le vrai, c'est un barbu. :-)
Sa barbe, c'est pour cacher les boutons XD
Article très intéressant. Je ne sais pas si c'est tout à fait exact, car celui qui contribue fortement dans :main est souvent idéalisé dans les discussions sur meta, justement… Mais tu fais bien de lancer la question.
De manière générale, je trouve ce blog génial, et de toute manière toujours utile, car même quand je suis en désaccord, la réflexion lancée par le billet est enrichissante.
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