jeudi 9 décembre 2010

Visibilité

Je suppose que tout le monde est au courant du foin fait autour de WikiLeaks récemment. Globalement, si j'ai bien pigé, l'idée générale, ça semble être qu'on savait déjà tout ça et que c'était donc bien la preuve qu'il ne fallait rien publier. En laissant de côté l'illogisme de cette opinion, on peut bien se dire que si Assange s'était borné à faire un boulot standard de journaliste (publier n'importe quoi sans penser à la santé ou à la vie de quiconque, mais le faire sur du papier, en gros), on aurait plutôt applaudi. J'imagine que le problème, c'est l'échelle du bidule : des centaines de milliers de documents accessible facilement.

C'est marrant, mais on m'a fait penser ce matin à des affaires qui sont arrivées à Wikipédia. Des affaires un tantinet similaires (légales, celles-là ; quoiqu'à l'heure actuelle, rien n'ait encore été prononcé sur la légalité des fuites de WikiLeaks).

En mars 2009, le Monde constate la publication de l'organigramme de la DCRI sur l'article correspondant de WP. Le Bistro remarque rapidement que, si cet organigramme est couvert par le secret-défense, toutes les infos sont accessibles simplement en regardant le Journal officiel. Donc parfaitement libres. Wikipédia se contente juste d'en accroitre la visibilité.

En juillet 2009, on apprend que Wikipédia reproduit les 10 plaques originales du test de Rorschach avec les réponses standard. Bien sûr, les plaques sont dans le domaine public. Bien sûr, ces réponses sont données un peu partout. Là encore, Wikipédia en accroit la visibilité. D'où colère de certains psychiatres.

En août 2010, c'est la conclusion de La Souricière qui fait débat. La pièce de Christie repose sur l'idée qu'on ne doit pas dévoiler qui est l'assassin (à mon avis, le succès de la pièce tient surtout à ce sentiment qu'on doit avoir après sa représentation de faire partie d'une communauté restreinte, responsable et au courant). Forcément, WP dit précisément qui est l'assassin. Peu importe qu'il soit parfaitement possible, muni d'un simple Google, de le trouver sans même passer par l'encyclopédie : Wikipédia donne là encore trop de visibilité au sujet.

Je suppose qu'avant, on pouvait se permettre de laisser libre l'accès à toutes ces informations, puisqu'il était impossible de les publier (c'était possible mais trop coûteux, pas facile, pas assez lu, etc.). Bref, on avait le droit, sauf qu'en pratique on n'avait pas le droit. Maintenant, il est facile d'user de ce droit. Et, comme de juste, ça répond « mais avant c'était pas comme ça, on rompt avec la tradition. » Ouaip, tant que vous aviez des droits inutiles, ça allait... Attendez-vous, sous le fallacieux prétexte de la moralité, à ce qu'on vous les rabiote.

2 commentaires:

P. Lechien a dit…

Pas faux.

Huesca a dit…

Effectivement, nous sommes tous des terroristes. Et cela fait écho au lapsus présidentiel relevé par DocteurCosmos sur son blog via Le Canard enchaîné. Un lapsus réellement révélateur...