Je n'y avais plus pensé depuis des années, mais les événements d'hier m'ont rappelé ce détail. Quand j'étais p'tit, on faisait parfois du hand et le prof nous disait toujours : « on prononce pas le mot à l'anglaise parce que ça vient de l'allemand ». À l'époque, j'avais un peu autre chose à foutre que d'aller contester les propos de mes profs (j'aurais vite fini en conseil de discipline, vu les conneries qu'on peut raconter aux gosses au collège) et ce n'est que plus tard que j'ai pris conscience de l'anti-anglo-saxonisme intrinsèque de la société dans laquelle je vis. Bref, hier, je me suis dit d'un coup : tiens, oui, c'est vrai cette histoire ou c'est encore un coup dans la gueule des Angliches ? Parce que, bon, un truc de ce genre systématiquement répété, sans jamais avancer de preuve, si ça fleure pas la légende urbaine, je ne sais pas ce que c'est.
Premier arrêt : l'article français. Là, écrit dès l'introduction : « [l]e nom vient de l'allemand : die Hand (la main) et der Ball (la balle, mot prononcé comme en français). » Bien sûr, rien ne vient étayer ce propos. Je suis allé voir le TLFI, qui indique bien que cette prononciation est la bonne, mais l'étymologie semble foue.
Comme de juste, les articles anglais et allemand se moquent comme de leur première édition de l'origine du terme (mais visiblement, ça pourrait être danois). Évidemment, tout ça n'est pas bien important et il est très probable que le terme français vienne vraiment de l'allemand. Non, moi, ce qui m'intéressait, c'était de vérifier l'importance de cette étymologie dans la psyché française. C'est chose faite.
6 commentaires:
Donc, en règle générale, la France préfère se faire envahir par les Boches que par les Ricains. Ou quelque chose comme ça.
Question subsidiaires : qu'en pensent les Québécois ? Et les défenseurs de la langue française en général, est-ce que Schadenfreude les dérange plus ou moins que marketing ?
Bof, vu l'attention portée à la chose dans la plupart des articles, il est difficile d'en tirer des conclusions sur l'importance attachée à l'origine de ce mot en particulier. Il s'agit tout autant d'une illustration de la place de l'étymologie en général dans la psyché française, ce qui n'est pas forcément beaucoup plus réjouissant.
Que veux-tu dire GL par pas forcément beaucoup plus réjouissant ?
Du moment que ce n'est pas du francoprovencal, ça peut bien être de n'importe quelle origine en ce qui me concerne !
Bah, Poulpy, tu sais, il y en a qui pensent que écrire Djokovic est un crime passible de la peine de mort (sans parler de ceux qui inventent des lettres pour écrire Tokyo de facon illisible, au prétexte que Tokyo n'existe pas en francais).
Alors il n'est pas étonnant de voir que l'origine d'un mot (surtout si il vient de contrées hébergeant des gens réputés pour égorger nos filles et nos compagnes) ait une place proéminente dans cette œuvre d'art à la gloire du francais qu'est fr:
Tiens, c'est vrai que j'entendais la même chose aux cours de hand. Ce qui m'avait surprise à l'époque, c'est la hargne avec laquelle le prof nous reprenait quand on se trompait sur la prononciation. Mais bon, les apparemment innombrables motifs de hargne des profs de sport restant une galaxie encore à explorer...
Bon, on en finit jamais de remonter les horloges des "a priori". Ce qu'il y a derrière laisse songeur, parfois.
Enregistrer un commentaire