mardi 6 avril 2010

Wikipédia sauve l'art urbain

L'un des biais qui m'a le plus marqué, dans mon aventure wikipédienne, est cette tendance à considérer le monde immédiat comme quantité négligeable. Pour faire simple : ce qui est mentionné dans les livres, c'est Bien (attention : les VRAIS livres) et le reste n'est ni intéressant, ni encyclopédique.

Cette approche m'a toujours paru étrange : indépendamment des fameux critères de notoriété et des travaux inédits (qui sont deux problèmes annexes, même si on tend à tout mélanger), j'ai souvent eu l'impression que l'idée qu'on se faisait de l'encyclopédie idéale, c'est un gros bouquin qui résume grossièrement ce que les autres ont déjà dit ailleurs : plus le sujet est rebattu, plus il est encyclopédique. Bref, un machin inutile depuis qu'on ne remplit plus les armoires des salons avec des ouvrages en quinze volumes.

Via Twitter, j'ai appris l'existence du projet anglophone Wikipedia Saves Public Art. Son but : créer des articles précis, informatifs et à jour sur les œuvres d'art urbain. Ces œuvres sont bien souvent éphémères, mal documentées, mal aimées : leur conservation est soumise à rude épreuve. Le projet cherche, non pas à les sauver, mais à en garder une trace. Un exemple : la sculpture Zephyr de Steve Wooldridge installée sur le campus d'une université d'Indianapolis en 1998 (avec un article de journal ici pour bien faire).

Je trouve ce projet admirable. J'ai souvent peur que nos préjugés ne nous conduisent à négliger l'environnement dans lequel nous évoluons, juste parce qu'il nous est immédiat. C'est une approche, à mon sens, erronée.

L'autre chose qui m'ennuie, c'est l'écho que recevrait un tel projet dans la Wikipédia qui est la mienne. Si je me créais un article sur l'inénarrable bague de fiançailles de Goldorak à Ivry-sur-Seine, est-ce que ça ne serait pas immédiatement passé par les armes ?

4 commentaires:

Le concombre masqué a dit…

"qui résume grossièrement ce que les autres ont déjà dit ailleurs" -> ce me semble pourtant essentiellement impliqué par le critère de vérifiabilité.

Certes on peut faire remarquer qu'il est possible d'insérer aussi des informations non publiées et vérifiables, notamment vérifiables de manière visuelle sur des photos archivées de façon permanente ("l'enseigne du café du commerce est bleue" sourcé par une photo du café du commerce sur Google Street par exemple) et là on tombe sur le critère de "notoriété" pour mettre un peu le holà et ça se discute.

Mais ton résumé en "critères de notoriété et des travaux inédit" est un peu trompeur ; le principal critère c'est que tout doit pouvoir être vérifié par un contrôleur des travaux finis passant derrière les auteurs d'un article

Le concombre en sauce a dit…

Je pense sincèrement que l'article sur la bague de fiançailles de Goldorak d'Ivry-sur-Seine ne sera pas passée par les armes. Par contre, ce qui est certain, c'est qu'il contribuera à augmenter le taux d'acidité de certains estomacs malmenés.

iluvalar a dit…

L'ennuie majeure avec cette règle de la source secondaire fiable c'est qu'il s'agit d'une règle de résolution de conflit. Le glissement, se produit lorsqu'elle est utilisé comme argument de base (une règle ne devrait jamais l'être) et que le conflit se produit parce que l'information n'est pas sourcée.

Dans ces cas, le protagoniste oubli sont cerveau au vestiaire. Il oubli que l'encyclopédie ne peut se construire qu'avec des personne raisonnables et intelligentes. Et troque tous ça contre la croyance que l'application aveugle d'une règle est LA solution. Alors que, c'est justement le thème centrale du 5e principe fondateur.

D'un autre côté, quand deux participants sensés ne s'entendent pas sur la pertinence d'un passage. Les chances sont non-négligeable que le passage ne soit pas particulièrement pertinent (limite) et que, vu le flou entourant la perception sur la pertinence, il faille 50-70 avis sur la question avant de pouvoir être fixé. Investir tant de temps sur une question au mieux très peu pertinente au pire impertinente, n'a pas de sens au niveau de la communauté. C'est à ce moment que la règle de la source secondaire fiable peu sortir les gens d'un conflit stérile.

C'était mon avis à deux balles du 6 avril. ;)

Rémi a dit…

L'un des biais qui m'ont le plus marqué est cette tendance...