Le week-end passé, Wikimedia France tenait son assemblée générale. Visiblement, un leitmotiv : les métriques. Quantifions nos performances.
Alors j'ai pondu les miennes, de métriques. Voici ce que j'ai fait sur Wikipédia au mois de novembre 2012.
PS : j'ai piqué la carte sur Commons, il s'agit du fichier Fuller projection.svg par Sting.
mercredi 31 octobre 2012
Compte-rendu d'expédition
L'une de mes photos vient de se placer à la 8e place de l'édition française du concours Wiki Loves Monuments. C'est plutôt cool, je trouve.
L'image représente la Pierre Droite, un menhir du sud de l'Essonne. Ça me fait plaisir, parce que c'est justement une photo dont je suis satisfait et que j'ai délibérément conçue pour le côté artistique plus qu'illustratif. On m'a fait remarquer que j'ai plutôt respecté la règle des tiers, mais je dois avouer que le cadrage a plus été déterminé par la verticalité du menhir, la présence de son ombre au sol et celle des nuages sur la droite. Je trouvais également que la perpendicularité entre la pierre et l'horizon rajoutait à la chose.
Ce n'est pas la seule photo dont je suis artistiquement satisfait que j'ai chargée pour le concours : il en existe trois-quatre autres, comme celle-ci du regard de Saux :
Chouette contraste entre la façade de l'immeuble au fond et l'édicule de pierre devant. En plus, il flottait et la pluie est visible sur la photo, et ça m'amusait d'éviter le cliché du beau temps (même s'il est plus facile de prendre une photo par grand soleil, c'est sûr).
Dans un autre genre, et sous un ciel dégagé, cette vue en plongée de la tour nord de Notre-Dame de Paris :
Curieusement, personne ne l'avait encore prise sous cette angle, sur Commons.
De façon plus mineure, j'ai également photographié à la fois la tour Eiffel et le Louvre :
En revanche, je n'ai pas tenté de charger cette photo du Louvre sous la pluie sur Commons, je sens confusément qu'on m'aurait fait des réflexions à base de NOFOP :
La majeure partie de mes contributions à Wiki Love Monuments (175 en tout, visiblement) ne sont toutefois pas aussi arty : il s'agit de photos illustratives que j'ai chargées parce qu'elles ajoutent des infos sur un édifice, pas parce qu'elles feraient bien sur DeviantArt. C'est d'ailleurs un aspect intéressant du concours : on peut y participer pour plusieurs raisons, comme le critère artistique ou la simple volonté parfaitement wikimédienne d'ajouter sa pierre à l'édifice. Pour ma part, par contre, un point essentiel : je ne serais probablement pas allé chercher ces photos si le concours n'avait pas existé.
Voici grosso-modo mon modus operandi pour le concours : regarder les listes départementales de monuments historiques, cliquer sur le lien Google Maps tout en bas, étudier la carte localisant cette sacrés monuments et trouver un plan d'attaque. Je me suis par exemple tapé la remontée complète de l'aqueduc Médicis de cette façon.
Pour la photo gagnante, j'ai avisé le sud de l'Essonne, un petit coin autour de Buno-Bonnevaux. Pas de photos sur Wikipédia malgré la présence de six monuments protégés dans la zone, dont cinq liés au mégalithisme. Profitant du dézonage de mon pass Navigo le week-end, me voilà donc un samedi matin à la gare de Lyon à attendre un RER D qui me conduira dans le sud de l'Île-de-France. Je dépasse les merveilles d'architecture que sont les gares de banlieue franciliennes (ah la gare d'Évry Génépole en sous-sol, sporadiquement éclairée !) ; les passagers descendent presque tous ; je roule désormais en pleine cambrousse, seul dans le wagon quand j'arrive à la gare de Buno - Gironville, paumée entre le centre de Gironville et celui de Buno-Bonnevaux. Un train par heure dans chaque sens. Paris est à 60 km au nord, le Loiret à 5 bornes au sud.
Sortie de gare, remontée le long d'une départementale quasi sans bas-côtés, à ma gauche une carrière de sable : premier arrêt à la chapelle de Bonnevaux, malheureusement inaccessible derrière la grille du terrain.
La photo dans la boite, j'oblique vers l'est sur un chemin interdit aux véhicules non-riverains. Et tout d'un coup, ça grimpe : je gravis la côte qui sépare le plateau de la vallée de l'Essonne, 50 m de dénivelé en 500 m de chemin. Des deux côtés, la forêt et des vues agréables sur les pentes. C'est bientôt l'ouverture de la chasse ; les panneaux indiquent régulièrement qu'elle est privée ; les abris sont installés, prêts à l'utilisation. Et tout d'un coup, je débarque sur le plateau, les arbres s'effacent et laissent la place à l'immensité plate des champs. Le menhir de la Pierre Droite s'élève tout seul au beau milieu de rien.
C'est une belle bête, de 3,50 m au garrot. Je le photographie un peu de tous les côtés et continue ensuite mon chemin vers le sud, par une petite voie entre les champs. Peu de monde : quelques cyclistes se demandant ce que je fais là, un joggeur au loin (mais que fait-il là ?). Dans le ciel, des planeurs : le coin possède un centre de vol à voile. Dépaysement. J'arrive près de mon troisième check-point et un tracteur fait des allers-retours dans le champ d'à côté ; j'ai le sentiment que son conducteur me regarde d'un œil bizarre... Je synchronise la traversée des pieds de tournesols avec le moment où il s'éloigne de moi, vite vite.
Le polissoir de Grimery. Une longue pierre portant des traces de taille et de polissage. Soigneusement placée au coin d'un bosquet, comme si les parcelles cultivées suivaient une sorte d'héritage néolithique. C'est à la fois émouvant et un peu ridicule. Là encore, photos. Je reviens sur mes pas sur un bon kilomètre et m'engouffre dans une avancée d'arbres sur ma gauche à la recherche d'un hypogée que je ne trouverai pas (aucune indication claire pour le rejoindre et il est impossible d'explorer des sous-bois à la recherche d'un rocher de ce type sans savoir où on va). Mais le coin est sympathique. J'aboutis dans un chemin creux tout vert. Reste de bocage ? Je regagne progressivement la civilisation, maisons de moins en moins espacées, arbres de plus en plus absents. Au pied du clocher de l'église, mon dernier rendez-vous : un autre polissoir.
Celui-ci est affublé d'un grandiloquent « des sept coups d'épée de Roland ». Car Roland, comte des Marches de Bretagne mort dans les Pyrénées, est très certainement passé dans le coin pour affuter son arme dessus. On ne prête qu'aux riches. Après ça, je remonte vers la gare, attends mon train cinq minutes, m'offre le luxe de pouvoir choisir parmi un bon millier de places assises et débute ma remontée vers la capitale.
Et cette balade là, mes amis, sans Wikipédia ou le concours Wiki Loves Monuments, jamais je n'en aurais eu l'idée. Ça aurait été triste, non ?
L'image représente la Pierre Droite, un menhir du sud de l'Essonne. Ça me fait plaisir, parce que c'est justement une photo dont je suis satisfait et que j'ai délibérément conçue pour le côté artistique plus qu'illustratif. On m'a fait remarquer que j'ai plutôt respecté la règle des tiers, mais je dois avouer que le cadrage a plus été déterminé par la verticalité du menhir, la présence de son ombre au sol et celle des nuages sur la droite. Je trouvais également que la perpendicularité entre la pierre et l'horizon rajoutait à la chose.
Ce n'est pas la seule photo dont je suis artistiquement satisfait que j'ai chargée pour le concours : il en existe trois-quatre autres, comme celle-ci du regard de Saux :
Chouette contraste entre la façade de l'immeuble au fond et l'édicule de pierre devant. En plus, il flottait et la pluie est visible sur la photo, et ça m'amusait d'éviter le cliché du beau temps (même s'il est plus facile de prendre une photo par grand soleil, c'est sûr).
Dans un autre genre, et sous un ciel dégagé, cette vue en plongée de la tour nord de Notre-Dame de Paris :
Curieusement, personne ne l'avait encore prise sous cette angle, sur Commons.
De façon plus mineure, j'ai également photographié à la fois la tour Eiffel et le Louvre :
En revanche, je n'ai pas tenté de charger cette photo du Louvre sous la pluie sur Commons, je sens confusément qu'on m'aurait fait des réflexions à base de NOFOP :
La majeure partie de mes contributions à Wiki Love Monuments (175 en tout, visiblement) ne sont toutefois pas aussi arty : il s'agit de photos illustratives que j'ai chargées parce qu'elles ajoutent des infos sur un édifice, pas parce qu'elles feraient bien sur DeviantArt. C'est d'ailleurs un aspect intéressant du concours : on peut y participer pour plusieurs raisons, comme le critère artistique ou la simple volonté parfaitement wikimédienne d'ajouter sa pierre à l'édifice. Pour ma part, par contre, un point essentiel : je ne serais probablement pas allé chercher ces photos si le concours n'avait pas existé.
Voici grosso-modo mon modus operandi pour le concours : regarder les listes départementales de monuments historiques, cliquer sur le lien Google Maps tout en bas, étudier la carte localisant cette sacrés monuments et trouver un plan d'attaque. Je me suis par exemple tapé la remontée complète de l'aqueduc Médicis de cette façon.
Pour la photo gagnante, j'ai avisé le sud de l'Essonne, un petit coin autour de Buno-Bonnevaux. Pas de photos sur Wikipédia malgré la présence de six monuments protégés dans la zone, dont cinq liés au mégalithisme. Profitant du dézonage de mon pass Navigo le week-end, me voilà donc un samedi matin à la gare de Lyon à attendre un RER D qui me conduira dans le sud de l'Île-de-France. Je dépasse les merveilles d'architecture que sont les gares de banlieue franciliennes (ah la gare d'Évry Génépole en sous-sol, sporadiquement éclairée !) ; les passagers descendent presque tous ; je roule désormais en pleine cambrousse, seul dans le wagon quand j'arrive à la gare de Buno - Gironville, paumée entre le centre de Gironville et celui de Buno-Bonnevaux. Un train par heure dans chaque sens. Paris est à 60 km au nord, le Loiret à 5 bornes au sud.
Sortie de gare, remontée le long d'une départementale quasi sans bas-côtés, à ma gauche une carrière de sable : premier arrêt à la chapelle de Bonnevaux, malheureusement inaccessible derrière la grille du terrain.
La photo dans la boite, j'oblique vers l'est sur un chemin interdit aux véhicules non-riverains. Et tout d'un coup, ça grimpe : je gravis la côte qui sépare le plateau de la vallée de l'Essonne, 50 m de dénivelé en 500 m de chemin. Des deux côtés, la forêt et des vues agréables sur les pentes. C'est bientôt l'ouverture de la chasse ; les panneaux indiquent régulièrement qu'elle est privée ; les abris sont installés, prêts à l'utilisation. Et tout d'un coup, je débarque sur le plateau, les arbres s'effacent et laissent la place à l'immensité plate des champs. Le menhir de la Pierre Droite s'élève tout seul au beau milieu de rien.
C'est une belle bête, de 3,50 m au garrot. Je le photographie un peu de tous les côtés et continue ensuite mon chemin vers le sud, par une petite voie entre les champs. Peu de monde : quelques cyclistes se demandant ce que je fais là, un joggeur au loin (mais que fait-il là ?). Dans le ciel, des planeurs : le coin possède un centre de vol à voile. Dépaysement. J'arrive près de mon troisième check-point et un tracteur fait des allers-retours dans le champ d'à côté ; j'ai le sentiment que son conducteur me regarde d'un œil bizarre... Je synchronise la traversée des pieds de tournesols avec le moment où il s'éloigne de moi, vite vite.
Le polissoir de Grimery. Une longue pierre portant des traces de taille et de polissage. Soigneusement placée au coin d'un bosquet, comme si les parcelles cultivées suivaient une sorte d'héritage néolithique. C'est à la fois émouvant et un peu ridicule. Là encore, photos. Je reviens sur mes pas sur un bon kilomètre et m'engouffre dans une avancée d'arbres sur ma gauche à la recherche d'un hypogée que je ne trouverai pas (aucune indication claire pour le rejoindre et il est impossible d'explorer des sous-bois à la recherche d'un rocher de ce type sans savoir où on va). Mais le coin est sympathique. J'aboutis dans un chemin creux tout vert. Reste de bocage ? Je regagne progressivement la civilisation, maisons de moins en moins espacées, arbres de plus en plus absents. Au pied du clocher de l'église, mon dernier rendez-vous : un autre polissoir.
Celui-ci est affublé d'un grandiloquent « des sept coups d'épée de Roland ». Car Roland, comte des Marches de Bretagne mort dans les Pyrénées, est très certainement passé dans le coin pour affuter son arme dessus. On ne prête qu'aux riches. Après ça, je remonte vers la gare, attends mon train cinq minutes, m'offre le luxe de pouvoir choisir parmi un bon millier de places assises et débute ma remontée vers la capitale.
Et cette balade là, mes amis, sans Wikipédia ou le concours Wiki Loves Monuments, jamais je n'en aurais eu l'idée. Ça aurait été triste, non ?
lundi 1 octobre 2012
Comparaisons linguistiques
1 300 000 articles sur Wikipédia en français, 4 065 000 en anglais. en: possède donc 2 765 000 articles de plus que fr:. Soit donc 2,1 fois fr: elle-même. Les Anglophones n'étant pas des gens stupides (même si les Francophones ont parfois tendance à le penser), si on voulait vraiment augmenter la visibilité de fr:, la solution rationnelle consisterait à traduire de l'article anglais à tour de bras.
À chaque fois que j'ai évoqué cette idée, les mêmes ritournelles sont revenues : ces articles ne sont pas forcément bons, d'ailleurs y'a plein d'articles en français qui sont meilleurs qu'en anglais et de toute façon nous n'avons pas la même culture alors c'est pas vraiment possible. J'imagine que si la roue avait été inventée en Angleterre, la France persisterait à ne pas l'utiliser pour cause d'exception culturelle. Ce ne sont que des excuses minables pour éviter d'agir, bien sûr, et sans aucun lien avec la question qui plus est.
Là, j'ai essayé un truc : j'ai pris la liste des capitales du monde, son équivalent anglais et j'ai tout simplement comparé la taille de chacun des articles (capitales + pays) dans les deux langues. Certes, la taille n'est pas un argument qualitatif rigoureux, mais j'ai estimé que de façon générale, plus un article est long, plus il est développé (sur ce genre de sujet, ça me semble cohérent). Pourquoi les capitales ? Parce que ce sont des articles à bonne visibilité et qu'ils forment un groupe homogène tout en couvrant des possibilités d'édition multiples. Histoire d'augmenter un peu la dose d'articles, j'ai tout considéré (États indépendants, territoires d'outre-mer, pays séparatistes, etc. En plus, je n'avais pas envie de me prendre le chou à définir ce qu'est un État ou une capitale).
Ah, et j'ai pris en compte le fait qu'un texte en français est plus long que son équivalent en anglais. À la louche, j'ai estimé ce surplus à 25%.
Si ça vous intéresse, j'ai compilé les résultats dans ce tableau.
En résumé :
Sur 268 articles de capitales :
Sur 249 articles de pays ou territoires :
Dans une optique purement qualitative, sur ce sujet parfaitement bateau, en: enfonce donc complètement fr:. Je n'ai aucune raison de penser que la chose ne se reproduit pas de façon similaire sur le reste des deux encyclopédies — et mon expérience d'utilisateur de Wikipedia me confirmerait nettement cette impression.
Perso, vue la visibilité de Wikipedia sur Internet, si je voulais faire quelque chose pour la francophonie, j'irais de toute urgence embaucher des traducteurs.
À chaque fois que j'ai évoqué cette idée, les mêmes ritournelles sont revenues : ces articles ne sont pas forcément bons, d'ailleurs y'a plein d'articles en français qui sont meilleurs qu'en anglais et de toute façon nous n'avons pas la même culture alors c'est pas vraiment possible. J'imagine que si la roue avait été inventée en Angleterre, la France persisterait à ne pas l'utiliser pour cause d'exception culturelle. Ce ne sont que des excuses minables pour éviter d'agir, bien sûr, et sans aucun lien avec la question qui plus est.
Là, j'ai essayé un truc : j'ai pris la liste des capitales du monde, son équivalent anglais et j'ai tout simplement comparé la taille de chacun des articles (capitales + pays) dans les deux langues. Certes, la taille n'est pas un argument qualitatif rigoureux, mais j'ai estimé que de façon générale, plus un article est long, plus il est développé (sur ce genre de sujet, ça me semble cohérent). Pourquoi les capitales ? Parce que ce sont des articles à bonne visibilité et qu'ils forment un groupe homogène tout en couvrant des possibilités d'édition multiples. Histoire d'augmenter un peu la dose d'articles, j'ai tout considéré (États indépendants, territoires d'outre-mer, pays séparatistes, etc. En plus, je n'avais pas envie de me prendre le chou à définir ce qu'est un État ou une capitale).
Ah, et j'ai pris en compte le fait qu'un texte en français est plus long que son équivalent en anglais. À la louche, j'ai estimé ce surplus à 25%.
Si ça vous intéresse, j'ai compilé les résultats dans ce tableau.
En résumé :
Sur 268 articles de capitales :
- 2 n'existent pas en français
- 1 n'existe pas en anglais
- 22 sont d'une taille similaire, de l'ordre de 20% en plus ou en moins (10 concernent des territoires francophones)
- 19 sont plus grands en français (13 concernent des territoires francophones)
- 224 sont plus grands en anglais ; parmi ceux-ci, 80% font plus du double.
Sur 249 articles de pays ou territoires :
- 13 sont d'une taille similaire (5 territoires francophones)
- 12 sont plus grands en français (9 territoires francophones)
- 224 sont plus grands en anglais, dont 80%, là encore, font plus du double en taille
Dans une optique purement qualitative, sur ce sujet parfaitement bateau, en: enfonce donc complètement fr:. Je n'ai aucune raison de penser que la chose ne se reproduit pas de façon similaire sur le reste des deux encyclopédies — et mon expérience d'utilisateur de Wikipedia me confirmerait nettement cette impression.
Perso, vue la visibilité de Wikipedia sur Internet, si je voulais faire quelque chose pour la francophonie, j'irais de toute urgence embaucher des traducteurs.
samedi 15 septembre 2012
Le laisser-faire est le meilleur allié des suppressionnistes
Connaissez-vous Know Your Meme ? Selon les termes de Wikipédia, Know Your Meme est un site documentant les mèmes Internet. Bref, c'est une encyclopédie spécialisée dans ce que le monde produit de plus anecdotique. Je la consulte de temps en temps quand je sens qu'une référence m'échappe (c'est plus pratique que d'aller demander à 4chan). J'y songe également dès que je vois passer sur Wikipédia une phrase du genre : « ce sujet n'a absolument aucun intérêt, il n'y a rien à en dire, on ne peut absolument pas le traiter de façon encyclopédique ». Oh, si vous saviez comme on peut, quand on veut...
Bref.
Paris compte quelque chose comme 6 000 voies de ciculation. La plupart disposent d'un article dédié sur Wikipédia. Mais tout ça ne s'est pas fait en un jour, houla non ! Il a fallu des années pour en arriver là.
Commençons par le plus central : la liste des rues parisiennes (qui a subi son content de renommages). L'article naît le 23 juin 2004 ; il comporte alors 22 voies parisiennes. Quelques noms sont rajoutés assez vite, suffisamment pour nécessiter un découpage alphabétique dès le lendemain. Les choses vivotent pendant deux années, quelques rues étant rajoutées à la liste quand l'envie s'en fait sentir. Et puis, les 7 et 8 septembre 2006, une IP réalise des ajouts systématiques, faisant passer le texte de 15 751 à 113 065 octets. Pourtant, la liste n'est pas encore exhaustive. Ce n'est que le 18 mai 2008 que je tente de résoudre ce problème (faisant passer le texte à plus de 152 000 octets). L'article culmine le 25 janvier 2010 à 167 731 octets, avant que je ne me décide à tout scinder dans des articles par arrondissement, vu que ce n'était clairement plus possible. Depuis, l'article est stable.
Je résume : 2 ans d'ajouts marginaux avant une première tentative de complétion, 4 ans avant un essai d'exhaustivité, 6 ans avant d'obtenir une mise en forme lisible et utilisable. Clairement, les voies de Paris ne sont pas la priorité des Wikipédiens.
Mais je n'ai parlé que de la liste : qu'en est-il des articles spécifiques ? Eh bien, disons qu'au début 2011, 10 ans après les débuts de Wikipédia, on pouvait estimer que moins de la moitié des voies parisiennes y figuraient, sans véritable plan, créées au petit bonheur la chance. Le 15 avril 2011, doublement incité par la politique d'opendata parisienne et une absence complète de perspective d'activité au boulot, je décidais de dégainer AutoWikiBrowser et de créer les 3 000 voies restantes.
Je vais vous faire un aveu : je ne referai plus ça. J'ai cru devenir dingue. Contrairement à ce que certains affirment, je ne dispose pas du flag bot, donc AWB me demande confirmation avant chaque édition. C'est un truc à se fondre le cerveau. Et la main qui tient la souris. Mais bon, au moins, c'était fait.
Régulièrement, les rues parisiennes sont proposées à la suppression : manifestement, la perspective d'écrire une bafouille sur des voies de circulation est choquant. Je me souviens de ma première PàS sur le sujet, le passage du Sud. À l'époque, l'article avait été conservé par absence de consensus. La dernière concerne la rue Paul-Strauss et aboutira vraisemblablement à la conservation de l'article. Mais je voudrais citer ici l'argument de suppression : « Si on continue à citer sans raison particulière n'importe quelle rue de n'importe quelle ville, wikipedia ressemblera à mappy en moins bien. » Cher contributeur, je comprends très bien ta peur que Wikipédia finisse par avoir beaucoup trop de contenu (je ne la partage pas, ceci dit). Mais tu n'as pas à t'en faire : les rues de Paris ne représentent même pas 0,5% de la Wikipédia francophone et il a fallu une décennie pour aboutir à un ensemble à peu près complet d'articles. À moins d'un changement radical dans les possibilités d'éditions, Wikipédia ne ressemblera jamais à Mappy. Et tu sais pourquoi ? Parce que c'est méga-ennuyeux à faire.
Je ne comprends pas pourquoi on voudrait s'acharner à pondre des critères sur ce genre de sujets. Il est bien plus efficace de se contenter de dire aux gens la même chose que pour le reste : « faites ce que vous avez envie de faire. »
PS : je n'ai pas envie de discourir sur le pourquoi du comment de l'utilité d'avoir un article spécifique sur chaque rue de Paris, ni ici, ni dans les commentaires. Le concept wikipédia n'est plus tout neuf et vous avez eu amplement l'opportunité de vous y familiariser depuis le temps.
Bref.
Paris compte quelque chose comme 6 000 voies de ciculation. La plupart disposent d'un article dédié sur Wikipédia. Mais tout ça ne s'est pas fait en un jour, houla non ! Il a fallu des années pour en arriver là.
Commençons par le plus central : la liste des rues parisiennes (qui a subi son content de renommages). L'article naît le 23 juin 2004 ; il comporte alors 22 voies parisiennes. Quelques noms sont rajoutés assez vite, suffisamment pour nécessiter un découpage alphabétique dès le lendemain. Les choses vivotent pendant deux années, quelques rues étant rajoutées à la liste quand l'envie s'en fait sentir. Et puis, les 7 et 8 septembre 2006, une IP réalise des ajouts systématiques, faisant passer le texte de 15 751 à 113 065 octets. Pourtant, la liste n'est pas encore exhaustive. Ce n'est que le 18 mai 2008 que je tente de résoudre ce problème (faisant passer le texte à plus de 152 000 octets). L'article culmine le 25 janvier 2010 à 167 731 octets, avant que je ne me décide à tout scinder dans des articles par arrondissement, vu que ce n'était clairement plus possible. Depuis, l'article est stable.
Je résume : 2 ans d'ajouts marginaux avant une première tentative de complétion, 4 ans avant un essai d'exhaustivité, 6 ans avant d'obtenir une mise en forme lisible et utilisable. Clairement, les voies de Paris ne sont pas la priorité des Wikipédiens.
Mais je n'ai parlé que de la liste : qu'en est-il des articles spécifiques ? Eh bien, disons qu'au début 2011, 10 ans après les débuts de Wikipédia, on pouvait estimer que moins de la moitié des voies parisiennes y figuraient, sans véritable plan, créées au petit bonheur la chance. Le 15 avril 2011, doublement incité par la politique d'opendata parisienne et une absence complète de perspective d'activité au boulot, je décidais de dégainer AutoWikiBrowser et de créer les 3 000 voies restantes.
Je vais vous faire un aveu : je ne referai plus ça. J'ai cru devenir dingue. Contrairement à ce que certains affirment, je ne dispose pas du flag bot, donc AWB me demande confirmation avant chaque édition. C'est un truc à se fondre le cerveau. Et la main qui tient la souris. Mais bon, au moins, c'était fait.
Régulièrement, les rues parisiennes sont proposées à la suppression : manifestement, la perspective d'écrire une bafouille sur des voies de circulation est choquant. Je me souviens de ma première PàS sur le sujet, le passage du Sud. À l'époque, l'article avait été conservé par absence de consensus. La dernière concerne la rue Paul-Strauss et aboutira vraisemblablement à la conservation de l'article. Mais je voudrais citer ici l'argument de suppression : « Si on continue à citer sans raison particulière n'importe quelle rue de n'importe quelle ville, wikipedia ressemblera à mappy en moins bien. » Cher contributeur, je comprends très bien ta peur que Wikipédia finisse par avoir beaucoup trop de contenu (je ne la partage pas, ceci dit). Mais tu n'as pas à t'en faire : les rues de Paris ne représentent même pas 0,5% de la Wikipédia francophone et il a fallu une décennie pour aboutir à un ensemble à peu près complet d'articles. À moins d'un changement radical dans les possibilités d'éditions, Wikipédia ne ressemblera jamais à Mappy. Et tu sais pourquoi ? Parce que c'est méga-ennuyeux à faire.
Je ne comprends pas pourquoi on voudrait s'acharner à pondre des critères sur ce genre de sujets. Il est bien plus efficace de se contenter de dire aux gens la même chose que pour le reste : « faites ce que vous avez envie de faire. »
PS : je n'ai pas envie de discourir sur le pourquoi du comment de l'utilité d'avoir un article spécifique sur chaque rue de Paris, ni ici, ni dans les commentaires. Le concept wikipédia n'est plus tout neuf et vous avez eu amplement l'opportunité de vous y familiariser depuis le temps.
samedi 25 août 2012
Protection
Donc. Wiki Loves Monuments. Le retour.
Je résume :
- 2009 : 1 pays, 5 400 photos
- 2010 : 1 pays, 12 600 photos
- 2011 : 19 pays, 169 000 photos
- 2012 : 36 pays, l'upload de masse débute le 1er septembre.
Le but du bouzin, c'est de photographier des monuments historiques. Maintenant : c'est quoi, un monument historique ? Alors ça, c'est une très bonne question. En France, c'est un truc qui a été cité dans une liste publiée au journal officiel. Un monument historique, c'est plus une question de thunes qu'autre chose. C'était explicitement le cas au tout début en 1840 et ça n'a pas vraiment changé depuis. Les raisons qui poussent à la préservation du patrimoine sont multiples : une lubie patrimoniale soudaine, emmerder McDonald's, conserver des immeubles sans autre intérêt que de faire bien bien dans l'alignement des tours de la cathédrale, la peur de voir le monde évoluer et de perdre un environnement sécurisant parce que connu, et j'en passe. Parfois, c'est même pour protéger un édifice architecturalement important, c'est dire. En France, les monuments historiques, il ne faut jamais perdre de vue que c'est essentiellement un bidule bureaucratique, pas un argument touristique ou éducatif (ça peut l'être aussi, mais ce n'est pas lié). Je n'ai aucune raison de penser que c'est différent dans les autres pays.
Malgré ses défauts, il faut bien avouer que cet ensemble de protections permet de savoir quoi voir quand on est dans le coin. Maintenant, vous avez envie de voir du monument protégé, mais manquez de temps pour éplucher la base de données. Voici quelques idées :
- Le dolmen de la Table, un vestige paumé parmi les vasières de Noirmoutier, distant des côtes de plus de 4 km et submergé à peu près tout le temps. Celui là, si vous le chopez, vous aurez gagné la palme de la photo de MH la plus inaccessible.
- La maison Lemoine, le monument devenu historique le plus rapidement possible ces dernières années : construite pour les époux Lemoine à Floirac par Koolhaas en 1998, protégée en 2002. Je crois que c'est un record, même la protection des plates-formes d'artilleries allemandes de la Première Guerre mondiale a mis plus longtemps.
- La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, parce qu'elle n'est justement pas protégée comme monument historique et que j'espère que ça restera comme ça, qu'on n'ira pas classer cette grosse meringue revancharde, construite par de sales réacs meurtriers pour humilier les habitants de Paris.
- La centaine de devantures parisiennes en verre églomisé, protégées dans un bel élan en 1984. Histoire de pouvoir participer avec une photo de traiteur chinois.
- L'île aux Marins, si vous êtes de passage à Saint-Pierre-et-Miquelon.
- Les édicules Guimard du métro parisien, parce que si vous les prenez en photo, vous ne pourrez pas les charger sur Commons avant la fin de cette année, droits d'auteur obligent. Qui a dit que vous deviez vous balader juste pour prendre des photos pour Commons ?
- Les cadrans solaires de Vermenton et de la Groirie, parce que le premier est protégé comme édifice et le deuxième comme objet sans que j'arrive à comprendre la logique.
- La borne milliaire de Limoges, détruite en 1893 et classée l'année suivante. Ah, oui, parfois, y'a des couacs.
- Les innombrables croix et bornes dont l'emplacement n'est pas précisé, ce qui peut intéresser les amateurs de geocaching. Parce que quand on vous dit juste qu'une croix est protégée quelque part dans une commune, sans autre indication, ça peut devenir un vrai challenge. Surtout s'il y en a plusieurs, des croix, dans la commune.
Enfin, baladez-vous, quoi. N'hésitez pas à prendre en photo des édifices pas protégés, c'est bien aussi. La dernière fois que je suis allé à Provins, j'ai fait un large détour en dehors du centre-ville pour aller voir un lavoir même pas classé et c'est certainement la meilleure idée que j'aurai eu ce jour là.
mercredi 15 août 2012
' ’ ʼ ʻ ʽ ʾ ʿ ˈ ̓ ̕ ՚ ‘ ‛ ` ´ ′ ʹ ‵ Ꞌ ꞌ
« It feels like a bad joke. And like everything else in hell, it is deadly serious. »
(Neil Gaiman, The Sandman)
(Neil Gaiman, The Sandman)
Quand j'étais p'tit, les distractions étaient rares et la France, dans une midlife crisis typique des gens un peu aisés tétanisés par toute cette abondance et ces possibles, tentait d'émuler la grisaille totalitaire des dictatures communistes. Le livre imprimé était l'un des rares loisirs disponibles (avec le sport et la musique ; le cinéma était bien trop cher pour n'être autre chose qu'un jouet de riches oisifs parisiens et j'étais bien trop jeune pour le sexe) et c'était le seul culturellement acceptable. Une fois par semaine, y'avait à la télé une émission intitulée « Apostrophes », présentée par Bernard Pivot, qui parlait de bouquins. Enfin, j'imagine que c'était le postulat de base : je pense que la majorité des gens la regardaient en espérant que les invités allaient se foutre sur la gueule, vomir sur les micros, dénoncer la censure ou plus généralement se comporter de façon lamentable. Bref : qu'ils s'apostrophent.
Dans pas mal de langues utilisant l'alphabet latin, on trouve un signe nommé l'apostrophe, qui à tout un tas de fonctions. En français, on l'utilise principalement pour marquer l'élision. Pour tout un tas de raisons techniques, on l'écrit généralement au clavier avec le caractère « ' » (touche « 4 » chez moi). Apparemment, ça date des machines à écrire qui n'avaient pas des tonnes de place et où les constructeurs ont regroupé tout un tas de symboles assez proches sur la même touche (l'apostrophe, le guillemet simple, le prime, etc.). À peu de choses près, tout le monde s'en fout. S'il faut mettre en forme (genre, si on imprime un livre), d'autres se chargent de courber l'apostrophe.
Techniquement, le standard Unicode code deux caractères comme apostrophes :
- « Commandes C0 et latin de base : 0027 - APOSTROPHE ; le caractère recommandé pour indiquer l'apostrophe est 2019. »
- « Ponctuation générale : 2019 - GUILLEMET-APOSTROPHE ; caractère recommandé pour indiquer l'apostrophe. »
Évidemment, pas point final.
Si vous êtes extérieur à Wikipédia, vous ne savez pas qu'on est capable de s'engueuler pour des détails complètement abstrus (par « engueuler », je veux dire que si les participants étaient en face dans la vraie vie, la Justice devrait prononcer des condamnations pour meurtre). L'apostrophe fait partie de ces non-débats récurrents. La trivialité du sujet l'a élevé au rang de guerre religieuse. Ces deux dernières semaines, on en trouve mention sur les bistros des 30 juillet, 5 août, 8 août, 9 août, 10 août, 13 août... Au total, plus de 20 000 mots ont été écrits sur le sujet ces 15 derniers jours, soit la taille d'un petit roman. Aucune solution n'a été trouvée par aucune des parties.
Le but de cette lutte à mort ? L'utilisation de l'apostrophe courbe (celle des typographes) au lieu de l'apostrophe droite (celle des claviers ordinaires). Bien entendu, personne n'a dit : « béh, si c'est votre trip de mettre des apostrophes courbes quand y'en a, ok, c'est un wiki, tout le monde édite ce qu'il veut comme il veut, mais on va pas se prendre le chou avec ça. » Des lignes de tranchées séparent désormais « Eux » de « Nous ». Tout le monde doit prendre position. La courbure de l'apostrophe, tu l'aimes ou tu la quittes.
Perso, je trouve l'apotypo kawaii, mais pas suffisamment pour que je m'emmerde à la taper (je ne vois pas la différence quand je lis et quand j'écris à la main, l'inclinaison de mes apostrophes se barre dans tous les sens et jamais personne ne m'a fait de remarque à ce sujet). Je suis donc passablement agacé par le courant de pensée qui estime que c'est le VRAI caractère, celui qu'il FAUT écrire, que Wikipédia DOIT utiliser, que les autres sont dans l'ERREUR. Les enfants, l'historique de vos caractères, je m'en bats les couilles avec une pelle à gâteau. L'apostrophe droite est apparue pour répondre à un besoin, oblitérant l'apostrophe courbe au passage ? C'est pas la première fois que les caractères se modifient pour répondre à une limitation technique. Ça ne fait pas de l'apostrophe courbe le dépositaire unique de la sapience ancestrale, honteusement spoliée par l'apostrophe droite, ce traitre à la solde des lobbies et des multinationales. En d'autres termes : ce n'est pas parce que l'apostrophe était courbée dans le temps qu'on en a quelque chose à faire. Le rétablissement de la courbure était important pour vous ? Vous n'aviez qu'à le demander gentiment au lieu de prétendre détenir la vérité.
Un exemple de ce qui m'agace : premier paragraphe de l'article « Apostrophe ». Mépris institutionnalisé, infos présentées comme la seule vérité, références à l'appui. Et, je le rappelle, dès le premier paragraphe. Cette crispation sur un point de détail me rappelle les heures les plus sombres de notre histoire, la réforme orthographique française de 1990, lorsque des légions de types qui n'y connaissaient rien (des hommes, toujours des hommes possédant un certain pouvoir culturel) venaient vous expliquer doctement que si « nénuphar » devait s'écrire avec un « f », ce serait la fin de la Civilisation Occidentale. L'apostrophe a changé ? Faites avec. Le monde tourne ; vous êtes peut-être contre, mais j'aimerais bien ne pas le rater, moi. Votre supériorité morale, elle me gonfle.
Sinon, Apostrophe (') est également le titre d'un album de Frank Zappa — incidemment typographié avec une apostrophe droite sur la pochette de l'album, qui figure en tête d'article. Et comme je suis sympa, je vous file la chanson éponyme, simplement intitulée Apostrophe, sans le caractère :
PS : j'avoue, je n'ai en réalité écrit ce billet que pour placer une musique de Zappa.
mercredi 1 août 2012
WP is for DWEM
« Les attitudes radicales et petit-bourgeoises ne sont pas très éloignées l'une de l'autre ; toutes deux portent les œillères des esprits bornés »
(György Ligeti, 1971)
(György Ligeti, 1971)
Jeudi dernier, j'ai décidé de rentabiliser mon tout neuf statut de chômeur[1] en rentrant dans le Louvre à la recherche du pavillon des Sessions. Pour y accéder, il faut traverser la moitié du musée, en particulier la loooooooooongue galerie des peintures, qui contient des trucs à boire et à manger. Juste avant de tourner à gauche, on passe par une salle qui contient ces deux tableaux, l'un à côté de l'autre :
Giovanni Paolo Panini, Galerie de vues de la Rome antique (vers 1758)
Giovanni Paolo Panini, Galerie de vues de la Rome moderne (vers 1759)
Ce sont deux œuvres de Giovanni Paolo Panini, un peintre italien du 18e spécialisé dans les vedute et les capriccio. Deux tableaux d'un fort beau gabarit (plus de 2 m de haut sur 3 de large), riches de détails, dépeignant chacun une galerie imaginaire remplie de tableaux tout aussi fantasmés[2] représentant pour l'un des édifices de la Rome antique (temples, etc.), pour l'autre ceux de la Rome contemporaine de l'auteur (villas, etc.). Le jeu, bien entendu, est d'en identifier le maximum (j'ai reconnu le Panthéon et le Colisée ; j'espère que vous ferez mieux que moi).
J'en ai profité pour m'entrainer à la photo de tableau en musée sans trépied, chargé tout ça sur Commons ensuite. La résolution n'est pas tip-top, ma mise au point n'est pas bien carrée, mais c'était cool quand même. Et puis je me suis dit que j'allais améliorer les articles Wikipédia correspondants. Et là, les difficultés ont commencé.
Il se trouve que ces tableaux ne sont que les 3e exemplaires peints des même sujets (visiblement, c'était un créneau porteur). Les premiers sont à la Staatsgalerie de Stuttgart et au musée des beaux-arts de Boston ; les seconds sont tous deux exposés au MET à New York. Les dimensions sont à chaque fois différentes. Les sujets représentés également. Quant aux titres, il est fort probable que Panini n'en a jamais fourni de son vivant (nommer les œuvres à leur création, c'est un acte assez récent quand on y songe). Et ensuite, Wikipédia te demande de remplir l'infobox Art, qui ne prend en compte qu'un titre, une taille, une date et un musée par œuvre. Ah ben oui, facile. J'ai mis le détail de la première version, même si ça n'a pas vraiment de sens.
Quelques jours auparavant, j'ai rédigé deux-trois mots sur le Poème symphonique de György Ligeti. C'est une chouette performance qui nécessite 100 métronomes, qu'on laisse battre jusqu'à l'arrêt :
La première de l'œuvre a provoqué un beau scandale, le public ne s'attendant pas à ce genre d'expérience (réciproquement, Ligeti ne s'attendait pas à ce genre de public). On avait un clash d'expectations : le public aurait sûrement accepté l'œuvre dans un autre contexte, mais pas dans celui d'un festival de musique classique. Toutes proportions gardées, Wikipédia reproduit cette incompréhension : l'infobox Musique classique (œuvre), la seule qui soit pourtant appropriée, est bien en peine pour décrire l'œuvre.
Il existe une œuvre de John Cage intitulée 4′33″, qui consiste en 4 minutes et 33 secondes de rien du tout. Outre qu'il s'agit à mon avis d'un parfait exemple de troll artistique, elle est fantastique parce qu'elle se revêt de tous les habits de la musique classique, elle en reprend tous les codes, tous les clichés tout en omettant précisément l'essentiel : la musique. Cette vidéo explique la chose mieux que moi :
John Cage, 4'33, joué par William Marx au McCallum Theatre de Palm Desert, en Californie.
Vous avez tout : la solennité, le silence du public, le costume du musicien, ses gestes précis et sans hésitation au service d'une représentation théatralisée, la sobre présentation initiale de l'œuvre par le commentateur, le salut final, bref. Sur Wikipédia, l'article est catégorisé comme « œuvre pour piano ». Vraiment ?
Wikipédia a beau être un concept disruptif[3], ses contributeurs ramènent forcément avec eux leurs propres préjugés et préconceptions. Dans le cas des œuvres d'art, cela signifie qu'on peut définir un gabarit descriptif (nom, taille, auteur, etc.). Oh, bien sûr, ce n'est pas vraiment très grave : ça ne devient ennuyeux que lorsque ça commence à être préjudiciable à la rédaction. Là, le problème, c'est qu'on a un cadre pré-formaté dans lequel on suppose que vont tomber tous les exemples d'un sujet donné. Ça serait bien embêtant, quand même, de vérifier que l'hypothèse Sapir-Whorf peut-être appliquée à un wiki... Et puis vous imaginez les ennuis quand on arrive à l'art contemporain, genre l'art sonore ou du land art étalé sur des km² ?[4]
Où je veux en venir, donc ? Sur Wikipédia, on pond des éléments de rédaction structurants, des critères d'admissibilité, on case les articles dans des cases comme on peut. C'est OK, il faut bien bosser. Mais on oublie trop vite (ou, dans certains cas, on ignore sciemment) que ce cadre brise rapidement toute approche un peu différente. Et c'est justement les approches différentes qui ont fait le succès de Wikipédia. Il serait dommage que le projet d'encyclopédie universelle tourne au bout du compte à une auto-validation des a priori de la classe dirigeante occidentale contemporaine, non ?
[1] Rien de bien grave, ne vous en faites pas.
[2] Et, parmi ces tableaux imaginaires, des reproductions en miniature d'autres tableaux du peintre lui-même. Totalement méta.
[3] Je ne trouve pas la traduction « perturbateur » de l'anglais « disruptive » très bonne, désolé.
[4] D'ailleurs, la réaction traditionnelle face à ce genre de réalisation, c'est : « non mais c'est pas de l'art, ça. »
jeudi 19 juillet 2012
Rapports de force
La Wikipedia en anglais a dépassé les 4 millions d'articles. Je ne sais pas vraiment si vous êtes au courant, vu qu'on en a finalement assez peu parlé. Ça a fait peu de vagues, un peu comme s'il était devenu évident d'avoir tout plein d'articles sur en:. Ou alors, peut-être que personne ne se rend bien compte de l'énormité de la chose (en fait, je pense que peu de monde s'en rend vraiment compte).
Sur fr:, on plafonne à près d'1,3 millions d'articles. Bien sûr, c'est beaucoup. Mais c'est moins. Du coup, on se pose souvent des questions absurdes, genre « que faudrait-il faire pour rattraper les anglophones ? » (bizarrement, la réponse évidente : « traduire tous les articles d'en: manquants » n'est jamais envisagée sérieusement).
Plus tôt aujourd'hui, je me suis posé la question : « et au fil du temps, il évolue comment, le rapport ? ». Je suis rentré chez moi, j'ai abouti sur une page de stats idoine et je vous ai pondu le rapport entre le nombre d'articles dans une langue et celui en anglais, entre 2003 et 2012, pour l'allemand, le français, le néerlandais, l'italien, le polonais, l'espagnol, le russe, le japonais, le portugais et le suédois.
Le site ne donne les données qu'arrondies à la centaine près (voire la centaine de millier près quand ça dépasse le million), ce qui provoque ces oscillations un peu gênantes. J'ai estimé que ce n'était pas trop grave.
Je ne sais pas pour vous, mais il me semble qu'une fois un projet bien lancé dans une langue, le rapport a tendance à se stabiliser. Visiblement, la Wikipédia en français comportera toujours un tiers des articles de la Wikipédia en anglais.
Note : suivant l'l'excellent nojhan, j'ai utilisé la palette de couleur Solarized d'Ethan Schoonover et la police Liberation Sans. Et certains disent que je n'utilise pas assez de trucs libres...
Sur fr:, on plafonne à près d'1,3 millions d'articles. Bien sûr, c'est beaucoup. Mais c'est moins. Du coup, on se pose souvent des questions absurdes, genre « que faudrait-il faire pour rattraper les anglophones ? » (bizarrement, la réponse évidente : « traduire tous les articles d'en: manquants » n'est jamais envisagée sérieusement).
Plus tôt aujourd'hui, je me suis posé la question : « et au fil du temps, il évolue comment, le rapport ? ». Je suis rentré chez moi, j'ai abouti sur une page de stats idoine et je vous ai pondu le rapport entre le nombre d'articles dans une langue et celui en anglais, entre 2003 et 2012, pour l'allemand, le français, le néerlandais, l'italien, le polonais, l'espagnol, le russe, le japonais, le portugais et le suédois.
Le site ne donne les données qu'arrondies à la centaine près (voire la centaine de millier près quand ça dépasse le million), ce qui provoque ces oscillations un peu gênantes. J'ai estimé que ce n'était pas trop grave.
Je ne sais pas pour vous, mais il me semble qu'une fois un projet bien lancé dans une langue, le rapport a tendance à se stabiliser. Visiblement, la Wikipédia en français comportera toujours un tiers des articles de la Wikipédia en anglais.
Note : suivant l'l'excellent nojhan, j'ai utilisé la palette de couleur Solarized d'Ethan Schoonover et la police Liberation Sans. Et certains disent que je n'utilise pas assez de trucs libres...
mercredi 20 juin 2012
Législatives
Si vous habitez en France, vous avez peut-être entendu parler des récentes élections législatives qui viennent de se terminer. 577 sièges étaient à pourvoir et l'Assemblée a connu pas mal de mouvement.
Mouvement = nouveaux députés. Nouveaux députés = articles inexistants sur Wikipédia.
J'ai fait un tour sur tous les députés. Il se trouve que 82 d'entre eux ont vu leur article supprimé à un moment ou à un autre. 14% de l'Assemblée, quand même.
29 sont passés en pages à supprimer :
La morale de cette histoire ? Il n'y en a pas.
Mouvement = nouveaux députés. Nouveaux députés = articles inexistants sur Wikipédia.
J'ai fait un tour sur tous les députés. Il se trouve que 82 d'entre eux ont vu leur article supprimé à un moment ou à un autre. 14% de l'Assemblée, quand même.
29 sont passés en pages à supprimer :
- Damien Abad
- Éric Alauzet
- Luc Belot
- Karine Berger
- Philippe Bies
- Erwann Binet
- Florent Boudié
- Sylviane Bulteau
- Christophe Castaner
- Philip Cordery
- Catherine Coutelle
- Gérald Darmanin
- Philippe Doucet
- Olivier Dussopt
- Olivier Faure
- Matthias Fekl
- Jean-Patrick Gille
- Laurent Grandguillaume
- Monique Iborra
- Laurent Kalinowski
- Marietta Karamanli
- Marion Maréchal-Le Pen
- Olivier Marleix
- Maud Olivier
- Pascal Popelin
- Patrice Prat
- Monique Rabin
- Thierry Robert
- Gérard Sebaoun
- Nathalie Appéré
- Isabelle Attard
- Julien Aubert
- Delphine Batho
- Laurent Baumel
- Jean-Luc Bleunven
- Pascale Boistard
- Christophe Borgel
- Jean-Louis Bricout
- Jean-Claude Buisine
- Olivier Carré
- Nathalie Chabanne
- Guy Chambefort
- Alain Chrétien
- Gilbert Collard
- Seybah Dagoma
- Yves Daniel
- Pascal Deguilhem
- Sophie Dessus
- Sophie Dion
- Viviane Le Dissez
- Cécile Duflot
- Anne-Lise Dufour-Tonini
- Olivier Falorni
- Alain Fauré
- Richard Ferrand
- Geneviève Fioraso
- Michèle Fournier-Armand
- Jean-Christophe Fromantin
- Guillaume Garot
- Hélène Geoffroy
- Marc Goua
- Chantal Guittet
- Bernadette Laclais
- Dominique Lefebvre
- Catherine Lemorton
- Serge Letchimy
- Gilles Lurton
- Laurent Marcangeli
- Sandrine Mazetier
- Yannick Moreau
- Corinne Narassiguin
- Monique Orphé
- Luce Pane
- Hervé Pellois
- Martine Pinville
- Arnaud Richard
- Eduardo Rihan Cypel
- Béatrice Santais
- Thierry Solère
- Marisol Touraine
- Clotilde Valter
- Philippe Vigier
La morale de cette histoire ? Il n'y en a pas.
mercredi 13 juin 2012
L'art contemporain n'existe pas
Sur ce blog, il y a un peu plus de 3 ans, j'évoquais en passant un économiste américain qui avait compté les apparitions d'œuvres d'art contemporaines dans les manuels d'histoire de l'art récents afin d'établir un classement des œuvres les plus influentes. Ce classement n'était pas accessible en ligne et c'était un peu dommage.
Je ne sais pas pourquoi ça m'est repassé par la tête récemment. Après une brève recherche, je suis tombé sur un type qui a fait la même chose avec quelques manuels, mais qui a eu la bonne idée d'en autoriser l'accès en ligne. Du coup, ça donne une liste de 100 œuvres plutôt pertinente, qui couvre un peu tout le 20e siècle (pour peu quand même qu'on se limite aux hommes blancs morts et qu'on ne cherche pas d'installation, de performance ou des trucs trop bizarres comme l'art sonore ; la méthode a forcément ses limites).
Comme on ne se refait pas, je suis allé voir ce qui existait dans Wikipédia à propos de ces œuvres. Vous vous en doutez : c'est la cata.
Visiblement, sur fr:, on ne semble pas considérer les œuvres d'art comme sujets à part entière. Les artistes, oui, certes ; leurs œuvres, non. Est-ce parce qu'on est un peu habitué à voir des artistes hanter les médias pour parler d'eux et pas de leur production ? Parce que l'œuvre nous semble annexe par rapport au nom de son créateur ? Ou simplement parce que l'art du siècle passé nous est tellement méconnu que nous ne pouvons citer aucun exemple, nous contentant de sortir des visages ? Toujours est-il que l'art contemporain est bien mal traité sur Wikipédia.
Du coup, je me suis mis en tête d'ébaucher chacune des 100 œuvres citées plus haut (je n'irai pas plus loin que l'ébauche, l'art n'étant pas ma spécialité). Tout est un peu à faire. Ici aussi, la peur du lien rouge sévit à fond : il me semble qu'aucun lien ne pointait vers les articles créés avant que je n'intervienne. Les listes d'œuvres d'un artiste, quand elles existent, sont incomplètes et insérées directement dans l'article principal sans aucune wikification (pour info, celles de De Chirico avant et après). La misère, je vous dis.
Et puis, quand on se penche un peu dessus, on sent que la question n'a jamais vraiment été abordée : les limites techniques sont nombreuses. L'infobox Art est sympathique, mais pas très vite limitée : que faire quand une sculpture est fondue à plusieurs exemplaires et qu'il est impossible de donner une seule localisation de l'œuvre, par exemple ? Et quand on aborde une série d'œuvres comme les Cathédrales de Rouen de Monet, doit-on créer un article pour chacune ? Quelle infobox utiliser ? Personne ne s'est visiblement interrogé sur le sujet. Ou alors je m'en fait trop, je ne sais pas.
D'un autre côté, c'est l'assurance d'avoir encore du boulot sur Wikipédia pendant quelques temps. C'est toujours ça de pris. Soyons optimiste.
PS : pendant que je créais de l'article, j'ai appris la mort de Georges Mathieu. Si vous être un français d'un certain âge, vous êtes déjà tombé sur l'une de ses œuvres, vu qu'il avait atteint un statut d'artiste quasi-officiel de la République française il y a une quarantaine d'années... Étonnant d'apprendre ça à ce moment là.
lundi 14 mai 2012
Créer du contenu sur Wikipédia
Ce blog parle essentiellement de Wikipédia parce que j'ai choisi de ne pas y raconter ma vie. Contrairement à ce que prétendent certaines personnes
Hier, je longeais la rue de la Liberté à Charenton afin de rejoindre le bois de Vincennes quand à un carrefour, j'ai aperçu la plaque ci-dessus, accrochée au mur à bonne hauteur. Une plaque de fonte bleutée indiquant ma présence sur un chemin vicinal ordinaire, dans le département de la Seine. Bref, ça ne semble pas dater d'hier. Je la prends en photo, en balançant des regards sombres aux habituels passants soupçonneux qui n'ont jamais vu un appareil photo de leur vie. Je continue mon chemin. Et après un moment, je rentre chez moi.
Je développe la pellicule dans mon labo photo personnel, transférant directement le négatif dans l'ordinateur grâce à mon bac photographique à port USB. Et puis je sais pas, c'est dimanche, les oiseaux chantent encore alors je balance l'image sur Commons. Ça ne sera pas la photo du siècle, ni même une FP, mais ça me fait plaisir.
Et puis comme c'est dimanche et que les oiseaux chantent encore, je dégaine mon Google et je cherche voir un peu ce que c'est que cette plaque en fonte bleutée. Je trouve assez vite la réponse : c'est une plaque de cocher, un modèle indicateur installé en France vers la fin du 19e siècle, en hauteur pour que les cavaliers puissent les lire. Visiblement, il s'agit d'un des premiers exemples de signalétique de distance jamais mis en place à l'échelle d'un pays. La France en a compté plusieurs milliers à l'aube de la Première Guerre mondiale. Michelin les a bien sûr rendu totalement obsolètes, mais on continue à en trouver un peu partout.
Fichtre, me dis-je à moi-même tout seul. Et Wikipédia n'en parle même pas ? C'est quoi cette histoire ? Constatant que la question est évacuée d'un bref paragraphe dans l'article « Cocher (hippomobile) », je ponds rapidement une ébauche sur le sujet. Puis je crée la catégorie équivalente sur Commons et y rapatrie rapidos une vingtaine de photos. Du travail bien fait.
Une excellente façon de conclure le week-end, quoi.
dimanche 29 avril 2012
Licence ouverte
Le problème avec la liberté c'est que les gens l'utilisent alors qu'on pensait juste leur refiler les restes.
En France, on a des régions, des départements, des arrondissements, des cantons et des communes. Beaucoup de communes. Genre, des tonnes. Plus de 36 000, même. Du coup, le pays possède un maillage assez fin de son territoire au niveau communal.Jusqu'à pas très longtemps, sur Commons, le département était ce qu'on avait de mieux comme découpage pour les cartes. Impossible de descendre plus bas : j'ai longtemps cherché un moyen de produire des cartes communales avant de me résigner. Trop de boulot à faire à la main et les données existantes ne pouvaient pas être utilisées pour les projets Wikimedia. Oh, bien entendu, l'IGN avait ces données, mais il ne les filait pas comme ça (j'imagine qu'il n'en avait de toute façon pas le droit).
Et puis la vague de l'open data est arrivée dans le pays. La semaine dernière, à l'approche des élections présidentielles, je me suis souvenu que ça serait vachement cool d'avoir des cartes permettant d'afficher les résultats par commune. Alors, j'ai tripoté un peu mon Google sans trop rien en attendre, arrivant comme prévu sur la page « GEOFLA » de l'IGN. Sauf que là, je vois que le texte a changé. Désormais, un gros logo « Licence ouverte » est affiché, avec la mention suivante : « La réutilisation de GEOFLA® est gratuite pour tous les usages, y compris commerciaux, selon les termes de la "licence ouverte" version 1.0. ».
Woah.
Je te télécharge tout ça, tente de comprendre le format shapefile, finis par télécharger le logiciel Shp 2 KML, convertis les données dans un format KML que je peux comprendre, trafique le tout à grands coups de regex dans ta face. Quelques boucles Perl plus loin, j'ai généré une centaine de fichiers SVG, décrivant chacun la division d'un département en communes. J'uploade le tout sur Commons et tout le monde est content.
Une fois l'élection passée, il me suffit d'avoir les résultats par commune, de les combiner avec une carte de France et hop ! voilà l'image tout en haut de ce billet. L'open data, quand on a les données, c'est tout simple.
lundi 16 avril 2012
Cheminées, moulins et toutes ces sortes de choses
Sur Internet, on trouve des passionnés pour tous les sujets. Il n'y a pas longtemps, je suis tombé sur la Commission française pour la protection du patrimoine historique et rural (contrairement à ce que son titre laisse entendre, c'est juste une assoce, hein). On y trouve des listes de petit patrimoine : des décrottoirs, des bornes, des lanternes des morts... En tombant sur les cheminées géodésiques, je me suis dit que ça serait un bon sujet d'articles pour Wikipédia. Du coup, je l'ai créé. Et puis Herr Satz est venu rajouter la liste de ces cheminées en France (comme ce sont des repères géodésiques, on pourrait géolocaliser au centimètre près : ça doit être la liste la plus précise de Wikipédia). Et puis Jack ma est passé clarifier l'utilisation de ces bidules. Un bon travail d'équipe, sans que personne ne se concerte ni ne planifie rien. Le pur wikidream, quoi.
Hier, je me suis mis en tête de pondre la liste des moulins à marée de France. Comme je sais qu'il en existe un bon paquet sur la côte atlantique, j'en avais un peu marre qu'on cite toujours les mêmes deux-trois exemples... En fouillant un peu, j'en ai listé 71, tous bien géolocalisés. Reste plus qu'à prendre des photos.
La morale de cette histoire, c'est qu'on trouve bien une foultitude de sites de passionnés, mais qu'ils sont vraiment tous mal foutus : navigation difficile, infos éparpillées et j'en passe. Le pire, c'est généralement l'absence complète de localisation précise (va-t-en retrouver un p'tit monument quand on te file juste le nom de la commune...)
Sur Wikipédia, les listes (triables) ont été créées en quelques minutes, les coordonnées précises rajoutées au fil de l'eau, les images récupérées sur Commons. La présentation est claire, les infos sont accessibles. Il faudrait réussir à convaincre tous ces sites éparpillés que Wikipédia et Commons pourraient grandement leur simplifier le boulot, tout en multipliant leur visibilité...
Bon, la prochaine fois, j'essaye de faire un truc avec les moulins à vent ou les pompes Dragor. Don Quichotte et les Shadoks, c'est approprié, non ?
mercredi 4 avril 2012
Provins
Il y a une dizaine de jours, une demi-douzaine de Wikipédiens se sont retrouvés à Provins. Le but : prendre des photos. D'un peu tout. Oh, l'idée de base, c'était de prendre les monuments historiques du coin, alors on avait sorti une carte et tout. Mais ça, c'est un peu le prétexte à la balade.
Globalement, c'était sympa. Il a fait un temps magnifique, la ville est plutôt chouette et la catégorie dédiée compte déjà plus de 400 photos.
Par contre, la prochaine fois, il faudra peut-être s'organiser un peu mieux. Parce que sinon, on se retrouve avec ce genre d'uploads :
Globalement, c'était sympa. Il a fait un temps magnifique, la ville est plutôt chouette et la catégorie dédiée compte déjà plus de 400 photos.
Par contre, la prochaine fois, il faudra peut-être s'organiser un peu mieux. Parce que sinon, on se retrouve avec ce genre d'uploads :
samedi 25 février 2012
Citoyenneté numérique (la vraie)
J'avoue, sur Wikipédia, on associe souvent mon nom à des tas de trucs géographiques un peu bizarres comme les frontières, les tripoints ou les points extrêmes. Et aux listes, aussi. Je ne vais pas nier, ça serait inutile. On a tous sa marotte, après tout.
Un beau jour de juin 2005, j'ai créé la liste des départements français classés par altitude. Je ne sais plus trop quel était l'argument derrière, mais je crois me souvenir d'une période très ennuyeuse au boulot, juste avant les départs en vacances. J'avais probablement été inspiré par la list of U.S. states by elevation d'en:. Et puis il existe des sites spécialisés dans ce genre de trucs, comme Peakbagger.
Il y a deux jours, El Caro lance sur Twitter : « cette carte me fait penser à Poulpy. » Cette carte, c'était la « Carte comparative des principales altitudes de la France par département », par Hippolyte Malègue (1897), disponible sur Gallica. Un bonheur kitsch pur jus 3e République, le genre de truc qu'on exposait dans les salles de classes afin d'édifier les foules et de souder la Nation en vue de foutre la pâté aux Boches. L'équivalent des infographies qu'on voit passer un peu partout, mais dessiné à la main avec amour. Ce document présente une sorte de coupe schématique de chaque département métropolitain de l'époque, avec les points culminants, les altitudes des grandes villes et le niveau le plus bas. C'est mignon et plutôt bien foutu. Et donc, oui, ça fait penser à moi (et si monsieur Malègue, en 1897, a jugé bon de sortir cette carte, vous serez bien gentils à l'avenir d'arrêter de faire les malins en prétendant que j'ai des idées débiles qui n'intéressent personne).
Bon. Le Malègue, il est mort en 1901. La carte, ça fait donc un paquet d'années qu'elle est dans le domaine public. Là, je me dis : ça serait cool de mettre ça sur Commons, quoi. Et puis alors je constate que je ne sais pas trop comment transférer un docu de Gallica sur Commons, mais Pyb me dit : « viens ce soir, on va picoler avec d'autres Wikipédiens, je t'expliquerai. » Mais ce soir là, faut avouer qu'on a surtout picolé et pas trop parlé du transfert. On a mangé des pizzas, aussi. C'était bon mais un peu trop copieux. Et puis je suis tombé sur un truc bizarre rue Saint-Maur en rentrant alors j'ai édité plus tard l'article sur la rue Saint-Maur, qui était vraiment en déshérance.
Le lendemain, Pyb m'a filé l'url du script pour le transfert. C'était en Python, alors j'ai installé Python sur ma machine. Et puis j'ai installé une extension pour avoir une interface graphique. Et puis j'ai installé une extension pour télécharger des extensions. Et puis j'ai téléchargé ensuite cinq ou six packages pour résoudre les dépendances. Et puis au 100e message d'erreur, j'en ai eu marre d'avoir encore à faire de la divination dans les fichiers de configs alors que les années 2010 sont déjà avancées (surtout que ça me rappelle le boulot ; sauf qu'au boulot, je suis payé pour, alors je fais avec). Donc j'ai dit : « ¡Ya basta! Je vais le faire moi-même tout seul ». Alors je l'ai fait moi-même tout seul.
Non, parce que Gallica, y sont bien gentils, mais ils refusent obstinément de fournir leurs documents scannés autrement qu'en format timbre poste. Oh, bien sûr, il existe toute une machinerie compliquée pour zoomer sur le document, à base de Flash et d'ergonomie pourrie, mais il semble que Monsieur Gallica n'ait pas véritablement pigé le concept du domaine public (ou de la bibliothèque, ou de l'accès à la culture, ou du service public, ou de tout un tas de choses qu'on va vous bassiner les oreilles en France avec jusque debut mai sans jamais y croire un instant, parce qu'un citoyen n'est jamais qu'un blaireau muni du droit de vote). Donc au lieu de télécharger le document chez moi et d'en faire ce que je veux (puisque j'ai le droit inaliénable d'en faire ce que je veux, y compris de l'imprimer en A3, de le rouler et de me le fourrer dans le cul), je suis contraint de passer par une interface à la con même pas pratique. Si je veux avoir accès à la version grand format de ce document (dans le domaine public, est-ce que je l'ai déjà précisé ?), la Bibliothèque nationale de France (un service public à vocation culturelle, est-ce que je l'ai déjà précisé ?) m'insulte carrément en me fournissant un formulaire à remplir pour que, moyennant finances, je puisse mettre la main dessus. Au bout d'un certain temps. On verra. Si on veut bien.
Là, j'avoue, j'ai pris ça comme un défi.
Tout d'abord, j'ai lancé le live de Byetone à la Gaîté Lyrique, car ce genre de choses doit s'effectuer en musique (c'était la soirée annniversaire de Raster-Noton, l'un des labels musicaux les plus importants des 15 dernières années). Puis, ayant constaté que lorsque le zoom maximal était enclenché, les images formaient une mosaïque avec un codage séquentiel du type « btv1b8441601z.f1&l=6&r=X*256,Y*256,256,256 », j'ai lancé mon Perl et codé une moulinette de quelques lignes. 10 minutes plus tard, je me retrouvais avec 1 376 morceaux de cartes qu'il suffisait de réassembler. Facile.
Le réassemblage. J'ai bien cherché, mais je n'ai pas trouvé de logiciel qui faisait ça. Oh, je ne doute pas que ça existe, bien sûr, mais comme j'étais un peu énervé (surtout après avoir headbangué tout seul devant mon écran tandis que les fichiers se téléchargaient), je suis allé me faire une tisane aux fruits rouges. J'ai tout une boîte de sachets de tisane aux fruits rouges que ma colocataire a ramené un jour de je-ne-sais-où et que j'espère finir avant 2015 (si vous voulez la tester, venez chez moi, on parlera et je vous montrerai ma collection de Rubik's Cubes). Forcément, j'en ai eu marre de chercher et je me suis décidé à le faire également moi-même. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? J'ai donc tout converti en fichiers TGA non compressés, histoire de ne pas m'emmerder avec des encodages superfétatoires et j'ai pondu une deuxième moulinette en C pour générer un fichier complet. Et j'ai chargé le résultat final sur Commons, avec les modèles qui allaient bien. Et j'ai utilisé l'image sur Wikipédia pour finir. Victoire était mienne.
Cette histoire a une double morale. La première, c'est que les services publics ne le sont pas une seule seconde, même (surtout ?) quand ils prétendent être au service du peuple. Gallica, sache que ce soir là, j'ai vu en toi un ennemi qui me refusait l'accès à ce qui n'est rien d'autre que mon propre bien. Je t'aime bien et tout, tu possèdes tout un tas de documents super utiles, mais tu ne réponds pas aux exigences les plus élémentaires du service public : être au service du public. Et ne va pas prétendre le contraire, mon expérience d'hier soir est assez explicite sur ce point.
La deuxième morale : j'ai effectué toutes ces manipulations parce qu'elles sont aussi naturelles pour moi que d'aller faire des courses à la superette du coin. Elles forment la base de mon boulot, à tel point que personne ne se demande si je les possède. Savoir pondre une moulinette, c'est aussi évident que de taper au clavier. Et là, je pense à pas mal de trucs qui sont revenus ces derniers temps : oui, la citoyenneté contemporaine, ça passe par la maitrise des outils informatiques. Ce que j'ai fait, c'est du pur hacking. J'ai utilisé mes connaissances dans un sens imprévu afin de reconquérir ce qui m'était justement dû. Sérieusement, vous trouvez ça normal ?
Les enfants, faites comme moi : prenez des ordinateurs quand vous êtes jeunes, faites n'importe quoi avec et amusez-vous. Même si vous ne terminez pas dans un boulot informatique pur et dur, vous saurez quoi faire si the Man tente de vous opprimer. C'est comme le bricolage : vous savez planter un clou, trouer un mur à la perceuse, changer une vitre ? Vous devriez également savoir créer une moulinette pour récupérer des images. Votre futur est à ce prix, et je ne pense même pas exagérer en écrivant ça.
Un beau jour de juin 2005, j'ai créé la liste des départements français classés par altitude. Je ne sais plus trop quel était l'argument derrière, mais je crois me souvenir d'une période très ennuyeuse au boulot, juste avant les départs en vacances. J'avais probablement été inspiré par la list of U.S. states by elevation d'en:. Et puis il existe des sites spécialisés dans ce genre de trucs, comme Peakbagger.
Il y a deux jours, El Caro lance sur Twitter : « cette carte me fait penser à Poulpy. » Cette carte, c'était la « Carte comparative des principales altitudes de la France par département », par Hippolyte Malègue (1897), disponible sur Gallica. Un bonheur kitsch pur jus 3e République, le genre de truc qu'on exposait dans les salles de classes afin d'édifier les foules et de souder la Nation en vue de foutre la pâté aux Boches. L'équivalent des infographies qu'on voit passer un peu partout, mais dessiné à la main avec amour. Ce document présente une sorte de coupe schématique de chaque département métropolitain de l'époque, avec les points culminants, les altitudes des grandes villes et le niveau le plus bas. C'est mignon et plutôt bien foutu. Et donc, oui, ça fait penser à moi (et si monsieur Malègue, en 1897, a jugé bon de sortir cette carte, vous serez bien gentils à l'avenir d'arrêter de faire les malins en prétendant que j'ai des idées débiles qui n'intéressent personne).
Bon. Le Malègue, il est mort en 1901. La carte, ça fait donc un paquet d'années qu'elle est dans le domaine public. Là, je me dis : ça serait cool de mettre ça sur Commons, quoi. Et puis alors je constate que je ne sais pas trop comment transférer un docu de Gallica sur Commons, mais Pyb me dit : « viens ce soir, on va picoler avec d'autres Wikipédiens, je t'expliquerai. » Mais ce soir là, faut avouer qu'on a surtout picolé et pas trop parlé du transfert. On a mangé des pizzas, aussi. C'était bon mais un peu trop copieux. Et puis je suis tombé sur un truc bizarre rue Saint-Maur en rentrant alors j'ai édité plus tard l'article sur la rue Saint-Maur, qui était vraiment en déshérance.
Le lendemain, Pyb m'a filé l'url du script pour le transfert. C'était en Python, alors j'ai installé Python sur ma machine. Et puis j'ai installé une extension pour avoir une interface graphique. Et puis j'ai installé une extension pour télécharger des extensions. Et puis j'ai téléchargé ensuite cinq ou six packages pour résoudre les dépendances. Et puis au 100e message d'erreur, j'en ai eu marre d'avoir encore à faire de la divination dans les fichiers de configs alors que les années 2010 sont déjà avancées (surtout que ça me rappelle le boulot ; sauf qu'au boulot, je suis payé pour, alors je fais avec). Donc j'ai dit : « ¡Ya basta! Je vais le faire moi-même tout seul ». Alors je l'ai fait moi-même tout seul.
Non, parce que Gallica, y sont bien gentils, mais ils refusent obstinément de fournir leurs documents scannés autrement qu'en format timbre poste. Oh, bien sûr, il existe toute une machinerie compliquée pour zoomer sur le document, à base de Flash et d'ergonomie pourrie, mais il semble que Monsieur Gallica n'ait pas véritablement pigé le concept du domaine public (ou de la bibliothèque, ou de l'accès à la culture, ou du service public, ou de tout un tas de choses qu'on va vous bassiner les oreilles en France avec jusque debut mai sans jamais y croire un instant, parce qu'un citoyen n'est jamais qu'un blaireau muni du droit de vote). Donc au lieu de télécharger le document chez moi et d'en faire ce que je veux (puisque j'ai le droit inaliénable d'en faire ce que je veux, y compris de l'imprimer en A3, de le rouler et de me le fourrer dans le cul), je suis contraint de passer par une interface à la con même pas pratique. Si je veux avoir accès à la version grand format de ce document (dans le domaine public, est-ce que je l'ai déjà précisé ?), la Bibliothèque nationale de France (un service public à vocation culturelle, est-ce que je l'ai déjà précisé ?) m'insulte carrément en me fournissant un formulaire à remplir pour que, moyennant finances, je puisse mettre la main dessus. Au bout d'un certain temps. On verra. Si on veut bien.
Là, j'avoue, j'ai pris ça comme un défi.
Tout d'abord, j'ai lancé le live de Byetone à la Gaîté Lyrique, car ce genre de choses doit s'effectuer en musique (c'était la soirée annniversaire de Raster-Noton, l'un des labels musicaux les plus importants des 15 dernières années). Puis, ayant constaté que lorsque le zoom maximal était enclenché, les images formaient une mosaïque avec un codage séquentiel du type « btv1b8441601z.f1&l=6&r=X*256,Y*256,256,256 », j'ai lancé mon Perl et codé une moulinette de quelques lignes. 10 minutes plus tard, je me retrouvais avec 1 376 morceaux de cartes qu'il suffisait de réassembler. Facile.
Le réassemblage. J'ai bien cherché, mais je n'ai pas trouvé de logiciel qui faisait ça. Oh, je ne doute pas que ça existe, bien sûr, mais comme j'étais un peu énervé (surtout après avoir headbangué tout seul devant mon écran tandis que les fichiers se téléchargaient), je suis allé me faire une tisane aux fruits rouges. J'ai tout une boîte de sachets de tisane aux fruits rouges que ma colocataire a ramené un jour de je-ne-sais-où et que j'espère finir avant 2015 (si vous voulez la tester, venez chez moi, on parlera et je vous montrerai ma collection de Rubik's Cubes). Forcément, j'en ai eu marre de chercher et je me suis décidé à le faire également moi-même. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? J'ai donc tout converti en fichiers TGA non compressés, histoire de ne pas m'emmerder avec des encodages superfétatoires et j'ai pondu une deuxième moulinette en C pour générer un fichier complet. Et j'ai chargé le résultat final sur Commons, avec les modèles qui allaient bien. Et j'ai utilisé l'image sur Wikipédia pour finir. Victoire était mienne.
Cette histoire a une double morale. La première, c'est que les services publics ne le sont pas une seule seconde, même (surtout ?) quand ils prétendent être au service du peuple. Gallica, sache que ce soir là, j'ai vu en toi un ennemi qui me refusait l'accès à ce qui n'est rien d'autre que mon propre bien. Je t'aime bien et tout, tu possèdes tout un tas de documents super utiles, mais tu ne réponds pas aux exigences les plus élémentaires du service public : être au service du public. Et ne va pas prétendre le contraire, mon expérience d'hier soir est assez explicite sur ce point.
La deuxième morale : j'ai effectué toutes ces manipulations parce qu'elles sont aussi naturelles pour moi que d'aller faire des courses à la superette du coin. Elles forment la base de mon boulot, à tel point que personne ne se demande si je les possède. Savoir pondre une moulinette, c'est aussi évident que de taper au clavier. Et là, je pense à pas mal de trucs qui sont revenus ces derniers temps : oui, la citoyenneté contemporaine, ça passe par la maitrise des outils informatiques. Ce que j'ai fait, c'est du pur hacking. J'ai utilisé mes connaissances dans un sens imprévu afin de reconquérir ce qui m'était justement dû. Sérieusement, vous trouvez ça normal ?
Les enfants, faites comme moi : prenez des ordinateurs quand vous êtes jeunes, faites n'importe quoi avec et amusez-vous. Même si vous ne terminez pas dans un boulot informatique pur et dur, vous saurez quoi faire si the Man tente de vous opprimer. C'est comme le bricolage : vous savez planter un clou, trouer un mur à la perceuse, changer une vitre ? Vous devriez également savoir créer une moulinette pour récupérer des images. Votre futur est à ce prix, et je ne pense même pas exagérer en écrivant ça.
mardi 24 janvier 2012
Rêves anarchiques
Dans la communauté wikimédienne, tout le monde a déjà parlé de SOPA ou de la remise sous copyright d'œuvres du domaine public (un pur scandale, ce truc là : si le domaine public est une propriété commune, n'est-ce pas un vol pur et simple ?) et en mieux que je ne peux le faire. Alors je vais parler d'autre chose, forcément.
J'ai vu passer ça hier soir sur Twitter : Koregos. Une encyclopédie dédiée aux Arts, créée par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Textes volontairement pointus, signés et validés par un comité de lecture : la routine. La comparaison avec Wikipédia est inévitable : Le Vif le dit d'entrée : "Vous cherchez une doc sérieuse et gratuite sur les haïkus, la statuaire primitive ou l'orientalisme ? Oubliez Wikipédia." La Libre Belgique définit carrément le site ainsi : "Koregos, le Wikipédia qualitatif". Deux exemples, deux comparaisons en creux : Wikipédia, en gros, c'est pour les p'tits rigolos.
Bon, ce n'est pas la première fois qu'on nous sort ça. Des sites qui devaient révolutionner l'approche encyclopédique et corriger les erreurs de Wikipédia, on en a eu des tonnes. Parfois, ces sites n'étaient qu'une tentative de surfer sur la hype (vous vous souvenez de Larousse ?) ; d'autres fois, ce n'étaient juste que des portails spécifiques, ce qui est éventuellement très bien mais qui n'a pas grand chose à voir avec Wikipédia. C'est peut-être le cas de Koregos, je n'en sais rien. Si ça se trouve, c'est un excellent outil.
Une constante : Wikipédia n'est jamais présentée comme un modèle, toujours une anomalie. Le processus colaboratif n'est pas perçu comme une méthode viable, mais comme le chaos. Les contributeurs de Wikipédia ne sont jamais des types sérieux qui maitrisent leur sujet, mais des amateurs un peu dingues et vaguement immatures. Bref : le modèle wikipédien est erroné. Il n'existe que parce que les gens importants n'ont pas encore eu le temps de se pencher sur la question. Mais quand ils vont le faire, ça va poutrer sa culture !
Déprimant.
Oh, ce n'est pas l'accusation d'amateurisme qui est déprimante (après tout, c'est exact). Ce n'est pas non plus le vague sourire de commisération qu'on perçoit au détour de ces textes (haussons les épaules, c'est plus simple). Ce qui est déprimant, c'est cette incompréhension profonde de ce que signifie Wikipédia. Wikipédia, ce sont des types qui réalisent quelque chose juste en bossant ensemble. Wikipédia, c'est faire confiance aux gens. Wikipédia, c'est une technique simple qui fonctionne et on laisse les utilisateurs faire le reste. Wikipédia, ce n'est pas un comité qui décide des actions du jour. Wikipédia, c'est tout le monde qui se prend en main. Wikipédia, c'est la pensée positive du mec qui décide d'améliorer ce qui ne lui convient pas plutôt que de râler. Wikipédia, c'est l'idée incroyable que, oui, au fond, tout le monde est un être humain qui peut participer comme les autres. Wikipédia, c'est la liberté, la vraie, pas le concept théorique qu'on définit en le rabiotant de tous côtés. C'est vrai, Wikipédia a des tonnes de problèmes : la qualité est inégale, on y trouve de vraies pures conneries, les engueulades y sont parfois à se flinguer. Et alors ? Vous croyez que personne n'a jamais remarqué ça et n'essaye de corriger le tir ? Vous pensez vraiment que la meilleure chose à faire, c'est de balancer tout le système à la poubelle et de faire strictement l'inverse ?
Pour moi, Wikipédia est la preuve que si on a les moyens technologiques adéquats, on peut parfaitement laisser tout le monde décider selon ses capacités et ses désirs. C'est une pensée rassurante : toute la hiérarchie pesante des mecs qui décident pour vous, ce n'est pas une fatalité. Venez vous frotter un peu au projet : quand on tentera de vous voler vos droits, quand des types en costard viendront vous dire qu'ils savent mieux que vous ce qui est bon et bien, vous saurez un peu mieux si vous pouvez être d'accord ou au contraire leur faire un bras d'honneur.
J'ai vu passer ça hier soir sur Twitter : Koregos. Une encyclopédie dédiée aux Arts, créée par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Textes volontairement pointus, signés et validés par un comité de lecture : la routine. La comparaison avec Wikipédia est inévitable : Le Vif le dit d'entrée : "Vous cherchez une doc sérieuse et gratuite sur les haïkus, la statuaire primitive ou l'orientalisme ? Oubliez Wikipédia." La Libre Belgique définit carrément le site ainsi : "Koregos, le Wikipédia qualitatif". Deux exemples, deux comparaisons en creux : Wikipédia, en gros, c'est pour les p'tits rigolos.
Bon, ce n'est pas la première fois qu'on nous sort ça. Des sites qui devaient révolutionner l'approche encyclopédique et corriger les erreurs de Wikipédia, on en a eu des tonnes. Parfois, ces sites n'étaient qu'une tentative de surfer sur la hype (vous vous souvenez de Larousse ?) ; d'autres fois, ce n'étaient juste que des portails spécifiques, ce qui est éventuellement très bien mais qui n'a pas grand chose à voir avec Wikipédia. C'est peut-être le cas de Koregos, je n'en sais rien. Si ça se trouve, c'est un excellent outil.
Une constante : Wikipédia n'est jamais présentée comme un modèle, toujours une anomalie. Le processus colaboratif n'est pas perçu comme une méthode viable, mais comme le chaos. Les contributeurs de Wikipédia ne sont jamais des types sérieux qui maitrisent leur sujet, mais des amateurs un peu dingues et vaguement immatures. Bref : le modèle wikipédien est erroné. Il n'existe que parce que les gens importants n'ont pas encore eu le temps de se pencher sur la question. Mais quand ils vont le faire, ça va poutrer sa culture !
Déprimant.
Oh, ce n'est pas l'accusation d'amateurisme qui est déprimante (après tout, c'est exact). Ce n'est pas non plus le vague sourire de commisération qu'on perçoit au détour de ces textes (haussons les épaules, c'est plus simple). Ce qui est déprimant, c'est cette incompréhension profonde de ce que signifie Wikipédia. Wikipédia, ce sont des types qui réalisent quelque chose juste en bossant ensemble. Wikipédia, c'est faire confiance aux gens. Wikipédia, c'est une technique simple qui fonctionne et on laisse les utilisateurs faire le reste. Wikipédia, ce n'est pas un comité qui décide des actions du jour. Wikipédia, c'est tout le monde qui se prend en main. Wikipédia, c'est la pensée positive du mec qui décide d'améliorer ce qui ne lui convient pas plutôt que de râler. Wikipédia, c'est l'idée incroyable que, oui, au fond, tout le monde est un être humain qui peut participer comme les autres. Wikipédia, c'est la liberté, la vraie, pas le concept théorique qu'on définit en le rabiotant de tous côtés. C'est vrai, Wikipédia a des tonnes de problèmes : la qualité est inégale, on y trouve de vraies pures conneries, les engueulades y sont parfois à se flinguer. Et alors ? Vous croyez que personne n'a jamais remarqué ça et n'essaye de corriger le tir ? Vous pensez vraiment que la meilleure chose à faire, c'est de balancer tout le système à la poubelle et de faire strictement l'inverse ?
Pour moi, Wikipédia est la preuve que si on a les moyens technologiques adéquats, on peut parfaitement laisser tout le monde décider selon ses capacités et ses désirs. C'est une pensée rassurante : toute la hiérarchie pesante des mecs qui décident pour vous, ce n'est pas une fatalité. Venez vous frotter un peu au projet : quand on tentera de vous voler vos droits, quand des types en costard viendront vous dire qu'ils savent mieux que vous ce qui est bon et bien, vous saurez un peu mieux si vous pouvez être d'accord ou au contraire leur faire un bras d'honneur.
lundi 2 janvier 2012
2011 est mort, vive la mort
2011 s'est éteint seul, dans son appartement. L'enterrement s'est tenu dans le strict cercle familial. Ni fleurs, ni couronnes.
Rétrospectivement, je n'ai quasiment rien foutu sur Wikipédia en 2011. Oh, bien sûr, j'ai créé de la coquille vide à la pelle et merci Coyau de m'avoir parlé d'AutoWikiBrowser. Les gens en ont l'air satisfait, c'est chouette. (Bien sûr, je me prends des menaces de mort dès que je ponds plus de cent articles d'un coup, la dernière fois pas plus tard qu'hier ; bonne année. Mais c'est somme toute marginal.)
J'ai quand même l'impression que je n'ai pas été très impliqué, que tout s'est fait sans moi. Si j'avais été impliqué, c'est 100 000 articles que j'aurais rajoutés, pas 10 000. Et ils auraient été plus longs.
Non, rien à redire : 2011 fut une mauvaise année pour moi.
Rétrospectivement, je n'ai quasiment rien foutu sur Wikipédia en 2011. Oh, bien sûr, j'ai créé de la coquille vide à la pelle et merci Coyau de m'avoir parlé d'AutoWikiBrowser. Les gens en ont l'air satisfait, c'est chouette. (Bien sûr, je me prends des menaces de mort dès que je ponds plus de cent articles d'un coup, la dernière fois pas plus tard qu'hier ; bonne année. Mais c'est somme toute marginal.)
J'ai quand même l'impression que je n'ai pas été très impliqué, que tout s'est fait sans moi. Si j'avais été impliqué, c'est 100 000 articles que j'aurais rajoutés, pas 10 000. Et ils auraient été plus longs.
Non, rien à redire : 2011 fut une mauvaise année pour moi.
Inscription à :
Articles (Atom)